Le virus VIH/sida est la plus grande
crise sanitaire que traverse le monde aujourd'hui. Il entrave chaque
jour davantage les chances d'épanouissement des pays en développement
par le décès prématuré de millions d'adultes en âge de produire.
L'épidémie progresse en Afrique de façon exponentielle, c'est d'ailleurs
le continent le plus touché à l'heure actuelle.
Les chiffres sont effroyables.
Fin 2003, 67% des 40 millions de personnes infectées dans le monde
vivent en Afrique subsaharienne. Quelque 2,3 millions de personnes
sont mortes dans cette partie de l'Afrique en 2003, dont plus de
500 000 enfants de moins de cinq ans. D'après un rapport de l'Onusida/OMS
paru cette même année, le nombre de séropositifs en Afrique est
estimé à 26,6 millions. Les jeunes de 15 à 24 ans et les femmes
sont les groupes de population les plus touchés. L'espérance de
vie devrait d'ailleurs retomber à moins de 46 ans pour la période
2000-2005, selon le rapport 2001 de l'ONU.
Les décès surviennent majoritairement
à cause du manque d'accès aux thérapies anti-rétrovirales. En effet,
dans la plupart des pays africains, les soins et l'accès aux traitements
sont limités en raison, principalement, du coût très élevé des médicaments
et des diagnostics. Il faut également mettre en cause l'inadéquation
de l'infrastructure sanitaire et des services de laboratoire, ainsi
que la faiblesse des ressources humaines, celle-ci étant due à la
fuite des cerveaux et à l'amenuisement des effectifs liés au virus.
Au Congo, malgré la mise en place
le 24 juillet 2003 d'un Conseil national de lutte contre le sida
(CLNS) présidé par le chef de l'Etat, la situation demeure inquiétante.
Sur une population de 3 millions d'habitants, 110 000 personnes
sont atteintes du sida, 12 614 en sont déjà décédées. La prévalence
moyenne, estimée en 2002 entre 10 et 12%, n'a fait qu'empirer. Les
comportements des populations vis-à-vis de la pandémie ne se sont
pas améliorés, malgré le bruit fait autour de ce fléau et le cri
d'alarme lancé par le président Denis Sassou Nguesso à l'occasion
de l'inauguration du CLNS. "J'en appelle à une révolution des mentalités,
afin que le comportement de chaque Congolais soit compatible avec
les exigences de la lutte contre la pandémie du sida," avait déclaré
le chef de l'Etat.
Des efforts sont faits mais ils
demeurent insuffisants, en dépit d'importants programmes de prévention,
de soin et de contrôle de l'infection, de la prise en charge des
infections opportunistes, des soins communautaires et des Tar. Pour
contrer la situation, l'OMS a lancé l'Initiative " 3 millions d'ici
2005 " visant à placer effectivement 3 millions de personnes sous
Tar d'ici la fin 2005. Ce programme, qui prend en compte tous les
Etats membres, comporte des objectifs spécifiques à atteindre d'ici
la fin 2005 et d'ici 2009.
Pour 2005, il s'agit d'assurer
à 2 millions de personnes vivant avec le VIH au moins l'accès à
des médicaments ARV (anti-rétroviraux) de qualité et d'un coût abordable,
de garantir à au moins 50% d'entre eux l'accès à des services de
qualité en matière de diagnostic et de suivi en laboratoire, et
de veiller à ce que 60% des agents de santé et des dispensateurs
de soins soient suffisamment formés pour assurer les traitements.
Pour 2009, les objectifs concernent d'une part l'accroissement des
soins complets en matière de VIH/sida pour atteindre 60% des personnes
qui en ont besoin, d'autre part la garantie de l'accès à 80% minimum
des malades à des médicaments ARV de qualité et d'un coût abordable.
Pour atteindre ces défis, il est
nécessaire d'intensifier d'urgence les traitements et les soins
liés au virus. Pour l'OMS, "l'urgence de cette intensification s'explique
par le fait que les soins et les traitements anti-sida présentent
un bon rapport coût/efficacité, entraînant une synergie sur la prévention
et pouvant fortement réduire la morbidité et la mortalité imputables
au VIH/sida". Il appartient aux Etats de conduire le processus et
aux acteurs nationaux de diriger le programme. Les partenaires internationaux
devraient apporter leur appui en respectant les orientations et
les priorités définies par le pays. Par ailleurs, la prestation
des soins et des traitements étant largement subordonnée à des systèmes
de santé fonctionnels, l'Initiative "3 millions d'ici 2005" devrait
conduire les Etats à améliorer leur services de santé afin de les
rendre plus viables et solides, bénéficiant d'une infrastructure,
de financements et de modalités de prestations permettant d'assurer
la Tar afin que les ARV soient intégrés dans les soins de santé
primaire.
Il est indispensable que les gouvernements
et leurs partenaires souscrivent un engagement à long terme pour
pérenniser les programmes de soins et de traitements. Toutefois,
il convient aux Etats de prôner l'équité, afin d'assurer à tous
un accès équitable aux soins et aux traitements, de tenir compte
de la participation des communautés, de la continuité de la prévention
et des soins, du partenariat et de la réduction de la stigmatisation
attaché au VIH/sida.
Lire l'article original : http://www.brazzaville-adiac.com/html/ba_article.php?DEP_CODE=6685
|