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Télé-médecine:Le Sénégal au diapason des nouvelles technologies - allafrica.com - Sud quotidien - Sénégal - 08/01/02

La médecine, et beaucoup plus largement la santé, emprunte en ce debut d'année 2002, les chemins de la modernité tracés par l'utilisation des technologies de l'information et de la communication.
La Fissa, présidée par Mme Ghislaine Alajouanine de l'association humanitaire française (force d'intervention sanitaire et satellitaire autoportée), soutenue par les ingénieurs du centre national d'études spaciales (Cnes) en partenariat avec le Pr. Eva Marie Coll Seck, ministre de la santé et de la prévention ainsi que l'association Education-santé présidée par Mme Viviane Wade, procède depuis le 02 janvier et ceci jusqu'à demain mercredi 09 janvier à une expérimentation de télé-médecine à Ninefesha (Kédougou) et à Bala (Goudiri). Mettre les hautes technologies au service de la santé pour tous, tel est l'objet de la télé-médecine afin de rapprocher le médecin de ses patients.

Il s'agit, selon le ministère de la santé, d'examiner des patients situés dans des zones isolées et enclavées, dépourvues de structures de santé grâce à une station portable de télé-médecine et de transmettre les données de l'échographie recueillies par satellite vers le centre hospitalier régional de Tambacounda et vers la clinique gynécologique et obstétricale du Chu Le Dantec. Les spécialistes dans les diverses disciplines sécurisent ainsi le diagnostic à distance et renvoient les résultats des données vers le médecin traitant ou l'auxiliaire de santé (infirmier, sage-femme) qui a pratiqué l'examen. Il s'agit d'une véritable innovation technologique destinée à mettre à la disposition des populations les plus éloignées les compétences des meilleurs spécialistes.

L'objectif de la Fissa et ses partenaires est de contribuer fortement à la diminution de la mortalité maternelle encore beaucoup trop élevée en raison de la difficulté d'accès aux soins. La mortalité maternelle, notamment, mais aussi toutes les maladies propres à ces régions isolées, doivent être combattues par tous les moyens. L'expérimentation en cours, après presque une année de préparation avec l'ensemble des partenaires, est la première réponse concrète, sur le terrain, à cette préoccupation, mettre en oeuvre ces nouvelles technologies au service de la santé pour tous.

Dans quelques mois, révèlent les spécialistes, une autre mission expérimentale conduite avec les mêmes acteurs mettra en oeuvre un réseau complet de télémédecine impliquant deux régions médicales (Tambacounda et Kaolack) et de nombreux sites distants isolés. Les données transiteront par un centre technique situé à Dakar et seront adressées à de nombreux médecins spécialistes de plusieurs pathologies oeuvrant dans les centres hospitaliers régionaux et dans les hôpitaux de Dakar. Ainsi, c'est toute la pyramide de l'organisation de la santé publique du Sénégal qui sera concernée par cette expérimentation.

Ultérieurement, ajoutent-ils, des unités mobiles équipées de tout le matériel d'examen médical (radiologie, échographie, électrocardiographie, microscopes, analyse sanguine, prise de tension, etc.) et munies des moyens de transmission par satellite seront positionnées dans les secteurs les plus enclavés. Constitués d'un équipage spécialement formé et parfaitement autonomes, ces unités mobiles, gros 4X4 appelés "Galavan", effectueront des tournées régulières sur indication des autorités médicales de proximité.

Dr. Hiroshima Nakajima, Oms

Les Ntc, une occasion d'améliorer la qualité de la santé

Selon le Docteur Hiroshima Nakajima de l'organisation mondiale de la Santé (Oms) qui se prononçait récemment lors d'une session consacrée aux applications des technologies interactives modernes à la télémédecine, dans le cadre du forum Télécom organisé à Genève, "la technologie de l'information et des télécommunications, qui constitue l'un des moteurs de la mondialisation actuelle du commerce et de la politique, a également des implications importantes pour la santé". Il a souligné qu'après plusieurs décennies de développement des disciplines liées à l'application des télécommunications modernes aux besoins de la santé publique, "nous sommes entrés dans une ère nouvelle où l'initiative doit venir de ceux qui assurent la santé publique plutôt que des fournisseurs de technologie". A ce titre d'ailleurs, il considère que le développement rapide des techniques modernes de télécommunications offre une occasion unique aux pays d'améliorer la santé de leurs populations tout en ajoutant que la télémédecine offrait aux pays en développement des possibilités nouvelles de renforcer leurs capacités nationales en matière de recherche en santé, ainsi que la qualité de leurs services de santé. En effet, l'éducation sanitaire, la formation des personnels de santé et la gestion des situations d'urgence sont autant de domaines dans lesquels l'apport de la télémédecine revêt une importance croissante.

Une douzaine de spécialistes de la santé publique et des télécommunications ont débattu des perspectives offertes par la télémédecine, qu'il s'agisse par exemple de poser un diagnostic et superviser une intervention chirurgicale à distance ou de permettre à des agents de santé isolés d'avoir accès en tout temps à l'information nécessaire à l'exercice de leur activité.

"La mise en place d'une infrastructure de télécommunications à la fois appropriées et abordables peut contribuer à combler le fossé qui sépare nantis et démunis en matière de soins de santé", a souligné le Dr Nakajima. Certes un certain nombre de problèmes doivent encore être résolus, notamment celui de l'alimentation en électricité dans les régions reculés, qui ont précisément le plus besoin de la télémédecine, ou encore celui de la confidentialité des données médicales, qui fait traditionnellement l'objet d'une vive controverse.

La télémédecine est appelée à jouer un rôle de plus en plus important et elle continuera à être un domaine de collaboration étroite entre l'Oms et l'union internationale de télécommunications, a souligné le Dr Nakajima. "Tant il est vrai", comme l'a fait remarquer l'un des participants au débat, "qu'environ 40% de la médecine consistent à échanger de l'information".

Les différents types de télémédecine

L'introduction de l'informatique et des télécommunications dans les hôpitaux, les cliniques et les cabinets médicaux, est en voie de modifier profondément les pratiques médicales et les conditions d'accès aux soins. Les exemples qui suivent illustrent les différentes applications de la télémédecine et leurs avantages.

La télé-consultation et le télé-diagnostic: Imaginons qu'à la suite d'un accident, un blessé soit admis en urgence et qu'un scanner soit effectué. Au lieu de transférer le blessé systématiquement en chirurgie, les images du scanner sont transmises par ligne numérique à un autre établissement, qui se prononce sur la gravité de la blessure et la nécessité d'une intervention d'un service spécialisé. On évite ainsi les transferts inutiles.

La télésurveillance: dans une autre situation, au cours d'une grossesse considérée comme "à risque", une femme est équipée à son domicile d'un appareil qui permet d'effectuer périodiquement un relevé des battements cardiaques du foetus et des contractions utérines, et de transmettre le résultat à l'hôpital par téléphone. La patiente ne sera alors hospitalisée qu'en cas de détection d'une anomalie. On évite ainsi une hospitalisation indésirable et coûteuse pour la collectivité. Ces systèmes se transposent aussi aux malades cardiaques, aux diabétiques, aux insuffisants respiratoires et personnes atteintes d'hypertension.

La télé-expertise: Dans un autre exemple, à l'occasion d'un traitement anticancéreux, un spécialiste interroge un confrère sur les meilleurs soins à administrer, en lui transmettant des résultats d'analyse et des données sur le patient. Le diagnostic est alors amélioré par cette deuxième consultation. L'expertise peut porter sur des images visibles au microscope pour distinguer les types de tumeurs (télé-pathologie), sur des images de la peau issues de micro-caméras (télé-dermatologie), sur des radiographies, échographies, images de scanners (télé-radiologie), etc.

La télé-formation: Un médecin, une infirmière, ou tout autre professionnel de santé situé dans un pays en développement ou une région isolée, accède à toutes les banques d'informations médicales du monde à l'aide d'un équipement relié à un satellite.

Les applications futures: dans le domaine de la recherche expérimentale, un chirurgien pourra effectuer une simulation de chirurgie sur ordinateur, à l'aide d'images à trois dimensions, puis opérer en étant assisté par des ordinateurs (télé-chirurgie) Ismaïla Sarre

Lire l'article original : fr.allafrica.com/stories/200201080262.html

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