Le Pr. Awa Coll Seck n'est plus candidate à la direction de l'Organisation
mondiale de la Santé. La nouvelle a été annoncée par l'intéressée
elle-même, hier, à l'hôtel Intercontinental de Genève en présence
de l'ambassadeur Ousmane Camara, de André Basse de la Mission permanente,
de M. Badara Samb de l'OMS, et Mme Cathy Cissé Wane, conseillère
technique au ministère de la Santé.
En effet, l'Union africaine a entériné la candidature du Premier
ministre de Mozambique au détriment de celle qu'on présentait comme
la candidate de l'espoir qui ferait "honneur à l'Afrique et aux
femmes". Mme Awa Coll Seck a retiré sa candidature en concertation
avec le président de la République, Abdoulaye Wade.
Ce dernier "a pris la décision la plus sage pour éviter qu'il y
ait des tensions et de l'animosité entre Africains.
Nous ne voulions pas créer des problèmes pour l'Afrique. Nous sommes
désolée, nous pensions apporter quelque chose. Nous nous retirons
et nous allons le soutenir et nous demandons aux amis du Sénégal
d'en faire autant", a déclaré le ministre sénégalais de la Santé.
Avec le retrait de Awa Coll Seck, c'est toute une stratégie consistant
à la mobilisation générale qui aurait permis une présence africaine
au premier tour d'élections (short list) par la présentation de
deux ou trois bons candidats africains qui s'ébranle. Cette multiplicité
de la candidature africaine aurait donné la confiance d'une sécurité
pour avoir au moins un Africain lors du premier tour d'élections.
Mais, cette stratégie n'a pas été comprise de cette manière par
certains pays africains. Dans la recherche de l'unité, l'Union africaine
a employé une méthode qui n'était pas démocratique. En effet, à
Tripoli, lors de la session extraordinaire de l'Union africaine,
le Comité de candidature s'est statué uniquement sur le candidat
de la Mozambique.
Et notre ministre de se dit désolée : "Mon dossier aurait été oublié
à Addis-Abéba. Les règles de l'Organisation de l'Union africaine
n'ont pas été respectées, car le Comité devrait réunir ses membres
en marge d'une commission ordinaire non en commission extraordinaire
comme ce fut le cas".
C'est à la sortie de cette rencontre que l'Union africaine avait
entériné la candidature du Premier ministre mozambicain. Pourtant,
pour celle qui voulait transformer l'OMS en une force critique pour
améliorer l'état de santé des populations, en mettant la personne
au cœur des politiques et programmes comme acteur central de sa
santé et défendre certains groupes vulnérables qui continuent injustement
de payer un lourd tribut à la maladie du fait de la pauvreté, de
la précarité de leurs conditions de vie ou de leur âge, il n'y a
pas de regret.
Mieux, elle appuiera la décision africaine comme lui demande le
chef de l'Etat. Mais, espère-t-elle qu'au seuil du troisième millénaire,
que des enfants ne meurent plus faute de vaccination et que les
femmes ne décèdent plus par défaut de surveillance pendant la grossesse
et d'assistance pendant l'accouchement.
De même, comme elle l'a souligné dans "sa vision", "il est inconcevable
que la prise en charge des personnes âgées, la dépendance des jeunes
surtout aux substances nocives et les conséquences sanitaires des
violences ne fassent pas l'objet de programmes plus hardis".
Reste à savoir si les Africains sauront saisir cette chance de
transformer les discours en réalité face à une Europe plus organisée
qui ne laissera aucun terrain au Continent noir. Madame Awa Coll
Seck a tenu aussi à exprimer toute sa reconnaissance au Gouvernement,
à la société civile sénégalaise qui s'était indistinctement mobilisée
pour la soutenir et à la Presse d'avoir fait son travail.
EL HADJI GORGUI NDOYE CORRESPONDANT A GENEVE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=22939
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