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Les internes menacent de durcir leur grève - allafrica.com - Wal Fadjri - Sénégal - 04/01/02

Le personnel des hôpitaux ploie sous le poids de la charge de travail qui a beaucoup augmenté. Et les internes, en grève depuis quelques jours, menacent de durcir leur mouvement si la tutelle tarde à les rétablir dans leurs droits.

Dans la cour du service de radiologie du Centre hospitalier universitaire de Fann, un homme vêtu d'un boubou noir proteste. Il sort de l'intérieur du long bâtiment blanc pour venir s'asseoir auprès d'un vieil homme, la tête basse. Celui-ci tend un peu l'oreille pour écouter les quelques mots de son accompagnateur. "C'est vraiment lent", lâche-t-il, furieux. Puis, il explique que, depuis très tôt le matin, ils sont là. Mais l'homme que semblent énerver nos questions, détourne le regard. Il ne veut pas en dire plus. Mais inutile de chercher loin : la grève des médecins internes est passée par là. Dans la salle d'attente, de nombreux patients attendent debout, le regard abattu. L'air, à cause de la forte odeur qui se dégage, est irrespirable.

Le Dr Ndoye, venu à notre rencontre, n'est pas en blouse blanche. A l'instar de ses cinquantaines d'autres camarades qui sont médecins internes à l'hôpital Fann, lui aussi a choisi de se croiser les bras. Du coup, depuis quelques jours, les grands hôpitaux de Dakar où ils exercent, fonctionnent au ralenti. Le Dr Ndoye ne veut pas dire jusqu'à quel point cela touche les hôpitaux. Mais la réalité est que, selon lui, "il y a une certaine paralysie suivant le hôpitaux". "Actuellement, aucun interne ne travaille", explique-t-il. Les anciens internes sont eux aussi en mouvement. Et ils sont appuyés en cela par les nouveaux. Du coup, les patients ne peuvent plus prétendre à des consultations de leur part. Ce service repose désormais sur les seules épaules des assistants et des chefs de service. Une situation qui est synonyme de "surcroît" de travaille pour ces derniers. Et ce n'est pas cette assistante qui le démentira. "Je suis débordée, écartelée et fatiguée", lance-t-elle avec une pointe d'humour. Pour l'heure, elle ne souhaite qu'une seule chose : le retour de ses camarades. Mais, en attendant, ceux-ci restent plus que jamais campés sur leur position.

A en croire le Dr Ndoye, il y a comme une sorte de négation du rôle fondamental des médecins internes de la part du ministère de la Santé. Les médecins internes sont loin de comprendre pourquoi on les a ignorés pour la distribution des émoluments par le département de tutelle à tous les agents du ministère de la Santé. Ces étudiants en spécialisation sont les "chevilles ouvrières" des hôpitaux. Après quatre ans d'études à la faculté de médecine, ils ont dû affronter "un concours d'excellence organisé par le ministère de la Santé". Ce n'est qu'après qu'ils deviennent étudiants en spécialisation. Mais aussi médecins internes à la fois.

En fait, en plus des cours qu'il est obligé de suivre à l'université, le médecin interne travaille six matinées et cinq après-midi par semaine à l'hôpital. Et trois à quatre fois par mois, l'interne y passe la nuit. Une situation qui amène le Dr Ndoye à faire la remarque suivante : "Les internes sont constamment à l'hôpital, d'où ils ne sortent pas." Si on tient compte du volume de travail, les internes sont en mesure, au même titre que les autres agents, de prétendre aux émoluments, ces fonds de motivation versés au personnel de santé par le ministère de tutelle. Mieux, ils ont une carte professionnelle délivrée par le ministère de la Santé et un numéro de matricule. A ce titre, souligne le Dr Ndoye, ils ne sont rien moins que des agents du ministère de la Santé.

Outre le paiement des émoluments qu'ils réclament, les médecins internes veulent aussi une clarification de leur statut. Ils sont écartelés entre deux ministères : la Santé et l'Education nationale. Et n'arrivent pas à savoir qui des deux assure réellement leur tutelle. "Il y a eu toujours des blocages au niveau des deux ministères. Les textes qui datent de 1970, n'ont jamais été changés". Mais la liste des problèmes des internes est plus longue qu'on ne l'imagine.

"Beaucoup d'internes ne sont pas logés", regrette le Dr Ndoye qui ajoute que les rémunérations sont dérisoires. Si dérisoires qu'il n'ose pas en parler. Pour lui, il y a même une sorte de préméditation à l'origine du problème. Il en veut pour preuve le blocage des cartes professionnelles des internes de 2001. D'ailleurs, précise-t-il, le mouvement ne fait que commencer. Lui et ses camarades prévoient de hausser le ton à partir de ce vendredi à 8 h. A cette date, si aucune décision n'est prise pour décanter la situation, ils vont même surseoir à la garde et aux urgences, services encore assurés depuis le début du mouvement d'humeur.

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