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1er congrès panafricain sur la santé mentale: la collaboration avec les tradipraticiens incontournable - Le soleil - Sénégal - 22/03/02

Les travaux du premier Congrès panafricain sur la santé mentale se sont achevés, mercredi dernier à Dakar, par un ensemble de recommandations tirées des réflexions échangées au sein de quatre ateliers. Pour le Pr. Momar Guèye, “les praticiens en santé mentale de la médecine moderne, comme ceux de la médecine traditionnelle, recherchent tous un même but qui est de faire retrouver au patient un bien-être physique, mental, psychique et social. Si telle pratique ou telle autre peut guérir un patient, nous devons tous en tenir compte et nous soutenir à travers des échanges mutuels”.

Parmi les nombreuses recommandations qui ont été “listées” à la fin, mercredi dernier, des échanges entre praticiens de divers horizons au 1er Congrès panafricain sur la santé mentale, on note une position très importante, qui insiste sur la complémentarité des pratiques thérapeutiques entre “psy”, tradithérapeutes et thérapies religieuses. Une autre recommandation, qui attire l’attention, est relative à “une écoute contextualisée”. Celle-ci repose sur “la nécessité de disposer d’une grille de lecture admise à la fois par le patient et le thérapeute”. C’est ainsi qu’il a été souligné l’intérêt pour les professionnels de la santé de bénéficier “d’un enseignement scientifique de sociologie et d’anthropologie dans leur cursus professionnel”.

Une place a été également réservée à l’impact des conflits armés. Les participants ont admis la nécessité de s’intéresser de plus près à la réalité des effets psychiques de ces conflits armés sur les populations civiles et les soldats. Enfin, la promotion d’une prévention en matière de santé mentale et d’une bonne communication entre les praticiens, les malades et leurs familles, qui doivent garantir une observance efficace des thérapies, a retenu l’attention des congressistes.

Ces recommandations semblent, comme la thérapie de la plupart des troubles mentaux, soulever la nécessité, non pas “des séances d’électrochocs”, mais des traitements de (très) longue durée, avec des “posologies” diverses de propositions. Il faudra assurément un “après-Dakar”. Le diagnostic effectué après ces trois jours de travaux sur les besoins et les capacités africains, les pratiques endogènes et d’ailleurs, notamment dans l’intégration de la spécificité des données culturelles dans la psychothérapie, laissent aisément deviner qu’il faudra d’autres “séances d’écoute mutuelle” entre spécialistes de divers horizons.

“PARENT PAUVRE” DU SECTEUR DE LA SANTE

Il s’agissait, en fait, pour cette rencontre de Dakar, “de faire l’inventaire de toutes les pratiques en santé mentale, recensées en Afrique, des acteurs de ce secteur de la santé, de leurs démarches, des techniques et des moyens, mais aussi de discuter du comportement du public et de ses besoins de plus en plus importants.

Plus de 150 acteurs de diverses disciplines intervenant dans la santé mentale (psychiatres, psychologues, pédopsychiatres, éducateurs sociaux, neurologues) ainsi que des spécialistes dans les sciences sociales (sociologues, ethnologues et anthropologues) et même des tradithérapeutes, ont tenté de “débroussailler” les champs de la pratique en santé mentale, un sous-secteur qui, selon certains, est le “parent pauvre” du secteur de la santé.

Selon le Pr. Momar Guèye, chef de la clinique de psychiatrie du CHU de Fann, “les résultats de ce congrès devraient permettre à nos pays (ndlr : ceux d’Afrique) d’ouvrir des voies allant vers une plus grande efficacité opérationnelle dans la prise en charge des problèmes mentaux, notamment les maladies et troubles du comportement”.

Le Pr. Momar Guèye a aussi indiqué qu’il faudra d’autres efforts pour combler le déficit en ressources humaines. Si en Afrique, on compte 1 psychiatre et 1 neurologue pour 4 à 8 millions d’habitants, au Sénégal, qui semble relativement mieux loti, il y a 1 psychiatre et un neurologue pour 1,1 million d’habitants.

POLITIQUE DE FORMATION

Il faudra donc continuer, sans faiblir, à chercher de “lumineux” points de rencontres entre pratiques occidentales et africaines, trouver leurs limites objectives, déterminer ce qu’il faut renforcer, prendre ou laisser, chez soi ou chez l’autre, afin que s’enclenche, enfin, un développement “plus équilibré et plus large” de la santé mentale.

C’est ainsi que les congressistes ont retenu de faire un plaidoyer en faveur d’un appui à une “véritable” politique de formation des personnels en santé mentale et d’un développement d’un partenariat interculturel. Ils ont appelé les professionnels de la santé mentale à “s’imprégner en permanence des transformations sociales et économiques de leur pays dans la mesure où ces “mutations sont à la fois source de problèmes pathologiques et peuvent influencer l’expression des symptômes”.

En somme, cette rencontre a laissé percevoir l’image d’une marmite dans laquelle bouillonnent : “connaissances et aptitudes de praticiens africains, imbibés de formation à “l’occidentale”, spécificités culturelles, facteurs sociaux, insuffisance de moyens, subjectivité du public, multiplicité des méthodes thérapeutiques, ésotérisme clos de pratiques traditionnelles, etc.”.

Pour le Pr. Momar Guèye, “les praticiens en santé mentale de la médecine moderne, comme ceux de la médecine traditionnelle recherchent tous un même but, qui est de faire retrouver au patient un bien-être physique, mental, psychique et social. Si telle pratique ou telle autre peut guérir un patient, nous devons tous en tenir compte et nous soutenir à travers des échanges mutuels”.

“On ne peut pas empêcher à quelqu’un d’aller consulter un tradipraticien, dans la mesure où il vit sa culture avec ses références et ses représentations propres”, a expliqué le psychiatre sénégalais. FARA DIAW

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=12544&index__edition=9544

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