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L'OMS pour une augmentation des dépenses de santé en Afrique - Le soleil - Sénégal - 14/01/02

Paris - La directrice générale de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Gro Harlem Bruntland, a transmis récemment au ministre français délégué à la Santé Bernard Kouchner un rapport dans lequel des experts mandatés par son institution prônent une augmentation substantielle des dépenses de santé en Afrique, a-t-on appris ce jeudi, de source officielle à Paris.

Selon le document intitulé "Macroéconomie et santé : Investir dans la santé pour le développement économique", les dépenses de santé dans les Etats du Sud, notamment ceux d'Afrique, sont susceptibles de devenir des investissements rentables.

A l'appui de sa thèse, le groupe de dix-huit experts mandatés par l'OMS estime qu'un investissement de 66 milliards de dollars dans le secteur de la santé d'ici à 2015 pourrait dégager des gains de 360 milliards de dollars. "Ces gains seraient pour moitié directs -les plus pauvres de la planète vivront plus longtemps en bonne santé et pourront ainsi mieux gagner leur vie- et pour moitié indirects, du fait de la productivité individuelle accrue", écrivent les rapporteurs, sous la direction de l'Américain Jeffrey Sachs directeur du Centre for international development de l'université de Harvard aux Etats-Unis.

Le document souligne, en outre, qu'une "augmentation spectaculaire" des dépenses de santé en Afrique est possible grâce à la fois à la révision à la hausse de l'aide publique au développement, et à l'accroissement des crédits accordés au secteur dans les budgets nationaux. Sur ce dernier point, le rapport de l'OMS rejoint le point de vue défendu depuis très longtemps par des praticiens africains vivant en Europe, regroupés au sein de l'Association Médecins d'Afrique.

"Nous avons toujours appelé les Etats africains à accorder dans les budgets nationaux la plus grande priorité aux dépenses liées à la santé. C'est heureux qu'une institution comme l'OMS reprenne aujourd'hui à son compte notre idée", a déclaré à la PANA, le docteur Alioune-Blondin Diop président de Médecins d'Afrique.

Louant lui aussi la teneur du rapport de l'OMS, l'économiste Mallam Nafiou invite cependant à la prudence, en soulignant la contradiction entre la position des experts de l'organisation onusienne et les programmes d'ajustements structurels signés entre les Etats africains et les institutions de Bretton Wood. "J'ai bien peur que nos Etats soient partagés entre ces recommandations pertinentes de l'OMS et les injonctions de la Banque mondiale et du FMI, qui exigent la réduction des dépenses sociales, notamment celles du secteur de la santé", s'est inquiété M. Nafiou, qui redoute que le rapport de l'OMS se transforme en "relevé de vœux pieux".

Interrogé sur le sujet, le Comité pour l'annulation totale de la dette du Tiers-Monde(CADTM), qui affirme partager les thèses des experts de l'OMS, a proposé vendredi que les sommes consacrées chaque année par les Etats africains au service de la dette soient recyclées dans les dépenses de santé. Selon Damien Millet de la CADTM, l'accès des populations des pays pauvres à la santé pose un problème "moral et éthique" qu'il faut régler au plus vite.

"Nous avons toujours exigé l'annulation des créances dues par le sud au nord, afin que l'argent consacré au service de la dette serve au développement du Tiers-Monde. Nous serons heureux que cet argent soit investi dans le domaine de la santé", a espéré M. Millet de la CADMT-France. On rappelle que l'enveloppe consacrée au secteur de la santé au titre de l'aide publique au développement est de 66 milliards de dollars chaque année. L'OMS souhaite qu'elle soit majorée de 27 milliards chaque année, d'ici à 2007.
SEIDIK ABBA (PANA)

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10628&index__edition=9488

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