Les
internes des hôpitaux sont, depuis lundi dernier, en arrêt de travail.
Ce mouvement de 72 heures exclut la garde et les urgences chirurgicales
et médicales. “ Très peinés de leur exclusion ” des primes de motivation
allouées au personnel de santé, les 67 internes actuels crient leur
désarroi face à ce qu’ils considèrent comme “ une mesure discriminatoire
”.
Le
personnel de santé a réclamé des indemnités de risque et de sujétion
par l’intermédiaire des syndicats. Il n’a pu obtenir que 1, 5 milliards
de francs sur 4 milliards. Il fallait répartir cette somme, alimentée
par le Fonds pour la santé, entre les différents agents de la santé.
Il nous est apparu qu’il fallait écarter le plus grand nombre de
personnes pour que les bénéficiaires se retrouvent avec des sommes
conséquentes. Ainsi les internes et les nouveaux assistants ont
été exclus des motivations ”, regrette Charles Kinkpé, le président
du regroupement des internes. M. Kinkpé soutient que les internes
des hôpitaux ont été exclus des bénéficiaires des primes de motivation
parce qu’ils ne seraient pas, aux yeux de la commission pour l’attribution
des indemnités, des fonctionnaires. Un pécule de 27.000 francs CFA
devrait revenir, durant l’exercice 2001, à chaque agent de la santé,
après répartition égalitaire du milliard et demi de francs. “
Pourtant,
souligne Pape Ibrahima Ndiaye, trésorier du regroupement des internes,
nous avons un salaire mensuel, un matricule, un congé annuel, un
décret de nomination, une attestation de prise de service… La commission,
composée des partenaires sociaux et des autorités du ministère de
la Santé, déclare que seuls les fonctionnaires et agents décisionnaires
en service au ministère sont éligibles aux indemnités. Si nous ne
sommes pas des fonctionnaires, nous nous demandons de quel statut
nous pouvons nous prévaloir ”.
STATUT
DE L’INTERNE
En somme, les internes, en poste dans les deux centres hospitaliers
universitaires (Fann et Le Dantec), semblent être des victimes d’un
statut hybride qui les confond tantôt à des fonctionnaires, tantôt
à des étudiants, selon Charles Kinkpé. Les termes de leur vocation
sont souvent avancés pour les faire bénéficier de certains avantages.
C’est pourquoi, le point central de la plate-forme qu’ils vont soumettre,
ce jeudi, aux autorités met l’accent sur “ la clarification du statut
de l’interne ”. Dans ce dessein, ils demandent la “ création d’une
commission pour réformer et clarifier le statut ”, révèle Pape Adama
Dieng, le secrétaire général. “
Dès
la publication des listes des bénéficiaires des indemnités, nous
avons constaté que nous n’y figurions pas. Nous avons pris contact
avec le conseiller technique n° 1 du ministre de la Santé et de
la Prévention. Le ministre et ce conseiller sont tous les deux d’anciens
internes. Le conseiller technique n° 1 nous avait dit que nous faisions
partie des bénéficiaires, mais au moment du payement des primes,
nous avons constaté que nous avions été omis. Au second contact,
il nous confie qu’il s’était trompé et que nous n’étions pas des
fonctionnaires ”, explique M. Kinkpé.
RISQUE
DE RADICALISATION
L’exclusion
des internes de la liste des bénéficiaires est apparemment la goutte
d’eau qui a fait déborder le vase. Leurs autres revendications,
contenues dans leur plate-forme, ont trait à la “ généralisation
de la bourse pour le certificat d’études spécialisées (CES), le
reliquat sur les salaires dus à toutes les promotions d’internes
(sauf celle de l’année 2.000), l’attribution de la carte professionnelle
à la promotion de 2001, d’un logement ou un relèvement de l’indemnité
de 25.000 à 100.000 mille francs ”. “
Si
nous ne recevons pas un écho favorable, nous procéderons à une suspension
totale des gardes et des prestations de services ”, avertit le président
du regroupement des internes.
Rappelons
que le concours des internes existe depuis 1959. Il est organisé
annuellement par le ministère de la Santé et de la Prévention. Il
est ouvert à des médecins qui, en même temps qu’ils suivent une
spécialisation, travaillent dans les hôpitaux. Dans l’organigramme
des hôpitaux, ils viennent à la troisième position dans la hiérarchie
après les professeurs agrégés et les assistants. “ Nous faisons
partie intégrante du personnel de santé. Notre tâche principale
est d’assurer des soins. Nous constituons un cas d’ailleurs très
spécial puisque nous réveillons les malades, assurons le service
de garde. Le personnel paramédical est également sous notre responsabilité
”, ajoute Maguette Mbaye, un interne. Toutefois, la vocation première
des internes était de devenir des enseignants même si certaines
sources notent qu’il n’est plus évident, depuis quelques années,
de rejoindre le corps enseignant après trois ou quatre ans d’internat.
SOLUTION EN VUE
Le
professeur Seydou Badiane, conseiller technique n°1, en charge de
ce dossier et ancien interne des hôpitaux de Dakar, nous confié,
hier en fin d’après-midi, que le ministère de la Santé et de la
Prévention est en train “ de rechercher une solution ”. “ C’est
une question qui devrait être réglée rapidement ”, a ajouté le Pr
Badiane.
Ibrahima khaliloullah NDIAYE
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10263&index__edition=9478
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