"Mon challenge est de faire baisser le niveau de prévalence
du Sida au Sénégal. Je serai plus agressif en matière de prévention
des maladies, sans négliger le curatif. D'ailleurs, nous sommes
en train de relever les plateaux techniques dans les différentes
structures de santé au niveau départemental comme régional". C'est,
en effet, un ministre, posé et très résolu qui s'exprimait à la
suite d'une réunion de haut niveau, co-organisée par l'OMS et la
Banque mondiale, les 8 et 9 janvier à Genève, autour des objectifs
du millénaire (ODM) en matière de santé.
189 pays s'étaient engagés, au Sommet du Millénaire de l'Organisation
des Nations Unies, tenu en septembre 2000, à atteindre des cibles
ambitieuses pour améliorer la santé et le bien-être de centaines
de millions de personnes dans les pays en développement d'ici à
2015. Quatre des objectifs concernent la santé : réduire des trois
quarts la mortalité de la mère et des deux tiers la mortalité de
l'enfant, réduire de moitié la proportion des gens qui souffrent
de la faim, combattre le VIH/SIDA, le paludisme et les autres maladies
infectieuses, et améliorer l'accès à l'eau potable et aux médicaments
essentiels. " Lorsqu'on fixe ce genre de cibles, on peut penser
d'abord qu'il est trop tôt pour prendre des mesures d'urgence; puis,
brusquement, après quelques années, cela semble déjà trop tard.
Et quand les cibles sont le fruit d'un large consensus, il existe
également le risque de voir chacun attendre que le voisin fasse
le premier pas. Nous avons encore le temps d'éviter ces pièges pour
les cibles de 2015, mais pour y parvenir, nous devons agir maintenant
", a averti M. Lee, directeur général de l'OMS.
Des représentants des pays concernés, des organismes de développement
et des organisations du système des Nations Unies se sont donc réunis
pour faire le point des progrès accomplis jusqu'ici en vue d'atteindre
les objectifs fixés. Issa Mbaye Samb, ministre de la Santé du Sénégal,
a représenté son pays à cette importante rencontre, appuyé par des
experts du ministère de l'Economie et des Finances, et de la Mission
diplomatique auprès de l'ONU à Genève. Le ministre sait que les
choses ne sont pas faciles. Mais il ne se fait aucun complexe, car
il reconnaît la valeur du professeur Awa Coll Seck, son prédécesseur,
et s'engage à consolider ses acquis, mais sera plus agressif en
matière de prévention des maladies, comme l'y invite le président
de la République. Pour cela, compte-t-il, et toujours dans l'esprit
des ODM et des directives de Me Wade, rapprocher les structures
sanitaires des populations, lutter contre la mortalité infantile
et néo-natale, diminuer le taux des malades dans les hôpitaux, assurer
une meilleure motivation des agents de santé par des actions incitatives…
Faire de son mieux pour que les Sénégalais aient
une santé de fer d'abord, et les soigner quand ils en ont besoin.
Le Sénégal accuse un déficit de 3000 agents de santé publique,
le Gouvernement a consenti des efforts pour recruter 700 agents
dans le cadre du recrutement général de 5.000 fonctionnaires de
la Fonction publique par année. Projet piloté par le ministre du
travail et avalisé par la Banque mondiale. Le ministre Issa Mbaye
Samb a annoncé que le Sénégal consacre déjà 9,5% de son budget annuel
pour le secteur de la santé, avec comme objectif d'atteindre les
15%. De 35 milliards, l'année dernière, le budget de la santé est
passé, en 2004, à 38 milliards de FCFA. Concernant la lutte contre
le VIH/SIDA et les autres maladies transmissibles, de l'éducation
et l'accès à l'eau potable, on considère, au terme du rapport sur
le suivi des ODM, que la réalisation des objectifs est à portée
du Sénégal d'ici à 2015. Mais on note la nécessité de prendre des
actions vigoureuses pour arriver au même résultat dans d'autres
secteurs. C'est le cas de la lutte contre la pauvreté, mère de tous
les maux, de la réduction des mortalités maternelles et infantiles,
de la baisse de la malnutrition et du renversement de la tendance
à la dégradation de l'environnement. D'où la nécessité pour que
le Nord consente à respecter ses engagements pris à Monterrey et
à Johannesbourg pour aider les pays du Sud, comme le Sénégal, à
maintenir leurs performances et combler leur déficit. Mais, ils
pourront compter sur un avocat très sensible, M. James Wolfensohn,
président de la Banque mondiale, qui a averti : "Même la croissance
économique générale et des progrès plus rapides dans la réalisation
des ODM non sanitaires ne permettront pas à de nombreuses régions
d'atteindre une grande partie des ODM en matière de santé. Nous
devons envisager les mesures qui peuvent nous permettre d'atteindre
les ODM sanitaires, par exemple l'engagement de ressources accrues
et une utilisation plus efficace de ces ressources dans les pays.
L'harmonisation entre les donateurs pour ce qui est de la mobilisation
et de l'utilisation des ressources, le renforcement des ressources
humaines dans le secteur de la santé et l'amélioration de la surveillance
et de l'évaluation en mettant bien l'accent sur les pays et l'équité
joueront un rôle particulièrement important à cet égard."
EL HADJI GORGUI WADE NDOYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=33818&index__edition=10082
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