Le
Sénégal est un pays agricole. Cette activité
occupe environ 68 % de la population active du pays. Mais, du fait
des aléas climatiques, la frange la plus importante de la
population n’est productive que trois mois dans l’année,
c’est-à-dire pendant l’hivernage. Cela se traduit,
sur le plan économique, par la faiblesse de leur participation
au produit intérieur brut. Par conséquent, le Sénégal,
comme de nombreux autres pays de la zone sèche d’Afrique,
éprouve des difficultés dans la réalisation
de l’autosuffisance alimentaire. Mais tous ces aléas
peuvent être surmontés grâce au développement
des biotechnologies.
La
recherche scientifique a opéré de grandes avancées
ces derniers temps, notamment dans les domaines de la recherche
en biologie cellulaire, la microbiologie, la biologie moléculaire,
le génie génétique ou la biochimie. Le monde
en est arrivé à un point où presque tout produit
peut être amélioré et produit à grande
échelle grâce aux manipulations génétiques.
Les pays africains estiment que ce créneau peut leur offrir
de belles possibilités de croissance, notamment dans les
domaines agricoles.
Le
Centre régional africain de technologie (Crat) réunit
depuis hier, à Dakar, des scientifiques de plusieurs continents
pour une table ronde. Celle-ci leur offre l’occasion d’échanger
sur «Le développement du partenariat technologique
international : applications au secteur des biotechnologies».
La cérémonie inaugurale s’est déroulée
sous la présidence de M. Modou Mboup, le directeur des Affaires
scientifiques et techniques au ministère de l’Education.
On a aussi noté la présence de M. Ahmed Razaoui, le
représentant régional du Pnud. Le Dr Ousmane Kane,
directeur exécutif du Crat, a délimité les
enjeux de la rencontre : «Réunissant des enseignants,
des chercheurs, des décideurs politiques et des opérateurs
économiques, cette table ronde portant sur le développement
du partenariat technologique international, à travers le
secteur crucial des biotechnologies, se propose d’instaurer
un courant fructueux d’échanges, de réflexions,
de démonstration et de coopération susceptible d’aider
à une meilleure utilisation des biotechnologies pour le développement
intégral et durable de nos pays et, partant, de notre continent.»
Ceci change des idées reçues en matière de
découvertes génétiques animales ou végétales.
Dans
beaucoup de pays africains et occidentaux, la perception des organismes
génétiquement modifiés (Ogm) est négative.
A la suite de l’activiste français José Bové,
les militants de l’anti-mondialisme libéral tendent
à considérer les nouvelles productions agricoles comme
dangereuses pour la biodiversité. Cependant, le représentant
du ministre de l’Éducation pense que «les biotechnologies
pourraient nous aider à relever les multiples défis
de notre développement, singulièrement ceux de l’autosuffisance
alimentaire». L’autre avantage non négligeable
dans ce contexte de pays à climat semi-aride, est que «la
production biotechnologique est souvent continue et non soumise
aux aléas climatiques ou saisonniers. Ce qui, pour des pays
sahéliens comme les nôtres, victimes pendant de nombreuses
années d’une sécheresse implacable, constitue
un avantage majeur».
Mais
l’appropriation des techniques de pointe en matière
de biogénétique demande une formation pointue. L’investissement
économique aussi se chiffre en termes de milliards de dollars,
car l’arme alimentaire est redoutable et seules des sociétés
bien équipées ont la capacité de s’en
emparer. Cela a fait dire à l’un des participants à
la table ronde que le transfert des technologies était souhaitable.
Mais le meilleur des investissements restait la formation des élites
universitaires. Seuls des chercheurs en nombre suffisant, informés
de découvertes les plus récentes, peuvent empêcher
que l’Afrique ne reste en rade dans le monde de la recherche
et du développement. Car, ainsi que le note le Dr Kane, «l’échange
suppose que chacun donne et reçoit de son vis-à-vis».
M. Mboup enfonce aussi le clou. Il suggère de «développer
une expertise locale capable d’assurer le fonctionnement, la
gestion et la maintenance des supports technologiques, ainsi que
d’en appréhender l’évolution dynamique,
eu égard aux impératifs nationaux et régionaux
de développement économique et social».
Le
Crat a toujours travaillé en étroite collaboration
avec l’Institut de technologie alimentaire (Ita) et l’Institut
sénégalais de recherches agricoles (Isra). Les participants
à la table tonde de Dakar vont, demain, visiter les laboratoires
de ces deux institutions. Ils vont ainsi s’imprégner
des conditions de travail des chercheurs sénégalais
et de leurs réalités matérielles. Mohamed GUEYE
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=8258&unelocale__edition=3007
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