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AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE : Les biotechnologies au secours des pays du Sahel - Wal Fadjri - Sénégal - 21/03/02

Le Sénégal est un pays agricole. Cette activité occupe environ 68 % de la population active du pays. Mais, du fait des aléas climatiques, la frange la plus importante de la population n’est productive que trois mois dans l’année, c’est-à-dire pendant l’hivernage. Cela se traduit, sur le plan économique, par la faiblesse de leur participation au produit intérieur brut. Par conséquent, le Sénégal, comme de nombreux autres pays de la zone sèche d’Afrique, éprouve des difficultés dans la réalisation de l’autosuffisance alimentaire. Mais tous ces aléas peuvent être surmontés grâce au développement des biotechnologies.

La recherche scientifique a opéré de grandes avancées ces derniers temps, notamment dans les domaines de la recherche en biologie cellulaire, la microbiologie, la biologie moléculaire, le génie génétique ou la biochimie. Le monde en est arrivé à un point où presque tout produit peut être amélioré et produit à grande échelle grâce aux manipulations génétiques. Les pays africains estiment que ce créneau peut leur offrir de belles possibilités de croissance, notamment dans les domaines agricoles.

Le Centre régional africain de technologie (Crat) réunit depuis hier, à Dakar, des scientifiques de plusieurs continents pour une table ronde. Celle-ci leur offre l’occasion d’échanger sur «Le développement du partenariat technologique international : applications au secteur des biotechnologies». La cérémonie inaugurale s’est déroulée sous la présidence de M. Modou Mboup, le directeur des Affaires scientifiques et techniques au ministère de l’Education. On a aussi noté la présence de M. Ahmed Razaoui, le représentant régional du Pnud. Le Dr Ousmane Kane, directeur exécutif du Crat, a délimité les enjeux de la rencontre : «Réunissant des enseignants, des chercheurs, des décideurs politiques et des opérateurs économiques, cette table ronde portant sur le développement du partenariat technologique international, à travers le secteur crucial des biotechnologies, se propose d’instaurer un courant fructueux d’échanges, de réflexions, de démonstration et de coopération susceptible d’aider à une meilleure utilisation des biotechnologies pour le développement intégral et durable de nos pays et, partant, de notre continent.» Ceci change des idées reçues en matière de découvertes génétiques animales ou végétales.

Dans beaucoup de pays africains et occidentaux, la perception des organismes génétiquement modifiés (Ogm) est négative. A la suite de l’activiste français José Bové, les militants de l’anti-mondialisme libéral tendent à considérer les nouvelles productions agricoles comme dangereuses pour la biodiversité. Cependant, le représentant du ministre de l’Éducation pense que «les biotechnologies pourraient nous aider à relever les multiples défis de notre développement, singulièrement ceux de l’autosuffisance alimentaire». L’autre avantage non négligeable dans ce contexte de pays à climat semi-aride, est que «la production biotechnologique est souvent continue et non soumise aux aléas climatiques ou saisonniers. Ce qui, pour des pays sahéliens comme les nôtres, victimes pendant de nombreuses années d’une sécheresse implacable, constitue un avantage majeur».

Mais l’appropriation des techniques de pointe en matière de biogénétique demande une formation pointue. L’investissement économique aussi se chiffre en termes de milliards de dollars, car l’arme alimentaire est redoutable et seules des sociétés bien équipées ont la capacité de s’en emparer. Cela a fait dire à l’un des participants à la table ronde que le transfert des technologies était souhaitable. Mais le meilleur des investissements restait la formation des élites universitaires. Seuls des chercheurs en nombre suffisant, informés de découvertes les plus récentes, peuvent empêcher que l’Afrique ne reste en rade dans le monde de la recherche et du développement. Car, ainsi que le note le Dr Kane, «l’échange suppose que chacun donne et reçoit de son vis-à-vis». M. Mboup enfonce aussi le clou. Il suggère de «développer une expertise locale capable d’assurer le fonctionnement, la gestion et la maintenance des supports technologiques, ainsi que d’en appréhender l’évolution dynamique, eu égard aux impératifs nationaux et régionaux de développement économique et social».

Le Crat a toujours travaillé en étroite collaboration avec l’Institut de technologie alimentaire (Ita) et l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra). Les participants à la table tonde de Dakar vont, demain, visiter les laboratoires de ces deux institutions. Ils vont ainsi s’imprégner des conditions de travail des chercheurs sénégalais et de leurs réalités matérielles. Mohamed GUEYE

Lire l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=8258&unelocale__edition=3007

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