L'intensification
de la riziculture dans la Vallée du fleuve Sénégal a favorisé une
prolifération de plusieurs variétés de riz actuellement en expérimentation
dans la zone. Toutes choses qui font que des mesures d'accompagnement
se sont imposées d'elles mêmes, notamment dans le cadre de la recherche.
En
effet, il ne sert à rien d'entreprendre des actions d'une telle
envergure sans résultats significatifs. D'autant plus qu'en introduisant
une variété quelconque dans la nature, des informations génétiques
s'avèrent nécessaires. Et dans ces informations, il peut y arriver
que souvent on constate des cas de malformations dans l'évolution
des cultures. Des risques de maladies peuvent êtres décelés ou certaines
réactions suite à des attaques d'insectes.
Dans
cette mouvance, nous avons cherché à en savoir davantage en interrogeant
Kouamé Miezzan, chargé de programme “ riz irrigué ” de l'Association
pour le développement de la riziculture en Afrique de l'Ouest (ADRAO)
dont la représentation de Saint-Louis est basée à Ndiaye Mbéresse
(35 km). L'objectif visé par cette structure intergouvernementale
selon Miezzan est de faire en sorte qu'il y ait une grande diversité
génétique dans les rizières des paysans de la Vallée. Ses services
entretiennent chaque année plus de 700 variétés dans leurs différentes
stations de contrôle pour des tests. “ Avant qu'une variété n'atteigne
le monde paysan, elle est testée au moins pendant 5 à 6 ans ”, nous
précise Miezzan Kouamé,
Les
chercheurs qu'ils sont ne sont animés que par le seul devoir d'informer
les producteurs, mais également les consommateurs à se prémunir
de tous risques pouvant êtres occasionnés par les cultures dans
leur état évolutif. De la culture jusqu'à la consommation. Comme
ce fut le cas du dernier hivernage avec les cas de brûlures sur
les feuilles de riz de la variété TCS 10 expérimentée par les Chinois
(Taiwan) depuis trois ans et constatées dans une parcelle du village
de Darou Minam. Les chercheurs de l'Adrao avaient décidé de faire
un bilan phytosanitaire en collaboration avec les partenaires, marqué
par la présence d'un de leurs spécialistes des maladies phytosanitaires,
Séré Yakouba. Comme hypothèse, ils avaient indiqué à l'issue de
la tournée que ces cas de brûlures pourraient s'agir d'une maladie
appelée “ bactériose ”. Cela a provoqué d’ailleurs à l’époque une
vive polémique. Les producteurs n’avaient pas du tout apprécié cette
réaction des chercheurs qu’ils ont considéré comme une cabale montée
contre la variété.
Interrogé
sur la question le chargé de mission chinoise dans la vallée avait
produit un document faisant état d'une non maîtrise des techniques
culturales par les propriétaires de la parcelle. Ce qui fut à l'origine
des brûlures de certaines feuilles. Devant une situation aussi confuse
, le chargé de programme “ riz irrigué ” de l’Adrao a tenu à préciser
“ que les producteurs peuvent se rassurer. Il y n'a aucun danger
dans la consommation du riz TCS 10. ” D'ailleurs souligne-t-il que
: “ le fait qu'une plante d'une variété de riz quelconque soit sensible
à une maladie n'a rien de catastrophique. C'est une chose normale
dans l'évolution des cultures. Autant l'homme ou l'animal peut être
malade, autant la plante aussi peut être malade. Cela peut être
une maladie d'origine virale ou bactérienne entre autres. C'est
pour dire donc qu'il y n'a aucun lien entre la maladie bactérienne
et la santé humaine en l'occurrence le cancer. ”
PRESENCE
INDISPENSABLE
Ces maladies selon Miezzan Kouamé sont connues aussi dans d'autres
pays comme le Burkina Faso. Au Niger aussi on peut citer une maladie
appelée là-bas la “ marbre jaune ” qui n'existe pas ici. Donc, en
tant que scientifiques, une telle découverte les oblige à poser
comme hypothèse “ un cas de maladie qui pouvait être la bactériose.
Nous avons pris des échantillons pour faire des analyses et nous
attendons les résultats. C'est ça la démarche normale standard.
C'est comme si dans une région, on vous signale une épidémie de
diarrhée par exemple, pour être sûr, il faut une confirmation par
des analyses médicales. Il s'est trouvé que la variété sur laquelle
on a découvert cette tâche était la TCS 10. Donc notre devoir est
d'informer les scientifiques, les producteurs des risques potentiels
de l'existence de ce problème en attendant que de plus amples informations
nous soient fournies. ”
C'est
dire donc que la présence de ces institutions de recherche dans
la Vallée du fleuve Sénégal est indispensable dans cette lutte pour
l'autosuffisance alimentaire. Au moment où de plus en plus on invite
les Sénégalais à consommer le riz local. Il faut alors produire
un riz de qualité avec toutes les garanties nécessaires. Mais de
l'avis de Kouamé Miezzan “ devant de tels cas de maladies, seul
le producteur peut être pénalisé parce que ça peut réduire son rendement
habituel tout en n'affectant pas les graines d'autant plus que la
maladie peut intervenir aussi tardivement dans le cycle. ”
ENTRETIEN REALISE PAR MOHAMADOU SAGNE
Lire
l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=10328&index__edition=9480
|