Les travaux de la 15e conférence internationale
sur le Sida, viennent de s'achever à Bangkok. La pandémie du siècle.
Malgré les notes d'espoir, de sérieuses inquiétudes demeurent quant
au nombre sans cesse croissant de personnes contaminées et face
à l'accès réduit des malades aux remèdes.
Plus de deux décennies après sa découverte, le
virus du Sida, le Vih (Virus de l'immunodéficience acquise) continue
de décimer la population mondiale et de donner du fil à retordre
aux chercheurs. Selon le récent rapport de l'Onu-Sida (Programme
commun des Nations-Unies sur le Vih/Sida), 38 millions de personnes
vivent aujourd'hui avec ce virus qui a, à son actif, déjà 20 millions
de décès. En outre, un rapport publié au cours de la conférence
de Bangkok révèle que la pandémie a fait plus de 15 millions d'orphelins
dans le monde. Ce document, intitulé "Les enfants au bord du gouffre",
préparé conjointement par l'Unicef (Fonds des Nations Unies pour
l'enfance) et l'Usaid (Agence des Etats-Unis pour le développement
international) précise qu'entre 2001 et 2003, le nombre d'orphelins
est passé de 11,5 à 15 millions.
Pour sa part, l'Oit (Organisation internationale du travail), indique
dans un récent communiqué de presse, que le Sida décime considérablement
le nombre des actifs et réduit la capacité des travailleurs de produire
des biens et services.
Enfants au bord du gouffre
En effet, l'Oit estime que 36,5 millions de personnes
en âge de travailler, dans le monde, sont séropositives. Ce qui
signifie que la maladie aura inévitablement une incidence sur le
taux de croissance, bien que le fléau reste encore préoccupant.
En une semaine de travaux, les quelque 20.000 participants à la
conférence de Bangkok ont pu mesurer à quel point la lutte contre
la "pire épidémie de l'humanité" promet d'être encore plus rude.
En effet, alors que cinq à six millions de malades du Sida ont un
besoin urgent de traitement, l'Oms s'est fixé pour objectif de fournir
un accès aux trithérapies à trois millions d'entre eux d'ici 2005,
au lieu de 440.000 actuellement. Raison pour laquelle, l'accent
est désormais mis sur le financement et une distribution efficace
d'antirétroviraux (Arv) de base, ainsi que la formation des soignants.
Il y a deux ans, l'Onusida estimait à 10,5 milliards de dollars
en 2005 et 15 milliards de dollars en 2007, les besoins financiers
des pays en développement. Aujourd'hui, ils sont évalués à 12 et
20 milliards respectivement. Heureusement, l'argent fait de moins
en moins défaut. "Nous avons combattu très dur pour l'argent. Luttons
dorénavant aussi fort pour rendre cet argent efficace", recommande
le Directeur général de l'Onusida, Peter Piot.
L'espoir avec les microbicides
Une autre perspective à saluer : la lutte devra
être concentrée sur les femmes, cibles particulièrement vulnérables,
selon les données chiffrées. D'après l'Onusida, elles représentent
près de 60% des quelque 25 millions de porteurs de Vih-Sida en Afrique,
l'un des continents les plus touchés au monde. Perçues comme fragilisées
et soumises au bon vouloir masculin, les femmes arrivent difficilement
à imposer l'usage du préservatif, voire refuser un rapport sexuel.
D'où l'intérêt d'une autre protection contre le Vih et d'autres
maladies sexuellement transmissibles : les microbicides.
Protéger les femmes des pays
pauvres
Selon des chercheurs, la recherche sur le gel vaginal
microbicide, capable de tuer le virus du Sida, est une alternative
éventuelle aux préservatifs pour protéger les femmes des pays pauvres.
Ces microbicides, efficaces à insérer dans le vagin sous forme de
crème ou de gel, d'émulsion, voire de dispositifs tels que des diaphragmes
permettant de libérer le produit sur une longue durée (un mois ou
plus), conduiraient à éviter 2,5 millions d'infections par le Vih/Sida
en trois ans. "Ces nouveaux produits pourraient exister d'ici cinq
ou sept ans", a annoncé jeudi le partenariat international pour
les microbicides (Ipm).
Autre sujet de satisfaction : l'accès aux antirétroviraux par les
malades. Malgré les interdictions de reproduction des médicaments
imposées par l'Omc, nombre de pays pauvres disposent de traitements
à coûts réduits, grâce aux génériques. En Chine et en Inde, par
exemple, la firme Cipla produit des génériques utilisés pour les
trithérapies. Cependant, si un traitement de première ligne peut
se limiter à 130.000 F Cfa par pays pauvres, parce que les firmes
pharmaceutiques ont aussi baissé leurs prix sous la pression des
génériques. Le coût peut être plus que décuplé pour les autres traitements,
ceux de la deuxième et troisième phase.
Karim Wally
Lire l'article original : http://www.leliberal.info/pmain.asp?action=lire&rname=Sommaire&id=4556
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