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Lutte contre le sida: Des techniciens nigérians s’imprègnent de l’expérience sénégalaise - Le soleil - Sénégal - 20/03/02

Des techniciens de la santé publique nigérians sont à Dakar pour étudier l’expérience sénégalaise dans le domaine de la lutte contre le SIDA et, surtout, pour pouvoir mettre en œuvre un programme efficace d’accès aux thérapies antirétrovirales (ARV), sous la houlette d’experts sénégalais et américains.

Démarrer une initiative d’accès aux médicaments antirétroviraux (ARV) contre le VIH/SIDA n’est pas une mince affaire. Il y a des préalables qu’il faut remplir. Parmi ceux-ci, on peut noter : l’engagement politique, des appuis extérieurs, car les produits coûtent cher, des laboratoires de suivi biologique de virologie pouvant effectuer la numération des lymphocytes CD4 (globules blancs particulièrement visés par le VIH pour sa multiplication) et une surveillance des résistances éventuelles, une assiduité assurée dans la disponibilité en médicaments et un “coup de pouce” des firmes produisant et commercialisant les produits ARV à travers le bénéfice d’une baisse des prix substantielle comme celle qui a été accordée au Sénégal et à beaucoup d’autres pays.

Le Nigeria, pays le plus peuplé d’Afrique avec plus 160 millions d’habitants, a décidé de se lancer dans un programme d’accès aux médicaments ARV, mais aussi et surtout dans la mise en route d’un programme véritable de lutte contre le VIH/SIDA. La période des régimes de dictature militaire et les putschs intempestifs n’avaient pas permis de le faire. La situation épidémiologique du VIH/SIDA n’était pas du tout bien cernée. La mort par le SIDA du chanteur Fela Anikulapo Kuti, roi de “l’Afro Beat”, et l’avènement, par la voie démocratique, du président Oleye Oleisegun Obasanjo ont pour une grande part joué un rôle dans ce déclic en faveur d’une réaction dynamique contre le VIH/SIDA.

La rencontre technique sénégalo-nigériane est appuyée par la Fondation “Bill et Melinda Gates”. C’est la deuxième du genre à se tenir à Dakar sous la supervision d’experts composés de membres de l’équipe du Pr. Max Essex et conduits par le Pr. Phillis Kanki, de l’Université d’Harvard de Boston (Etats-Unis), du professeur de virologie/bactériologie, Souleymane Mboup, et du Directeur exécutif du Conseil national de lutte contre le SIDA, le Dr Ibra Ndoye.

Cette deuxième édition est axée essentiellement sur la gestion des infections sexuellement transmissibles (IST) et l’organisation de la thérapeutique rétrovirale. Au Nigeria, le Sida affecte, selon une dépêche de l’AFP, près de 2,6 millions de Nigérians et le taux d'infection par le VIH est manifestement en hausse. “Le taux de séroprévalence varie considérablement d'une région à l'autre du Nigeria, allant de zéro à 21 % dans certaines zones du pays”, selon des sources officielles, recueillies par l’AFP.

L’agence précise “que le taux de séro-prévalence de ce pays a passé de 1,8 % en 1991, à 3,8 % en 1993, puis 4,5 % en 1995 et, enfin, 5,4 % en 1999. Ce taux a augmenté de plus de 5 %. Rien ne peut prédire de ce que l’on découvrira quand tout sera mis en place en ce qui concerne la surveillance séro-épidémiologique. Plus de 60 % de la population nigériane a moins de 21 ans et les taux de pratiques sexuelles à risque sont élevés”.

PREVENIR DE NOUVELLES INFECTIONS

D’ailleurs, l’ambassadeur du Nigeria à Dakar, M. Souley Bouba, l’a précisé. “Le président Obasanjo et les nouvelles autorités sanitaires fédérales, dit-il, ont décidé de prendre le taureau par les cornes et mis la lutte contre le VIH/SIDA, comme une priorité, parmi les priorités”. Il y a quelques mois, le président Obasanjo avait même annoncé, selon la PANA, la création d'un centre de coordination ouest-africain de lutte contre le VIH/SIDA dans son pays.

Le Pr. Seydou Badiane, conseiller technique au ministère de la Santé et de la Prévention, a placé les priorités de la lutte contre le SIDA sur un triptyque précis et pragmatique, constitué de trois axes essentiels : prévenir les nouvelles infections à VIH (et les autres IST), inverser la propagation de l’épidémie et réduire son impact socio-économique, enfin, élargir l’accès aux médicaments ARV et ceux qui sont contre les infections opportunistes.

Le Pr. Souleymane Mboup a, de son côté, précisé les préalables à satisfaire pour une prise en charge efficace aux produits ARV et une surveillance séro-épidémiologique. Pour leur part, le Pr. Phillis Kanki et le Pr. Seydou Badiane ont magnifié la coopération scientifique entre les facultés de médecine des universités d’Harvard et Cheikh Anta Diop, avant de citer les acquis du Sénégal dans la lutte contre le VIH/SIDA. D’ailleurs, c’est grâce à une collaboration scientifique entre ces deux universités, conjointement avec les facultés de médecine des universités de Limoges et Tours (France), que le VIH 2 avait été isolé dans du sérum de prostituées dakaroises, en 1985.

Les techniciens nigérians sont donc venu “lire” l’expérience sénégalaise. On estime à 24,5 millions le nombre de personnes vivant en Afrique avec le virus du SIDA sur une population de 36 millions de malades dans le monde.
FARA DIAW

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=12452&index__edition=9542

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