Difficile de trouver du personnel à affecter dans cette région
à 700 km de Dakar. Le dernier chirurgien en poste est parti et se
fait toujours attendre. Une situation intenable pour le directeur
de l'hôpital qui tire la sonnette d'alarme.
Wal Fadjri : L'hôpital régional traverse un
problème difficile lié au manque de personnel. Comment gérez-vous
la situation ?
Oumar Ba : Ce qui ne marche pas
à l'heure actuelle, ce sont les services de la pédiatrie, les consultations
externes et les urgences. Ces services ne fonctionnent pas faute
de personnel médical et paramédical. Au moment où je vous parle
nous avons tiré la sonnette d'alarme, signifié aux autorités que
le chirurgien contractuel est parti. Il m'a promis de revenir ;
il m'a même appelé de Dakar il y trois jours et on l'attend, mais
rien n'indique qu'il va revenir. Autre problème : le seul gynécologue,
contractuel lui aussi, termine son contrat en fin décembre et il
va quitter.
Wal Fadjri : On risque d'aller vers une situation
intenable ?
Oumar Ba : Nous serons dans les
cas de figure qui se dessinent confrontés à deux problèmes, celui
du chirurgien et du gynécologue. C'est une perspective inquiétante
quand on sait que la région de Kolda a le taux de mortalité maternelle
et infanto-juvénile le plus élevé. C'est vraiment un cri d'alarme
que j'adresse aux autorités.
Wal Fadjri : Comment faites-vous avec l'absence
de chirurgien à l'hôpital ?
Oumar Ba : Nous contournons la
difficulté grâce à l'antenne chirurgicale des militaires. Ces derniers
nous apportent une aide inestimable. N'eut été leur assistance,
la chirurgie et le bloc opératoire auraient fermé. Ils sont d'un
grand appoint à l'hôpital et je les en remercie au nom du ministère
de la Santé et de la Prévention.
Wal Fadjri : Si on vous laissait le choix du
personnel à affecter à Kolda, qui choisiriez-vous ?
Oumar Ba : Si on m'en donnait la
possibilité, je choisirais un chirurgien à temps plein. Car les
consultations externes sont fermées, les urgences ne fonctionnent
pas faute de personnel médical et paramédical.
Wal Fadjri : Qu'est-ce qui fait qu'on ne parvient
pas à fixer le personnel à Kolda ?
Oumar Ba : Les agents affectés
dans la région doivent être motivés. Il faut les motiver ! Nous
sommes à 700 km de Dakar. Un infirmier habitant à Dakar va certes
payer son logement, mais il gagne beaucoup avec les prestations
dans des cliniques privées.
Wal Fadjri : Avez-vous réfléchi à cette motivation
?
Oumar Ba : Nous avons demandé au
président du Conseil régional de trouver des logements aux agents.
Pour le reste, on va essayer de voir comment les motiver.
Wal Fadjri : Où en est le projet de construction
de logements pour le personnel médical ?
Oumar Ba : Ce projet est en cours.
Le chef du service administratif a été à Dakar où il a assisté au
dépouillement des offres. D'ici la fin du mois de décembre nous
devrions avoir une idée de la date de début des travaux.
Wal Fadjri : S'il y a quelque part où cela semble
bien aller, c'est au niveau de la banque de sang. Elle serait bien
fournie...
Oumar Ba : La banque de sang n'a
pas de problème, même si nous sommes confrontés à la difficulté
de trouver des donneurs. C'est une équation qui se pose partout
au Sénégal. Les gens ont peur de donner de leur sang parce qu'ils
ont peur de connaître leur statut sérologique. A Kolda, ce sont
les militaires qui nous permettent de contourner les difficultés.
Ils font de temps à temps des opérations pour renflouer notre banque
de sang. Sinon il y aurait eu beaucoup de problèmes. Encore une
fois, merci aux militaires. On a sensibilisé les populations sur
l'extrême importance du don de sang, mais les gens ont peur de passer
à l'acte.
Propos recueillis par Hamidou Sagna
Lire l'article original : http://www.walf.sn/societe/suite.php?rub=4&id_art=5904
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