Comme
bon nombre de ses pairs d’Afrique et d’ailleurs, le Sénégal
connaît des insuffisances au niveau de ses programmes dans
le domaine de la santé mentale. En plus des problèmes
de personnel qualifié, d’infrastructures sanitaires,
il est confronté à un défaut de disponibilité
de médicaments, de statistiques fiables, de services de soins
communautaires structurés, entre autres manquements. C’est
ce qu’a révélé le Pr Omar Sylla, directeur
de l’Ecole nationale de développement sanitaire et social
(Endss) qui a animé, avant-hier, un point de presse en marge
des travaux du premier Congrès panafricain de santé
mentale ouvert hier par le ministre de la Santé et de la
Prévention.
Se
prononçant d’abord sur les services de soins communautaires
structurés, le directeur de l’Endss, par ailleurs chargé
de la presse du congrès, a affirmé que ceux-ci n’existent
pas encore au Sénégal. Mais à ce vide, il a
vite trouvé une solution en suggérant de procéder
à une mise à niveau, d’organiser une réflexion
sur tous les aspects que peuvent prendre les différents programmes
d’assistance en matière de santé mentale. Mais
le Sénégal n’est pas le seul pays membre de l’Oms
à ne pas disposer de ces infrastructures. Selon les chiffres
de l’Oms, 69 pays, soit 38 %, n’ont pas de services de
soins communautaires.
A
propos de la disponibilité des médicaments, M. Sylla
est d’avis qu’il y a encore des efforts à faire
même si, à l’hôpital Fann, des molécules
sont utilisées en psychiatrie et vendues dans le cadre de
l’Initiative de Bamako. Sur ce point, un communiqué
de presse de l’Oms indique que 25 % des pays ne disposent pas
de médicaments comme le neuroleptique, l’antidépresseur
et l’antiépileptique qui sont les plus couramment prescrits
et considérés comme des médicaments essentiels
pour le traitement des maladies mentales et des troubles neurologiques.
Interpellé
sur le taux actuel de représentativité des troubles
mentaux dans la charge nationale de morbidité, M. Sylla a
avoué que, jusqu’ici, il n’y a pas encore eu de
recherche axée sur la santé mentale. Car, justifie-t-il,
cela coûte de l’argent. Et c’est ce qui explique,
ajoute-t-il, le manque d’indicateurs fiables concernant la
mortalité et la morbidité. Il n’en demeure pas
moins que des recherches sont entreprises notamment au niveau hospitalier,
surtout avec les étudiants de la faculté de Médecine.
«Mais ce ne sont que des recherches de statistiques hospitalières»,
a précisé directeur de l’Endss qui ajoute qu’«on
ne peut pas s’y appuyer pour dire que la population souffre
de tant de déprimés». Si la recherche de statistique
nationale fiable pose problème aux chercheurs sénégalais,
il n’en est pas de même au niveau de l’Oms où
les enquêtes mondiales menées montrent que les troubles
mentaux et neurologiques représentent 11 % de la charge mondiale
de morbidité. Et ce chiffre n’est rien au regard des
projections de l’Oms. Selon l’organisation mondiale, d’ici
2020, le taux devrait atteindre 14,6 %. Ndakhté M. GAYE
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=8239&unelocale__edition=3006
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