L'époque de l'Etat Providence est révolue.
C'est ce qu'a voulu démontrer Mme Rakotosoa Ny Avo Lalaina Murielle
dans sa thèse en Médecine qu'elle a présentée hier, vendredi 21
février 2003, à l'Ecole de Médecine d'Antsakaviro.
La jeune femme de 25 ans a choisi un sujet brûlant d'actualité,
touchant la politique même de santé publique de l'Etat malgache.
Elle s'est essayée avec force et conviction de convaincre les membres
du Jury ainsi que l'assistance de la pertinence de ses études, fruit
d'un travail de recherches d'environ 7 mois. "Santé pour tous en
l'an 2000".
C'est dans ce slogan que réside l'intérêt de la thèse soutenue.
Elle fait un état des lieux des conséquences immédiates de la suspension,
qui est entrée en vigueur le 31 juillet 2002 par une note de service
du Ministère de la Santé, sous l'impulsion du Président de la République.
Inconvénients
Mais la cessation de la PFU (Participation Financière des Usagers)
dans les établissements publics n'allait pas sans inconvénients
pour les consultants et le personnel du CSB II de Mahamasina, où
les enquêtes ont été effectuées.
Le problème se présente au niveau de la gratuité des soins d'abord.
Elle a fait perdre plus d'une centaine de milliards de Fmg aux rentrées
de caisse de l'Etat. 64,17 % de la population d'étude sont conscients
des conséquences à long terme du système. Le taux de fréquentation
du CSB est passé de 6,73% en 2001 à 9,44% en 2002. 80% des personnes
enquêtées ont constaté une carence tant en qualité qu'en quantité
des soins prodigués. Les ruptures de stocks sont fréquentes, et
l'aide de l'Etat dans le Crédit Intentions pour les Pays Pauvres
Très endettés s'est avérée largement insuffisante.
Sur les prestations de service, 70,83% des échantillons d'étude
ont ressenti une nette diminution de leur qualité : les temps d'attente
s'allongent, les durées de traitement s'amenuisent…
L'équité a pris le pas sur la qualité ! Quant au corps soignant,
une surcharge de travail, une insuffisance de l'effectif du personnel,
une incompatibilité du local, une insuffisance de matériels et du
budget de fonctionnement, l'absence de motivation deviennent son
lot quotidien.
Suggestions
En somme, tant d'arguments tendant vers un retour imminent à la
PFU. Un retour qui pourrait s'accompagner de quelques mesures :
mettre à la portée de tous, le prix des médicaments, donner un statut
spécial aux indigents, augmenter le budget étatique de santé, programmer
des formations sanitaires et des remises à niveau du personnel médical,
initier un système de motivation, sensibiliser l'opinion sur les
avantages du système…
La candidate, maintenant docteur, entend apporter sa contribution
dans la promotion de la santé en général, dans la ligne d'un développement
économique et social rapide et durable du pays. Elle suggère d'instaurer
les mesures spéciales du "pré-paiement", qu'elle juge opportun pour
faire subventionner, par ceux qui ont les moyens, les soins ultérieurs
des défavorisés.
Une stratégie partant de la base, tendant vers un retour incontournable
du recouvrement de coûts, afin de faire face à la démographie galopante
de notre peuple.
A l'exception de quelques critiques sur des imperfections de fond
et de forme, l'impétrante s'en est sortie avec brio, et de façon
magistrale, de ses présentations. Elle a effectué son serment d'Hippocrate
et a reçu avec une vive émotion la délibération du Jury, présidé
par le Professeur Rakotomanga Samuel, Professeur émérite de Médecine
Préventive, Santé Publique et Hygiène. Lequel lui a attribué, à
l'unanimité, une Mention très honorable avec les félicitations du
Jury.
Nirina Rajaonarivo
Lire l'article original : http://www.midi-madagasikara.mg/
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