C'est connu de tous qu'au Burkina des initiatives sont prises au
plus haut niveau pour vaincre le mal de notre temps, le VIH/Sida.
Aux efforts des organisations internationales s'ajoutent ceux de
l'autorité gouvernementale pour parer au plus pressé. Des structures
nationales dont l'action ne peut passer inaperçue, nous citons la
Centrale d'achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG).
A l'aube de l'année nouvelle 2003, c'est un cadeau royal qu'elle
offre aux victimes du VIH/Sida et autres malades en procédant à
une baisse sensible des prix des médicaments essentiels génériques
(de 25 à 30 %), et en envisageant celle des anti-rétroviraux de
l'ordre de 30 à 51%. Qu'est-ce qui justifie une telle baisse ?
M. Lazare Banssé, directeur général de la CAMEG, nous en donne les
raisons à travers l'entretien
Quelles sont les missions de la CAMEG
?
On peut résumer les missions de la CAMEG en deux points essentiels
:
- premièrement, assurer la disponibilité géographique des médicaments
essentiels génériques, des consommables médicaux, des réactifs
et matériel de laboratoire, du petit matériel médical et récemment
des anti-rétroviraux sur toute l'étendue du territoire, aussi
bien dans les campagnes que dans les villes ;
- deuxièmement, rendre accessibles financièrement ces produits
tout en respectant les normes nationales et internationales en
matière de qualité.
Pour remplir ces missions, nous avons un dépôt à Ouagadougou, un
à Bobo-Dioulasso, un autre à Fada-N'Gourma et un projet d'ouverture
d'un dépôt à Ouahigouya. Grâce au relais des dépôts de district
qui sont au nombre de 53, nous sommes présents sur l'ensemble du
pays.
On parle de la cherté des médicaments
au Burkina. Qu'en est-il exactement ?
Il faut savoir que le médicament essentiel générique est moins cher
que le médicament de spécialité dans un rapport qui est de l'ordre
de 1 à 10. Cependant, nous sommes conscients que malgré tout, le
médicament générique est inaccessible pour la catégorie de notre
population à faible revenu ou sans revenu. C'est pourquoi, nous
procédons depuis deux ans à des baisses de prix et cette année encore,
les prix vont baisser dans de fortes proportions. Cependant j'observe
que ces efforts ont un impact limité au regard de la demande sociale
qui est forte dans notre pays. A mon avis, il faudra songer à mettre
en place des mutuelles de santé pour aider les populations à faible
revenu.
Pourquoi une baisse des prix et dans
quel ordre se chiffre t-elle ?
Nous pensons qu'il faut répercuter au niveau du consommateur les
bénéfices d'une gestion efficace et rigoureuse. Avec l'expérience
et l'expertise que la CAMEG a acquises au fil du temps, grâce à
une équipe bien formée et motivée, elle achète mieux sur le marché
international, ce qui permet d'obtenir des prix concurrentiels.
Par ailleurs, la bonne maîtrise des charges de gestion au niveau
de la CAMEG est un élément qu'il faut prendre en compte. Dans les
prochains jours, nous publierons les nouveaux prix ; les baisses
vont de 25 à 30 %.
Sur quels produits la baisse des prix
est-elle appliquée ?
Nous avons mis un accent particulier sur les produits cibles et
les produits de la liste nationale des médicaments essentiels. Le
Conseil national de lutte contre le Sida s'est réuni le 20 décembre
dernier sous la présidence du chef de l'Etat. A cette session, il
a été annoncé une baisse des prix des anti-rétroviraux.
Qu'en est-il exactement ?
La question de l'accessibilité des anti-rétroviraux demeure une
question essentielle dans la lutte contre la pandémie du Sida. L'engagement
du gouvernement, des ONG, des associations des personnes vivant
avec le VIH a permis d'obtenir des baisses successives entre les
années 1999 et 2001. Cette année, nous envisageons des baisses allant
de 30 à 51%. L'introduction des anti-rétroviraux en génériques permettra
d'obtenir des prix nettement bas, maintenant que l'OMC a levé l'obstacle
à l'importation des génériques pour les pays les moins avancés (PMA).
Ainsi, le traitement le plus usuel, c'est-à-dire l'association Zidovudine
300 mg + Lamivudine 150 mg comp + Efavirenz 200 mg comp coûtera
40 000 FCFA au lieu de 82 080 FCFA. Par ailleurs, les malades disposeront
du cocktail communément appelé Triomune qui est une association
de la Lamivudine, de la Stavudine et de la Névirapine au prix de
22 000 FCFA.
Depuis plusieurs années, la CAMEG procède
à une baisse de ses produits. Cependant, le consommateur final ne
la ressent pas ?
Vous savez qu'entre la CAMEG et le consommateur final, il y a les
acteurs de la distribution que sont les dépôts de district, les
CSPS dans le circuit public et les officines pharmaceutiques dans
le circuit privé. Ces différents acteurs ont des charges de gestion
qu'on retrouve dans la structure des prix. Au Burkina, les prix
sont encadrés à la fois par le ministère du Commerce et de celui
de la Santé, de sorte qu'ils sont fixés par arrêté ministériel.
Cependant, il faut veiller à ce que ces prix soient respectés.
Avec ces baisses, pouvez-vous nous rassurer
que les médicaments essentiels génériques de la CAMEG seront toujours
de bonne qualité ?
Il y a un équilibre à trouver entre le prix et la qualité des produits.
Je tiens à vous rassurer que notre système d'assurance qualité dont
la gestion est assurée par des professionnels du médicament est
fait pour nous mettre à l'abri d'éventuelles surprises. A notre
demande, nos produits font l'objet de contrôle au niveau de laboratoires
européens réputés et récemment du Laboratoire national de contrôle.
Régulièrement, nous prélevons des échantillons pour les besoins
du contrôle de qualité. Lorsque nous avons des doutes sur la qualité
d'un produit, nous procédons à son retrait et à sa destruction.
Bernard Zangré
Lire l'article original : http://www.lobservateur.bf/quotidiens/select.asp?Numero=2193
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