Les populations du Nord et de la région montagneuse de l’Ouest, soit le tiers du pays, conscientes de la carence en iode dans leur alimentation, ont adopté une politique d’iodation du sel depuis 1995. Ce déficit en iode est dû à l’éloignement de la mer et de la forte consommation de manioc par ces populations.
Seulement voilà. 30 ménages sur 100 dans notre pays reçoivent ce sel iodé. Mais malheureusement un sel bien iodé au départ d’Abidjan arrive à l’intérieur du pays très appauvri en iode. Aussi le mardi dernier à l’INSP lors du colloque organisé sur “ la lutte contre les troubles dus à la carence iodée en Côte d’Ivoire ”, le directeur coordinateur du programme national de nutrition, le docteur Pierre Adou, a prévenu “ Si rien n’est fait d’ici 2005, 170.000 nouveau-nés vont souffrir de déficit mental en Côte d’Ivoire ”.
C’est que la carence en iode entraîne un retard mental grave et irréversible ou le crétinisme dont souffrent de nombreuses personnes dans l’Ouest-montagneux, notamment Man et sa région. L’autre conséquence du manque de l’iode dans l’alimentation et qui est prédominante dans l’Ouest également, c’est le goitre. Une maladie qui touche beaucoup plus la gent féminine, selon une étude présentée le mardi dernier par le docteur Paul Kouamé lors du colloque.
En effet, à Glanlé où l’étude a été conduite, 77 femmes sur 100 ont le goitre, qu’il soit très visible ou non.
Cette étude qui a permis de faire une estimation de la prévalence goitreuse en Côte d’Ivoire chiffre ce taux à 50,1%.
Avec un tel taux, notre pays ne peut qu’être une zone d’endémie goitreuse. Puisque selon l’OMS, une zone est considérée comme goitreuse lorsque 5% de sa population présente un goitre. Toute chose qu’a révélée le Professeur Adrien Lokrou, chef du service des maladies endocriniennes au CHU de Yopougon. Pour qui la localisation du problème devrait être en faveur de la lutte.
Pour une bonne prévention de la carence en iode, le Professeur Lokrou conseille une prise en charge collective et un accès facile à l’iode.
Mais la difficile distribution et le contrôle du sel iodé font courir aux femmes de hauts plateaux du Nord et de l’Ouest-montagneux en plus du goitre, le risque de faire des avortements et dans une certaine mesure d’accoucher de mort-nés.
Les enfants et adultes à la bouche entrouverte, avec de grosses lèvres, des pieds évasés, orteils rabougris, nains et souffrent de retard mental caractéristiques du crétinisme, sont légion dans ces régions endémiques. B. ZEGULE

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