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Sida dans le Moyen Comoé : Assana invite les populations à s’organiser contre l’urgence - Fraternité matin - Côte d'Ivoire - 26/03/02

Ils soutiennent souffrir d’un paludisme chronique alors que la goutte épaisse n’en révèle pas la présence. Tout comme le sérodiagnostic de Vidal et Félix ne mettra pas à nu une fièvre typhoïde. Pourquoi ne pas en avoir le cœur net en faisant le test de dépistage du VIH ? Jamais ! Ils préfèrent ne pas savoir, se voilant ainsi la face. Cette réalité n’est peut-être pas propre à la seule région du moyen Comoé, mais ce sont des témoignages de médecins exerçant à Abengourou et à Agnibilékrou. Deux départements que la ministre déléguée auprès du Premier ministre chargée de la lutte contre le sida, Mme Assana Sangaré Ouattara, a visités du jeudi au dimanche dernier dans le cadre de la toute 1ère étape d’une caravane d’information et de sensibilisation qui fera le tour de la Côte d’Ivoire.
Au cours de cette visite, Mme Assana et son équipe ont rencontré jeunes et vieux, chefs religieux, rois de l’Indénié et du Djuablin, autorités politiques et administratives, associations, etc. pour leur tenir le langage de vérité sur cette pandémie dans tout le pays en général et dans le Moyen Comoé en particulier : “ Le sida est une réalité et les clignotants sont au rouge… ”.
En effet, au CHR d’Abengourou où nous avons rencontré le docteur N’Guetta Olivier du service de médecine, le Vih/sida est là, mais les gens aiment à se voiler la face. A preuve, sur les 200 à 250 consultations assurées par mois par le docteur N’Guetta, 20% au moins présentent des signes suspects du Vih/sida. Mais les patients eux préfèrent ne rien savoir de leur sérologie du VIH, jusqu’à ce qu’ils se retrouvent dans l’un des 25 lits du service d’hospitalisation ou qu’ils disparaissent de la ville pour se réfugier au village. Quelques demandes de tests de sérologie du VIH ( face visible de l’iceberg) sont tout de même faites au laboratoire du CHR. Un laboratoire qui ne connaît plus de rupture de réactif depuis que le projet RETRO-CI assure son approvisionnent. C’est ainsi que dans la semaine du 18 au 24 mars, 18 demandes de tests ont été adressées au laboratoire du CHR selon M. Somé You, l’un des trois laborantins que nous avons rencontré. Des demandes émanant du centre antituberculeux, de la PMI, de la maternité du CHR, de même que des patients qui y sont hospitalisés. Au dispensaire de Dioulakro, le docteur Leaman Moussa Jean, Médecin-chef était le vendredi 22 mars lors de notre passage à sa 41e demande de sérologie du VIH depuis le mois de septembre 2001. Les patients à qui il a été demandé de faire une sérologie du VIH sont essentiellement des jeunes de 18, 22 et 31 ans. Et des 41 cas suspects du Vih/sida, 39 se sont révélés positifs. Devant de telles réalités, le docteur Leaman souhaite que Abengourou soit un centre accrédité ou un centre de suivi, afin que ces malades aient accès aux antirétroviraux.
Bondoukou, choisie comme centre de suivi, est plus éloignée d’Abengourou que ne l’est cette dernière ville d’Abidjan. Bref Abengourou connaît le Vih/sida. Agnibilékro aussi. Même si, le test de dépistage du VIH réalisé seulement par une pharmacie de la place à 6500F est un frein à la connaissance de l’état, sérologique des populations. Mais malgré ce fait, le docteur Anon Adoh Barthélémy, Médecin-chef du service de médecine à l’hôpital général d’Agnibilékro et responsable du centre de diagnostic et de traitement intégré de la tuberculose soutient que le sida est une réalité en milieu hospitalier. Une réalité basée sur une étude qu’il réalise depuis 1999 sur les causes des décès enregistrés dans la structure où il travaille.
En effet, les résultats préliminaires de cette étude encore inachevée montrent que le sida est responsable de 15% des décès survenus à l’hôpital. Au 31 décembre 2000, Abengourou comptait 4606 cas cumules de sida et la prévalence était depuis 1998 à 11,96% . La semaine dernière, lors du sida tour qui a démarré par cette région, les populations du moyen Comoé ont appris avec émotion, selon les exposés faits sur la situation épidémiologique récente de la pandémie du siècle dans notre pays, que ce taux est passé à 14,6%, soit une augmentation de 2,64%.
Pour la ministre Assana Sangaré Ouattara, il y a urgence, le clignotant est au rouge. Et elle l’a signalé aux populations en demandant aux jeunes d’adopter ce slogan et de le traduire en comportement :“ l’abstinence jusqu’au mariage et après le mariage la fidélité. ” Même si aux populations de l’Indenié et du Djuablin, il a été également proposé “ la solution capote ” avec la troupe “ Mamboya ” et ce message “ jeunes du Djuablin attention sida : clignotant au rouge. Clignotant au vert possible avec AFP ( abstinence, fidélité et préservatif ) ”, Mme Assana Sangaré a insisté sur l’abstinence et la fidélité. “ Pourquoi les jeunes de maintenant ne développeraient pas ces vertus puisque nos parents l’ont fait ” ? s’est-elle interrogée. Toujours est-il que rois, chefs traditionnels et religieux, autorités administratives et politiques ont promis soutenir la lutte contre le sida en épaulant le délégué départemental installé par Mme Assana à Agnibilékro, le docteur Anon et celui qui le sera par le préfet à Abengourou. Et pour les populations, ensemble, ils organiseront l’urgence qu’est devenue le Vih/sida dans le moyen Comoé. Envoyée spéciale B. ZEGUELA

Lire l'article original : www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=10199

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