Les grévistes n'ayant toujours pas repris du service, les quelques
soins dispensés actuellement au CHL le sont par des médecins et
quelques infirmiers dont des stagiaires. L'épreuve de force engagée
par les pouvoirs publics avec les membres du Syndicat national des
personnels de santé (Synaps), en grève depuis le 26 mai 2003, semble,
à l'heure actuelle, tourner à l'avantage des grévistes.
L'appel à la reprise lancé il y a deux semaines par le Premier
ministre, Jean-François Ntoutoume Emane, suivi, le 30 juin dernier
par les responsables des établissements sanitaires publics de Libreville
et d'Owendo, ne semble pas avoir été entendu par grand monde. En
effet, si les hôpitaux publics, à savoir le Centre hospitalier de
Libreville, les centres de santé ont effectivement rouvert leurs
portes, le personnel n'a pas suivi ce mouvement de décrispation
de l'atmosphère dans les unités sanitaires. Au point de s'interroger
sur la représentativité de l'Union des personnels de santé et assimilés
(UPSA), l'autre syndicat de la Santé, dont l'appel à la reprise
n'a pas suscite grand enthousiasme. A preuve, dans le plus grand
hôpital public du pays, le CHL, l'activité tourne au ralenti. Dans
les rares services ouverts comme la médecine "A", la cardiologie,
la neurologie, etc. où les patients ne manquent pas, les médecins
présents sont pénalisés par l'absence des infirmiers.
Aux Urgences, l'unique service du CHL qui enregistre une forte
affluence de malades, le service minimum maintenu ici permet de
prendre en charge certains cas jugés préoccupants. En l'absence
infirmières assermentées, la collaboration des stagiaires, encadrés
par deux infirmières majors, n'a jamais été aussi précieuse pour
la continuité des soins des malades gardés en observation.
SALLES VIDES
Selon un médecin de service hier, ce service minimum en vigueur
ne peut prendre en charge que des cas graves. Il n'est nullement
question d'hospitalisation si l'urgence n'est pas signalée. Conséquence:
les salles d'hospitalisation sont vides. Seule la traumatologie
compte encore huit malades, "internés avant la grève", précise un
médecin. La médecine "A" et "B", la gynécologie, la chirurgie sont
ouvertes mais sans malades. Les maternités restent hermétiquement
fermées. De même que les blocs opératoires. "Il faut des anesthésistes,
en amont, et le personnel chargé d'assurer les soins infirmiers,
en aval, pour que le chirurgien opère. Or, il n'y a pas de personnel.
Le médecin ne peut donc pas opérer si la continuité des soins ne
peut pas être assurée.
C'est dans l'intérêt du malade, car la chirurgie est très délicate",
explique une infirmière rencontrée dans les couloirs d'un service.
Nommée à un poste de responsabilité, cette dernière se doit d'être
à son poste de travail, bien que soutenant la position de ses collègues
en grève avec lesquels elle partage les mêmes difficultés. En effet,
elle affirme n'avoir bénéficié d'aucun avantage lié à sa profession
en 20 ans de service. "Ma situation n'a pas évolué et je pourrais
aller en retraite sans que cela ne change", a-t-elle lancé, avant
de réclamer que justice soit rendue aux personnels de santé. "Qu'un
geste soit fait en notre faveur", a dit cette blouse blanche. Un
geste qui viendra certainement du dialogue social que le président
de la République a demandé au gouvernement de rouvrir avec les grévistes.
Et en attendant cette échéance, les entrées sont désormais filtrées
au CHL. Au portail, un agent, vêtu d'une salopette bleue estampillée
"Agence de prestation des services et de locations" est chargé de
retenir les pièces d'identité des usagers qui veulent y accéder.
Ceux qui n'en ont pas sont proprement refoulés.
À la question de savoir pourquoi ce contrôle d'identité, l'agent
répond, laconiquement: "Allez demander au directeur général (du
CHL, Ndr) et au ministre de la Santé".
Journal l'Union Plus du 09/07/2003
Lire l'article original : http://www.internetgabon.com/gabon/actu/actu_09072003c.htm
|