"Psychiatrie,
psychanalyse, culture", le thème du 1er congrès
panafricain de santé mentale qui se tient depuis le 18 mars
au Cesag (Dakar), a servi de base de travail à des spécialistes
pour préconiser des canaux de réinsertion des malades
mentaux.
En
milieu psychiatrique, le traitement du malade met en branle tout
un dispositif médico-social pouvant assurer une bonne prise
en charge de ses besoins médicaux. C'est pourquoi, Mme Arame
Gaye Sarr souligne que l'écoute du patient et la détermination
de l'orientation thérapeutique indiquant le traitement subséquent
peuvent aller dans le sens de la guérison du malade ou une
nette amélioration de son état, de même que
la réconciliation de ce dernier avec lui-même et la
société. En outre, elle fait remarquer que la question
de la prise en charge du patient fait appel à un dynamisme
qui nécessite un professionnalisme et une volonté
ferme de la personne concernée et de son entourage. Selon
elle, la psychiatrie offre des services assez performants qui offrent
aux malades mentaux l'opportunité de bénéficier
des soins de qualité mais elle permet la réinsertion
du malade au sein de la société où il se meut.
En effet, dans son étude, Mme Arame Gaye Sarr relève
que la guérison et la réconciliation du malade avec
lui-même et la société vont dans le sens de
la prise en compte du besoin de socialisation de celui-ci qui, à
cause de son dysfonctionnement socio-affectif est à l'écart
le plus souvent. Aussi, pense-t-elle que pour que le patient puisse
retrouver une place durable dans son environnement, et être
en accord avec lui-même en retrouvant une nouvelle identité
positivement perceptible par lui-même et la société,
il est nécessaire de réunir les forces et ressources
internes et externes.
C'est
pour atteindre cet objectif qu'un plaidoyer pour une bonne réinsertion
des malades mentaux a été initié. Il s'agit,
selon M. Ansoumana Dione, de lutter contre le fléau que constitue
la discrimination, l'exclusion et le manque de soins à l'égard
des malades mentaux et parer ainsi à cette injustice "jamais
égalée". Il estime en fait qu'au Sénégal,
tout comme ailleurs en Afrique, le malade mental n'est pas considéré
comme priorité dans les systèmes de santé.
Il est victime de discrimination, et est souvent abandonné
à lui-même, dans des conditions indescriptibles, parfois
"inhumaines". Pour ce faire, une association qui œuvre
pour la réinsertion des malades mentaux et la lutte contre
les toximanies, compte mettre l'accent sur ce volet fondamental
qu'est la réinsertion social du malade afin de mieux l'aider
à reprendre sa place dans la société et participer
en même temps à son développement. C'est dans
ce cadre d'ailleurs, précise-t-il, qu'un programme national
de suivi et d'assistance aux malades mentaux aété
concocté et va impliquer l'action des populations dans la
lutte contre la drogue, aux côtés des forces de l'ordre.
Pour
le Pr. Oumar Sylla, psychiatre, la prise en charge des malades passe
par la mise en place de structures socio-sanitaires avec à
la clef, une dispensation de médicaments, des psychothérapeutes
et la réalisation d'une communauté thérapeutiques
comme c'est le cas du service psychiatrique de Fann. Il révèle
qu'il y a un effort qui est fait dans ce sens, mais qui doit être
renforcé au niveau de la décentralisation. Et de citer
l'exemple du centre "Dalal Khel" de Thiès ou le
village psychiatrique de Kénia à Ziguinchor. Le Pr.
Oumar Sylla déplore par ailleurs l'insuffisance du budget
alloué à ce secteur de la santé, celle des
structures socio-sanitaire et celle de formation. Ismaïla
SARRE
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l'article original : www.sudonline.sn/archives/20032002.htm
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