L'Initiative de l'OMS/ONUSIDA pour les vaccins VIH demande l'accélération
des recherches afin de tirer parti des résultats de l'essai.
Les résultats préliminaires d'un essai à grande échelle d'un vaccin
expérimental contre le SIDA, annoncés aujourd'hui par la compagnie
américaine de biotechnologie VaxGen, suggèrent qu'il est possible
de protéger certains individus de l'infection par le VIH. L'essai
du vaccin AIDSVAX de cette compagnie semble montrer un certain effet
protecteur parmi les populations non-caucasiennes, notamment africaines
américaines, bien que la taille des échantillons ait été peu élevée.
Toutefois, pour la majorité des participants, qui étaient Caucasiens,
l'effet du vaccin a été minime.
La compagnie a cependant souligné que les résultats annoncés aujourd'hui
ne sont que les conclusions d'une première analyse. D'autres études
seront effectuées au cours des semaines à venir afin de mieux clarifier
les données.
"Ces résultats sont prometteurs. L'essai prouve clairement qu'un
vaccin peut être efficace," a déclaré le Dr Piot, Directeur exécutif
de l'ONUSIDA. "Cependant, il est urgent de procéder à des recherches
plus ciblées pour déterminer pourquoi le vaccin candidat ne semble
fonctionner que dans certains sous-groupes de la population. En
attendant, nous devons poursuivre l'élargissement des efforts de
prévention existants, qui ont démontré leur efficacité lorsqu'ils
sont mis en œuvre à grande échelle."
Ce vaccin candidat constitue une étape prometteuse, mais un vaccin
efficace apportant une très large protection ne se profile pas encore
à l'horizon. L'essai de Phase III du AIDSVAX a été le premier essai
à grande échelle d'un vaccin VIH sur l'être humain. Cet essai a
été rendu possible grâce à la participation de plus de 5400 volontaires
au Canada, aux Etats-Unis et aux Pays-Bas, dont la majorité étaient
des hommes qui ont des rapports sexuels avec des hommes.
Les essais de Phase III, qui impliquent des milliers de volontaires
et visent à déterminer si un vaccin expérimental est efficace et
peut sans risque protéger les individus, ne sont réalisés que lorsque
les essais de Phase I et II ont permis d'assurer que le vaccin est
sans danger et produit un réponse immunitaire au virus.
Le vaccin utilisé dans cet essai a été conçu pour réduire la sensibilité
à l'infection par le VIH de sous-type B, qui est répandu dans les
Amériques, en Europe occidentale, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
A ce jour, 11 sous-types du VIH-1 ont été identifiés. Le fait de
devoir mettre au point un ou plusieurs vaccins efficaces contre
les principaux sous-types de VIH constitue l'une des grandes difficultés
entourant le développement d'un vaccin anti-VIH.
"La poursuite des recherches sur un vaccin VIH reste une urgence
mondiale," a déclaré le Directeur général de l'OMS, Gro Harlem Brundtland.
"De nombreux autres essais seront nécessaires pour mettre au point
des vaccins efficaces contre le VIH, notamment contre les sous-types
les plus répandus du VIH, qui ont un impact dévastateur sur les
populations d'Afrique subsaharienne." Le Dr Brundtland a ajouté
que les gouvernements nationaux, le secteur privé et la communauté
internationale doivent faire en sorte qu'un programme solide de
recherche vaccinale se poursuive et que des programmes efficaces
de prévention, de prise en charge et de traitement soient disponibles.
VaxGen pilote également un autre essai en Thaïlande, avec un vaccin
expérimental utilisant les sous-types B et E du VIH. Cet essai,
qui regroupe plus de 2500 volontaires, pour la plupart des consommateurs
de drogues injectables, devrait apporter de précieuses connaissances
supplémentaires sur l'efficacité de ce type de vaccin candidat.
Les résultats sont attendus d'ici à la fin de 2003. VaxGen conduit
en outre des recherches pré-cliniques portant sur la mise au point
d'un vaccin contre le sous-type le plus répandu, le sous-type C,
auquel sont imputables environ 50% de toutes les nouvelles infections
à VIH dans le monde.
Plusieurs autres vaccins candidats utilisant divers sous-types
de VIH sont testés actuellement par d'autres organisations publiques
et privées, pour la plupart aux Etats-Unis et en Europe, mais aussi,
de plus en plus, dans les pays en développement dans lesquels un
total de 22 vaccins VIH expérimentaux ont été testés ou sont à l'essai,
notamment au Brésil, en Haïti, au Kenya, en Ouganda, au Pérou, en
Thaïlande et à Trinité-et-Tobago. Un de ces vaccins candidats au
moins devrait parvenir aux essais de Phase III en Thaïlande cette
année, les résultats étant attendus quatre ans plus tard.
L'Initiative de l'OMS/ONUSIDA pour les vaccins VIH a été créée
en 2000 pour faciliter la mise au point et l'évaluation de vaccins
VIH appropriés et faire en sorte que, au moment où ils seront prêts,
ils soient financièrement abordables et disponibles pour tous ceux
qui en ont besoin.
Selon l'ONUSIDA et l'OMS, on estime à 42 millions le nombre de
personnes vivant avec le VIH/SIDA dans le monde, dont près de 30
millions en Afrique subsaharienne. On estime que 5 millions de personnes
ont été infectées par le VIH en 2002.
Pour plus d'informations :
Chris Powell - Chargé de l'Information Santé familiale et communautaire
OMS, Genève
Téléphone : (+41 22) 791 2888 Tél. portable : (+41) 79 217 3425
Email: powellc@who.int
Lire l'article original : http://www.who.int/mediacentre/releases/2003/pr19/fr/
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