Ils
ont déserté salles de consultations, de pansements,
de suite de couche, les laboratoires etc. hier matin, au grand dam
des patients. Qui avec désolation observaient les infirmiers,
sages-femmes, techniciens de laboratoire, attroupés dans la
cour des structures sanitaires d’Abidjan.
Hier à 8 H 30 au CHU de Cocody, c’est ce constat qui s’est
imposé à nous. Les blouses roses à rayures pour
les sages-femmes et blanches pour les autres ont investi le parking
réservé au personnel.
La grève annoncée par le préavis en date du vendredi
15 février dernier entrait ainsi en vigueur. Une grève
de 48 heures c’est-à-dire selon le porte-parole du collectif
des syndicats des infirmiers, des sages-femmes et techniciens supérieurs
de la Santé M. Boko Kouaho dit BK lors d’un meeting animé
hier devant la cafétéria du CHU de Treichville: “deux
journées sans consultation, sans seringue, sans pansement,
deux journées sans rien… ”, BK signifiait ainsi que
la grève entamée hier est de type A, c’est-à-dire
une grève sèche sans service minimum.
9 H, nous sommes au centre de Santé urbain de Cocody Nord qui
partage la même cour avec la pouponnière.
Au centre de Santé, le médecin-chef s’organisait
pour ne pas pénaliser les quelques patients inquiets assis
sur les bancs et s’adressa à la dame de la caisse. “Il
faut répartir les patients parce que apparemment les infirmiers
ne sont pas là. Ils sont réunis à la PMI ”.
A la pouponnière, dans le bâtiment en face, Mme Akolo
sage-femme puéricultrice et surveillante était à
son poste avec la sage-femme en second et une fille de salle. “
Ce n’est pas que nous voulons nous désolidariser, mais
quand on a affaire à des êtres fragiles comme des prématurés
on ne peut pas faire autrement… ”
Cependant, le centre de prématuré de Cocody ne recevait
pas hier de nouveaux cas. Les autres collègues de Mme Akobo
ayant rejoint tous les autres infirmiers, sages-femmes et techniciens
de la Santé à la PMI de Cococdy où nous nous
sommes rendus aux environs de 9 H 30. Sous la conduite du responsable
syndicale de la section, M. Diabaté, ils étaient une
vingtaine sous le manguier dans la cour.
Ce rappel des troupes en ces lieux n’a d’ailleurs pas été
du goût de la directrice de la PMI qui l’a exprimé
au responsable syndical de la section. N’empêche, M. Diabaté
a pu regrouper tous les infirmiers, sages-femmes et techniciens travaillant
dans les centres de santé de Cocody. “ On affiche 100%
”.
10 H 35 nous tombons à pic sur un meeting des infirmiers, sages-femmes
et techniciens de la Santé exerçant au CHU de Treichville.
Une foule chauffée à blanc qui scandait entre deux propos
“N’Dori Démission, N’Dori Démis-sion”,
et présentant une grande seringue appelée “ le
N’Dorimicide ”.
Avec ce grand rassemblement, il n’était pas question d’assurer
le service minimum. “ Tous les services sont vides. Ce sont les
infirmiers qui tiennent le CHU, allez-y voir. Aujourd’hui, il
n’y a pas d’intervention dans tous les blocs opératoires…
donc nous sommes un maillon essentiel ” dira l’animatrice
du meeting responsable syndical de section. Qui va être relayée
par Boko Kouaho et Mme Adé Marie-Claire qui feront leur entrée
sous forte acclamation à ce meeting.
Ils annonceront le soutien d’autres syndicats tels ceux du personnel
administratif, des agents de services hospitaliers etc de même
que le soutien du Directeur de cabinet du ministre de la Santé,
M. Oupoh. Ils galvaniseront la foule en évoquant la grande
mobilisation à Bouaké et dans tout le pays. Et à
M. Boko de justifier cette grève qui est en tout point légal.
“Hier dimanche, c’était la journée de l’espoir.
Mais de 19 H à 21 H, chez le Premier ministre, aucun de nos
six points n’a eu de solution on ne nous a fait aucune proposition,
ni contre-propositions. On nous dit d’attendre 2003 pour que
tout soit réglé dans un cadre général,
nous sommes un cas spécifique… ”.
B. ZEGUELA
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l'article original : www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=9744
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