Ouahigouya, chef-lieu de la province du Yatenga, située à 180 km
environ au Nord du Burkina, est devenu un symbole depuis vendredi
30 janvier 2004. Cette ville a été le cadre du lancement de "Vision
2010", un appel à une réduction de la mortalité maternelle et néonatale
au Burkina. Un cri du cœur solennellement lancé par Mme Chantal
Compaoré, épouse du chef de l'Etat et son hôte de marque, Mme Lobo
Touré, épouse du président malien.
En Afrique, un nombre important de femmes meurent en voulant donner
la vie, beaucoup de nouveau-nés ne passent pas le cap du premier
anniversaire. Selon les statistiques, chaque heure, 15 femmes meurent
de complications liées à la grossesse et à l'accouchement, 260 femmes
souffrent des complications liées à la grossesse, 25 nouveau-nés
meurent après l'accouchement. Au Burkina, l'enquête démographique
de 1998 et de santé révèle une estimation de 484 le ratio de mortalité
maternelle pour 100 000 naissances vivantes.
Ces données effrayantes ne peuvent laisser indifférentes les "Premières
dames" engagées qu'elles sont dans la promotion de la santé du couple
"mère-enfant".
En se réunissant en mai 2001 autour de cette problématique, les
Premières dames se sont engagées à travers une vision, un plan et
un programme à améliorer la situation. Mieux, à un atelier-bilan
en octobre 2003, de nouvelles orientations ont été adoptées.
Ouahigouya, d'une pierre plusieurs coups
La Fondation Suka, partie prenante de cet engagement en collaboration
avec le ministère de la Santé, s'est lancée dans le combat. La capitale
du Yatenga a été choisie pour un atelier de restitution de la rencontre
d'octobre 2003 à Bamako et pour le lancement officiel de la "vision
2010" au Burkina. La présidente de la Fondation Suka, Mme Chantal
Compaoré a invité pour la circonstance, une de ses consœurs défendant
la cause, la présidente de la "Fondation pour l'enfance", Mme Lobo
Touré, Première dame du Mali.
Ouahigouya n'a pas failli à son hospitalité légendaire. L'accueil
et la mobilisation à la place Naba-Koom étaient des grands. Pour
une question qui touche à leur vie, à celle de leurs enfants, les
femmes de Ouahigouya et des alentours ne se sont pas fait prier
pour venir écouter le message. L'appel à la promotion de la santé
maternelle et infantile, un thème repris dans les chansons des différentes
troupes d'animation et de danse mobilisées pour la circonstance.
La cérémonie était également empreinte d'ambiance familiale et de
témoignage de bon voisinage. Le privilège est revenu à Mme le député
Cécile Beloum de réaffirmer à Mme Lobo Touré qu'elle est chez elle
à Ouahigouya. Tout simplement, Mme la Première dame du Mali est
originaire d'une ville voisine, Mopti, localité jumelée à la ville
de Ouahigouya.
Soutien à "Vision 2010"
Conçue par les Premières dames d'Afrique, "Vision 2010" vise essentiellement
à réduire de 50% la mortalité maternelle et d'1/3, les maladies
liées à l'accouchement.
Cette volonté est saluée par les partenaires techniques et financiers
(PTF). Ainsi, Mme Joan French, représentante de l'UNICEF qui parlait
au nom de ceux-ci, a réaffirmé leur engagement "à accompagner la
réalisation de cette vision". Pour Mme French, "la lutte contre
la mortalité maternelle et néonatale est un combat qui se mène à
plusieurs niveaux et avec une synergie d'actions tout au long de
la vie d'une petite fille jusqu'à l'âge de l'achèvement de son rôle
reproductif". Pour le ministre de la Santé, M. Alain B. Yoda, la
cérémonie offre une tribune pour la diffusion de recommandations
et le début d'un processus de leur mise en œuvre. Selon lui, elle
traduit également le raffermissement des liens de partenariat entre
le ministère et la Fondation Suka.
Pour donner un signal fort à leur engagement, la Première dame
du Mali suggère que la date du 6 juin, fête des mères soit instituée
comme Journée africaine de la maternité sans risque. Mme Chantal
Compaoré, présidente de la Fondation Suka, tout en rappelant les
objectifs de "Vision 2010" a insisté sur la nécessité de changement
des mentalités, la mise à contribution du savoir-faire local.
Le discours de lancement de Mme Compaoré a été suivie de la remise
symbolique de matériel technique pour la réduction de la mortalité
maternelle et néonatale à l'hôpital et au district sanitaire de
Ouahigouya.
Les deux Premières dames avant de quitter le Yatenga, ont procédé
à l'inauguration d'un "village d'enfants malades du Noma" et présidé
l'ouverture des travaux d'une rencontre consacrée à la restitution
de l'atelier-bilan d'octobre 2003 de Bamako sur "Vision-2010".
Marceline ILBOUDO
Lire l'article original : http://www.sidwaya.bf/sitesidwaya/sidawaya_quotidiens/sid2004_03_02/sidwaya.htm
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