"Donner à chaque Sénégalais
un statut nutritionnel satisfaisant tout en lui permettant d'adopter
un comportement adéquat pour son bien-être et pour
le développement de la communauté". Cette volonté
du gouvernement s'est traduite, depuis les années 90, par
la mise en place du Programme de renforcement de la nutrition (PRN).
Le programme décennal, mis en uvre par la structure,
s'articule autour de l'"amélioration de la croissance
des enfants de 0 à 5 ans, vivant dans les zones urbaines
ou rurales pauvres du Sénégal et du renforcement des
capacités institutionnelles et organisationnelles pour mettre
en uvre et évaluer les interventions de nutrition".
Le PRN a bénéficié d'un crédit de 14,7
millions de dollars, accordé par l'Institut pour le développement
alimentaire (IDA), pour faire face à la "situation nutritionnelle
qui demeure inquiétante" au Sénégal. La
structure décline, aujourd'hui, au cours d'une rencontre
avec la presse, les résultats de la sélection des
Agences d'exécution communautaire (AEC) devant exécuter
le programme financé par le crédit de l'IDA. Ces AEC
peuvent être des organisations non gouvernementales ou des
organisations communautaires de base.
La lutte contre la malnutrition demeure une préoccupation
essentielle. La situation alarmante se lit, au Sénégal,
par "une précarisation accrue de la situation de la
maigreur chez les enfants de moins de cinq ans, avec une prévalence
qui est passée de 6,7 % à 8,3 %, dans l'ensemble du
pays entre 1996 et 2000. Cette détérioration est plus
importante en milieu rural où 9,3 % des enfants souffrent
de maigreur. De même, malgré l'intervention du Projet
de nutrition communautaire (PNC, initié en 1995 et confié
à l'AGETIP) dont les interventions étaient circonscrites
aux zones urbaines, la prévalence de la maigreur en zone
urbaine a augmenté de 5, 9 % à 6, 9 % ", note
un document du PRN. Le retard dans la croissance des enfants, dans
sa composante taille et âge, a, certes, chuté sur l'ensemble
du territoire entre 1996 et 2000, passant de 22,9 à 19 %.
"La malnutrition infantile représente une lourde hypothèque
pour le développement de notre pays. Ses conséquences
sont énormes sur les performances physiques et intellectuelles,
mais aussi sur la morbidité, la mortalité entraînant
de lourdes dépenses en soins de santé", admet-on.
Cette situation pousse à un changement dans la politique
nutritionnelle. L'"approche programme, qui a supplanté
l'"approche projet", vise à "mettre à
contribution les efforts de tous les secteurs pour une amélioration
durable de la situation nutritionnelle du pays". Cette ligne
se veut critique par rapport aux causes de la malnutrition qui "n'est
plus considérée comme un problème relevant
uniquement de la santé, mais de plusieurs autres secteurs
d'activités dont l'agriculture, l'hydraulique etc.".
Ainsi, la Cellule de lutte contre la malnutrition (CLM), créée
en 2001 et regroupant des ministères techniques, des représentants
des élus locaux et de la société civile, a
mission d'élaborer une politique de nutrition multi-sectorielle.
Le PRN s'appuie sur une stratégie qui implique une "promotion
de l'intégration des objectifs nutritionnels dans les plans
des ministères techniques intéressés et une
mise en uvre d'interventions axées sur les femmes enceintes
ou allaitantes et les enfants de moins de 5 ans".
IBRAHIMA KHALILOULLAH NDIAYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=21887
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