Le Centre national hospitalier (CNH) de Fann, - c'est le nom que
porte maintenant les structures hospitalières de niveau 3 dans le
cadre de la réforme mise en œuvre depuis 1998- a décidé de franchir
de nouveaux pas dans son intégration des technologies de l'information
et de la communication (NTIC) avec la mise en œuvre, d'ici à un
peu plus d'un semestre, d'un système d'information médicale (SIM)
dans le cadre de son projet d'établissement hospitalier. Les techniciens
sont même allés en France pour étudier l'expérience du CHU de Grenoble,
dont le directeur général est attendu au Sénégal dans les prochaines
semaines.
C'est une innovation en la matière qui emboîte le pas aux premières
expériences de télémédecine démarrées par feu le Pr. Mamadou Guèye,
qui dirigeait à l'époque le service neurochirurgie de cet hôpital.
Selon le Pr. Bernard Diop de la clinique des maladies infectieuses
du CHN de Fann, qui pilote ce projet depuis plusieurs mois au sein
d'une cellule, "cet outil devrait permettre de mesurer l'activité
médicale et économique du CNH de Fann, d'assurer, dans le respect
de la confidentialité des dossiers et de l'éthique médicale, une
continuité fiable du service sur les plans diagnostique et thérapeutique
et, surtout, de mesurer périodiquement les performances". Cet instrument
de collecte et de circulation de l'information médicale, comme l'a
rappelé le Pr. Diop, est déjà utilisé depuis plusieurs années en
Amérique du Nord (Etats-Unis et Canada), puis par les pays européens,
il y a de cela une vingtaine d'année, pour maîtriser les coûts des
prises en charge médicales dans ces formes diagnostiques et thérapeutiques,
la gestion spatiale et temporelle des hospitalisations. Ce tout,
collé aux données administratives (ressources humaines et finances),
offrira un tableau de bord qui doit renforcer le développement des
établissements publics hospitaliers qui, rappelle-t-on, prétendent
maintenant à de "gros" investissements, sont devenus autonomes et
devront faire face à la concurrence entre hôpitaux dans l'accueil,
la qualité, dans les offres de service et les coûts.
Le professeur Diop présentait, vendredi dernier, ce projet SIM,
aux membres de la commission nationale de validation des projets
d'établissement hospitalier, présidée par le directeur de Cabinet
du ministre de la Santé et de la Prévention, M. Moussa Mbaye. Il
y avait tout le staff de la direction de l'hôpital de Fann, conduit
par son directeur, le colonel Daouda Diène, venu subir, durant de
très longues heures, le "grand oral" de la validation de leur projet
d'établissement hospitalier qui requiert 28.538.318.000 Fcfa pour
la période 2004 à 2008, dont 14. 553.968.250 Fcfa soit 92,62 %,
attendus des partenaires au développement, contre 1.159.116.750
Fcfa à l'Etat, soit 7,38%.
Au bout du compte, le projet a été validé par la commission nationale
qui a toutefois émis des recommandations sur la forme et le fond
du document du projet du CNH de Fann. Après cette élaboration théorique
et cette validation, il reste maintenant à convaincre les partenaires
au développement à mettre de l'argent. Et là, il faudra miser sur
la justesse de la comptabilité analytique, les mesures de renforcement
de la gestion financière, le marketing, les relations publiques
et, surtout, la maintenance des équipements, la gestion et la motivation
des personnels.
L'hôpital de Fann, né en 1955, compte actuellement plusieurs services
médicaux. Dans son plan directeur, charpente maîtresse de son PEH,
on note plusieurs activités prévues de réhabilitation (neurologie,
psychiatrie, maladies infectieuses, bucco-dentaire, morgue, etc.)
et la construction de plusieurs autres unités pour la recherche,
la formation et la restauration, ainsi que de nouveaux services
médicaux (ORL, ophtalmologie et stomatologie, chirurgie thoracique,
etc.). Selon son directeur, le CNH de Fann veut, malgré tout, jouer
le rôle de service public. Dans sa présentation, le directeur a
mis l'accent sur "l'analyse de l'environnement interne qui englobe
des faiblesses qui constituent un handicap pour Fann qui cherche
à mieux satisfaire son public". Le Dr Momar Codé Bâ s'est appesanti
sur le projet médical et ses offres de soins qui vont permettre
au CNH de Fann d'être une référence nationale et ceci malgré la
concurrence. Il a insisté sur la réhabilitation et la construction
de nouveaux services afin de mieux améliorer la qualité de soins
et d'accueil des patients. L'aspect recherche et formation du personnel
n'a pas été occultée par le Dr Codé Bâ qui a conclu par le schéma
du plan directeur.
Sur la même lancée, le chef de service des soins infirmiers, M.
Baye Demba Ndoye, a abordé la question des soins infirmier en plaidant
pour une amélioration de la qualité des soins, suivie du perfectionnement
du cadre et du personnel. Le chef des services des soins infirmiers
a sollicité une meilleure prise en compte de son département pour
ne pas rater le train de la réforme. Pour Mme Arémata Danfakha,
chef de service des ressources humaines, l'analyse de la situation
du personnel est au beau fixe et le climat social satisfaisant avec
un dialogue permanent avec les représentants syndicaux.
A leur suite, MM. Mohamed Abdallah Guèye, Amadou Lamine Fall, Mme
Florence Senghor et le Dr Koura Ndao ont respectivement exposé les
perspectives entrevues dans les projets de gestion, de maintenance,
social et qualité. S'agissant du projet de maintenance, Amadou Lamine
Fall est revenu sur la vétusté et l'inadaptation des locaux et l'insuffisance
du personnel dans tous les corps de métiers. Pour le volet projet
social, Mme Florence Senghor, chef du Service social, a démarré
sa communication par l'état des lieux avec les difficultés et les
conditions de séjour des patients. Pour pallier ces difficultés,
Mme Senghor a listé un ensemble de besoins qui participeront à une
meilleure image de marque de l'hôpital. Abordant le projet de la
qualité, l'avant dernier thème des travaux, le Dr Koura Ndao a misé
sur un système d'amélioration progressive dans une démarche participative.
Basé sur une approche méthodologique, le projet qualité envisage
de trouver une solution à toutes les insuffisances pour une meilleure
prise en charge des patients. Le Dr Koura Ndao a insisté en précisant
que le véritable but est de délivrer à chaque patient l'assortiment
d'actes diagnostics et thérapeutiques qui lui assurera les meilleurs
résultats en termes de recouvrement de la santé ".
FARA DIAW
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=34414&index__edition=10098
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