L'alerte a été donnée au niveau de l'hôpital de district de Deido,
il y a plus d'une semaine. Une dizaine de malades pour la plupart
en provenance du quartier Bépanda (précisément Bépanda Peuple) et
accueillis aux urgences de cet hôpital développaient des symptômes
semblables à ceux du choléra. Il s'agit de diarrhée, accompagnée
de vomissements et de douleurs abdominales.
Vendredi 23 janvier, le médecin chef de cette formation sanitaire,
le Dr. Pulchérie Salomé Nguélé, prudente, se refusait alors de confirmer
les résultats des échantillons envoyés pour analyses au Centre Pasteur
de Yaoundé. Et pourtant, le Délégué provincial de la santé publique
pour le littoral, Jérémie Sollé, reconnaît qu'il a été informé le
19 janvier par le médecin chef de cet hôpital et que 24 heures plus
tard, les résultats des tests envoyés au centre Pasteur étaient
déjà connus. Entre temps, les malades présentant les mêmes signes,
ont continué à arriver dans d'autres centres de santé de la ville,
et proviennent désormais de plusieurs quartiers de la ville.
Des éléments suffisants pour amener les responsables de la Santé
du littoral à sortir de leur mutisme pour confirmer finalement ce
dont la plupart des médecins chefs des hôpitaux de Douala se refusaient
de dire. Un mutisme déjà lourd de conséquences.
A l'hôpital Laquintinie par exemple, les morguiers ont reçu les
premiers corps sans précautions particulières, car n'ayant pas été
avertis de cette épidémie à temps par les responsables de l'hôpital.
Et comme le précise le Délégué provincial, "un malade est une source
de contamination, mais un mort également. La première grande épidémie
de choléra dans les années 70 au Cameroun avait été amplifiée à
cause de tous ces comportements rituels autour des morts. On lave
les corps et dans certaines régions, on pratique même des autopsies
traditionnelles. Ce sont des comportements à risques. Des familles
ont été décimées après avoir manipulé des corps". Il poursuit que
: "nous avons déposé des protocoles de traitement des corps dans
nos morgues. Le corps ne doit sortir de là que dans un cercueil
zingué et dûment scellé".
Après avoir reconnu qu'il s'agit bel et bien du choléra, Jérémie
Sollé justifie d'abord cette lenteur dans l'annonce officielle de
cette maladie. "Nous sommes en en médecine, nous gérons une épidémie,
un problème de santé mais également un problème social et même la
communication doit être coordonnée", explique t-il, avant de reconnaître
la gravité de la situation actuelle. "Nous avons une épidémie qui
évolue dans les normes, mais si nous ne travaillons pas efficacement,
on peut avoir une explosion de la maladie", affirme t-il.
D'après les chiffres fournis par la délégation provinciale de la
Santé publique, 96 cas de maladie ont été enregistrés dans les différentes
structures de santé de Douala. De nouveaux cas sont d'ailleurs sont
de plus en plus signalés. A cet effet, Jérémie Sollé déclare que
: "nous sommes dans une phase ascendante de la maladie". Et pour
démonter que le quartier Bépanda reste le foyer initial, 78 personnes
(sur les 96) atteintes sont des habitants de ce quartier, ou ont
été en contact, d'une manière ou d'une autre, avec cette partie
de la ville. Et le bilan enregistré hier (mercredi) auprès des six
hôpitaux de district de la vile de Douala (Bonassama, Deido, Cité
des palmiers, Logbaba, New Bell et Nylon) fait état de près de 8
morts. L'hôpital Laquintinie a, quant à lui, connu 4 décès. Sur
le pan médical, tous les hôpitaux ont été mis en état d'alerte.
Des espaces ont été libérés pour isoler les malades en fonction
des capacités de ces structures. Avec le concours des maries, les
malades sont jusqu'à présent gratuitement pris en charge. Les maires
ont ainsi adhéré de sorte que le budget prévisionnel présenté au
cours d'une réunion, tenue mardi dernier avec le gouverneur de la
province, a été pris en charge par eux. Aujourd'hui, l'origine de
cette épidémie semble bien se trouver dans la consommation d'eau
souillée des puits et autres sources insalubres. Des solutions de
rechange auxquelles beaucoup d'habitants de Bépanda avaient eu recours,
suite aux perturbations qu'a connues ce quartier dans le rationnement
en eau fournie par la Snec. Lazare Kolyang
Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=2&id=1075375999
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