Ils sont 547 dans le service de pédiatrie du CHU de Yopougon, centre
national accrédité de prise en charge des enfants infectés par le
vih, dont 300 sont gratuitement sous antirétroviraux grâce à la
subvention de l'Etat.
Environ 170 au Centre intégré de recherche bioclinique d'Abidjan
(CIRBA) ou Centre de la Fondation Luc Montagnier et de l'UNESCO
avec 60 enfants sous traitement antirétroviraux par la subvention
gouvernementale.
Ils sont 230 à être pris en charge totalement et à titre gracieux
pour toutes infections opportunistes par le Programme Enfant de
l'Agence nationale de recherche sur le sida de France (ANRS).
Ainsi peut se résumer la situation de prise en charge des enfants
infectés par le vih/sida en Côte d'Ivoire. Une situation qui ne
tient pas compte de ceux des enfants qui sont suivis dans des cliniques
ou ailleurs.
Dans le service de pédiatrie du CHU de Yopougon, qui abrite le
centre accrédité pour les enfants dont les activités sont coordonnées
par le docteur Fassinou Patricia, les enfants qui bénéficient de
la subvention gouvernementale sont pris en charge gratuitement depuis
la consultation, les différents bilans sanguins jusqu'à la distribution
des antirétroviraux. Mais pour les maladies opportunistes, la gratuité
n'est plus de mise. Les 60 enfants sous traitement antirétroviraux
au CIRBA, dans le cadre de la subvention ont les examens sanguins
gratuits, puisque les prélèvements sont acheminés au projet RETROCI
et les résultats attendus dans les cinq à six semaines qui suivent.
Mais précision du docteur Kouakou Kouadio, sous-directeur du CIRBA,
"si l'état de l'enfant ne permet pas d'attendre les cinq à six semaines,
le temps que les résultats soient connus et surtout si les parents
ne peuvent pas payer, alors l'examen peut-être fait sur place".
Dans ce cas malheureusement les examens sont payants. De plus, les
enfants sont soumis au paiement des frais de consultation d'un montant
de 5000 f. Pourquoi cette discrimination entre des bénéficiaires
de la même subvention ?
Le CIRBA, centre accrédité normalement pour la prise en charge
des adultes infectés par le vih et venant en appoint aux enfants
dont généralement les parents y sont suivis (un choix fait par les
patients), justifie ces paiements par son statut. En effet, c'est
un centre qui ne reçoit ni la subvention du gouvernement ivoirien,
ni celle de la Fondation Montagnier et qui doit par conséquent chercher
les moyens de sa survie.
Au CIRBA, les médicaments pour les infections opportunistes sont
payants pour les enfants bénéficiant de la subvention, tout comme
au CHU de Yopougon. Comme pour combler cette lacune, même si ce
n'est pas l'objectif, le Programme Enfant de l'ANRS basé au sein
de la formation sanitaire de Yopougon Attié dirigée par le Docteur
Philippe Mselatti, épidémiologiste et chercheur, offre gratuitement
le traitement des infections opportunistes à 230 enfants âgés de
18 mois à 17 ans.
Parmi eux, 140 font partie des 300 sous traitements antirétroviraux
dans le service de pédiatrie du CHU de Yopougon.
Que ce soit dans le service de pédiatrie du CHU de Yopougon où
les enfants suivis sont âgés de 0 à 17 ans ou au CIRBA où l'âge
est compris entre 0 et 15 ans, les difficultés liées au sida pédiatrique
sont les mêmes. Des particularités liées à la maladie, à son évolution,
à son mode de contamination et à l'observance. Les enfants suivis
dans ces structures ont été à 90% infectés par la voie materno-fœtale.
Ce qui crée deux types d'évolution de la maladie.
Le premier, constitué de ceux qui atteignent précocement la phase
sida maladie avant l'âge de deux ans et dont 90% décèdent avant
ou à l'âge de cinq ans. Il représente 30 à 40% du sida pédiatrique,
selon le docteur Fassinou.
Et le second groupe qui connaît une évolution lente de la maladie.
C'est heureusement 70% des cas du sida pédiatrique, et ces enfants
vivent après l'âge de 5 ans.
B. ZEGUELA
Pour briser le cycle de "la tuerie involontaire"
La prise de comprimés d'Azt par la femme enceinte à partir de la
36ème semaine ou le fait de lui administrer de la Névirapine (au
début et pendant le travail) et à son bébé à la naissance (sirop),
selon les protocoles en vigueur en Côte d'Ivoire, dans le cadre
de la PTME (Prévention de la Transmission mère-enfant du vih), permet
d'avoir des enfants non porteurs du virus de la mère. Mais la PTME
étant tout un processus qui se poursuit avec la pratique de l'alimentation
artificielle afin de garantir que le bébé ne chopera pas le virus
du sida dans le lait maternel, connaît pas mal de difficultés à
cette étape- là.
Les femmes acceptent souvent les boîtes de lait, les biberons et
autres casseroles offerts dans le cadre de ce programme de prévention,
mais n'en font pas souvent usage. Car une fois à la maison, l'entourage
comprend difficilement qu'une mère dont les seins sont pleins de
lait, donne du biberon à son nouveau-né.
Comment expliquer à tout ce monde que c'est pour éviter de contaminer
son bébé, qu'elle lui donne le biberon à elle offert gratuitement
?
Comment s'y prendre sans que les autres sachent qu'elle est séropositive
du vih… non plutôt "sidéenne" ?
C'est pour mettre fin à toute cette hypocrisie, pour aider les
femmes à éviter définitivement à leur bébé "d'attraper leur vih",
après y avoir échappé pendant la grossesse et l'accouchement, que
nous appelons de tous nos vœux ce vaccin.
Un vaccin en préparation par trois parties : les professeurs Luc
Montagnier avec la Fondation qui porte son nom, Robert Gallo avec
l'Institut de virologie de Baltimore, et Colizzi (coordonnateur
du projet), avec l'université de Rome.
Projet qui, il faut le souligner, est financé par le gouvernement
italien. Un gouvernement par ailleurs très impliqué dans la PTME
en Côte d'Ivoire. Où l'Italie finance la PTME dans les hôpitaux
d'Alépé et de Bonoua avec la collaboration du CIRBA, le centre Montagnier
pour les bilans sanguins et autres examens.
Le vaccin pédiatrique en question est déjà en expérimentation au
Cameroun et au Burkina Faso. L'essai devrait être mené en ce moment
même en Côte d'Ivoire comme dans les deux pays précités, n'eût été
la situation sociopolitique. Mais certainement que la visite de
Montagnier à l'invitation des autorités ivoiriennes permettra de
mettre le projet au goût du jour. Le vaccin pédiatrique en préparation
devra être administré aux nouveau-nés de mères séropositives. Protégeant
ainsi ces bébés de la contamination qui survient pendant la période
d'allaitement, surtout pendant les six premiers mois suivant l'accouchement.
Ainsi, il ne sera plus exigé une alimentation artificielle pour
sauver définitivement le nouveau-né d'une contamination de sa mère.
Dès lors, les femmes ne seront plus obligées de " tuer " leurs progénitures
en leur donnant le sein malgré elles à cause du qu'en dira-t-on
et de l'incompréhension de tous.
Prions maintenant que ce vaccin soit du vrai… que les essais qui
ne sont qu'en phase I (avec des sujets saints non infectés pour
juger de la toxicité). Reste encore deux étapes à franchir avec
la phase II (des personnes infectées pour la tolérance) et la phase
III (pour l'efficacité) pour que le vaccin soit. Croisons les doigts.
B. Z.
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=25451
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