Effectivement la direction régionale de la santé
du Sud-Bandama est de création récente. Cinq missions lui sont assignées
: la représentation technique du ministère de la Santé dans la région,
la promotion de la politique nationale de santé publique dans la
région, la coordination de la mise en œuvre de la politique de santé
dans la région, le contrôle et la supervision des activités sanitaires
dans la région et l'évaluation des activités sanitaires.
Fraternité Matin : Depuis
janvier 2004, vous êtes le premier directeur régional de la santé
du Sud-Bandama. Pouvez-vous nous dire les missions qui vous sont
assignées ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Effectivement la direction régionale de la santé du Sud-Bandama
est de création récente. Cinq missions lui sont assignées : la représentation
technique du ministère de la Santé dans la région, la promotion
de la politique nationale de santé publique dans la région, la coordination
de la mise en œuvre de la politique de santé dans la région, le
contrôle et la supervision des activités sanitaires dans la région
et l'évaluation des activités sanitaires.
Fraternité Matin : Comment
se présente la carte sanitaire de la région tant au niveau des infrastructures
que du personnel ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: La région sanitaire du Sud-Bandama compte 60 Etablissements
sanitaires publics pour une population de 787113 habitants soit
une formation sanitaire pour 13118 habitants. Au nombre de ces formations,
il faut noter un CHR, un hôpital général, 11 formations urbaines
et 47 formations rurales. Ces formations sont diversement réparties
au niveau de la région, si bien que leur accessibilité géographique
est différemment appréciée, mais de façon générale, il faut retenir
que seulement 32,6 % de la population se situe à 5 km d'un établissement
sanitaire.
Fraternité Matin : Dr.,
vous venez de boucler une tournée qui vous a conduit dans les différentes
formations sanitaires de la région. Qu'avez-vous constaté ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Pour cette première visite, je peux me féliciter du fait
qu'elle m'a permis de constater les réalités du terrain qui, somme
toute, ne sont pas nouvelles. J'ai pu me rendre compte des quelles
conditions dans lesquelles travaillent mes collaborateurs. Des problèmes
pouvant conduire à des dysfonctionnements de certains services ont
été identifiés. Entre autres, il faut relever le manque de matériel
de travail dans certaines formations, la vétusté des installations
et des bâtiments, l'insuffisance de supervision des agents de santé,
des comités de gestion des formations rurales (COGES) qui ne sont
pas fonctionnels.
Fraternité Matin : L'un
des constats que l'on fait dans les formations sanitaires de la
région est l'insalubrité, la mauvaise gestion des déchets hospitaliers,
les espaces verts mal entretenus et l'absence de panneaux d'identification
et d'orientation. Que comptez-vous faire dans ce sens ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Nous comptons d'abord impliquer effectivement et efficacement
les COGES dans la gestion des structures. Ce qui suppose au préalable
une redynamisation de ces comités en révisant leur composition et
en expliquant clairement les rôles et les responsabilités des membres.
Ensuite, sensibiliser les usagers par des réunions avec les différents
groupes que constitue la population. Il faudra aussi renforcer les
activités de suivie et de supervision entreprises par les équipes-cadres
des districts. A propos de la gestion des déchets médicaux en attendant
de trouver une solution idoine, nous recommandons la conscientisation
des personnels et l'utilisation des fosses d'enfouillissement et
d'incinération.
Fraternité Matin : La
surfacturation des médicaments et le non affichage des prix de vente
aux patients sont des problèmes qui minent les formations sanitaires
de la région. Quelles solutions préconisez-vous pour résoudre ces
problèmes ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Des solutions sont déjà envisagées. Il s'agit, entre autres,
de l'application des consignes strictes données aux responsables
des formations sanitaires. Celles-ci ont trait à l'affichage des
prix des médicaments au grand public, à l'utilisation effective
des ordonnances factures et à la délivrance obligatoire de reçu
à chaque acte pris en compte dans les prestations de soins.
Fraternité Matin : M.
le Directeur régional, la population se plaint du coût des prestations
dans les formations sanitaires. Notamment dans les services de chirurgie
et les maternités. Conséquence : les hôpitaux sont peu fréquentés.
Avez-vous des remèdes pour guérir ces maux ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Je pense que les meilleurs remèdes, nous devons les trouver
avec les usagers eux-mêmes. Sinon, comment comprendre qu'au CHR
ou à l'hôpital général, les prix des actes sont affichés conformément
à la réglementation en vigueur et que des personnes acceptent d'outrepasser
ces mesures dans les deux sens. Certains ne font que racketter.
Les plaignants ne veulent pas dénoncer officiellement leurs racketteurs
pour des motifs que nous ignorons. Pour donc guérir ce que vous
qualifiez de maux, il faudra que chacun à son niveau accepte de
jouer son rôle et assumer ses responsabilités. Ce qui conduira à
la prise de sanctions exemplaires à l'encontre des agents véreux
qui seront jugés coupables de mauvais agissements une fois que ceux-ci
sont dénoncés.
Fraternité Matin : Vos
formations souffrent d'un manque d'ambulances. Trois seulement pour
soixante. Avez-vous des solutions en vue pour satisfaire les populations
?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Les autorités compétentes en sont officiellement informées.
Nous pensons qu'elles apporteront des solutions idoines. Néanmoins,
nous comptons sur les conseils généraux pour nous aider à résoudre
un tant soit peu cette situation.
Fraternité Matin : Dr,
quelles sont les principales maladies qui sévissent dans la région
?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: S'agissant du profil épidémiologique et à l'examen des
rapports d'activités des directeurs départementaux, il faut retenir
que le paludisme, les infections respiratoires aiguës, les diarrhées,
les anémies, les infections sexuellement transmissibles, la malnutrition
constituent les pathologies prédominantes dans la région.
Fraternité Matin : Selon
certaines sources, le taux de prévalence du VIH/SIDA serait de 12%
dans votre direction. Que comptez-vous faire pour diminuer ce taux
?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Nous n'avons pas pour l'heure du recul nécessaire pour
faire la situation exacte de cette pandémie dans la région. Néanmoins,
au regard des données épidémiologiques au plan national et vu le
nombre sans cesse croissant des infections sexuellement transmissibles
(IST) dépistées par nos services, il faut craindre une percée du
VIH/SIDA. En effet, selon les rapports d'activités des directeurs
départementaux de Divo et Lakota au titre de l'année 2003, l'on
note 3665 cas d'IST dont 3407 sont des personnes âgées de plus de
15 ans. Ce qui représente un taux de 93%.
Fraternité Matin : M.
le Directeur régional, au moment où tout le monde se mobilise pour
l'éradication de la poliomyélite à travers des campagnes de vaccination,
il vient d'être découvert dans votre région sanitaire, un cas de
polio virus sauvage. Quelle stratégie comptez-vous adopter pour
freiner pareil cas ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: A ce niveau, nous comptons en plus des journées nationales
de vaccination contre la polio, redynamiser nos activités de vaccination
de routine. Les stratégies dites avancées couplées aux activités
des équipes mobiles pourraient être reprises et renforcées avec
des moyens conséquents qui seront mis à la disposition des structures
sanitaires de la région. Le constat que nous faisons en général
est que les populations se mobilisent de façon spontanée lorsqu'il
y a des cas de maladies, voire de décès. Et fort malheureusement
ces mêmes personnes s'intéressent moins aux activités de prévention
comme la vaccination. Nous pensons donc organiser davantage de séances
de sensibilisation et de mobilisation en faveur de toutes les couches
sociales.
Fraternité Matin : Il
ressort des statistiques de la région en matière de santé que les
infrastructures sanitaires sont insuffisantes et mal réparties.
Existe-t-il une politique de planification à court ou à long terme
pour remédier à cela ?
Docteur Yao Kouandou Félicien
: Evidemment, il faut absolument et conformément au Plan
national de développement sanitaire (PNDS) élaboré depuis 1997 que
sa mise en œuvre soit poursuivie de telle sorte qu'il existe une
adéquation entre la création des structures sanitaires et la répartition
des ressources nécessaires (humaines, financières, logistiques).
Interview réalisée par Soumaïla Bakayoko
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/content/detail.php?cid=NtguXoRSJU6
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