L'actualité

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L'actualité de la santé en Afrique

Repenser la formation des médecins - Walfadjri - Sénégal - 14/03/2004

(...) Les problèmes qui se posent à nos systèmes de santé sont nombreux : égalité d'accès aux soins, qualité des soins, rationnement des ressources, satisfaction du consommateur de soins, droits de l'individu et de la collectivité, déterminants environnementaux de la santé. En même temps, d'énormes progrès ont été réalisés dans les méthodes de diagnostic et de traitement, les systèmes de bibliothéconomie et les méthodes d'apprentissage assisté ainsi que dans les systèmes de gestion des données. Cet essor rapide de la technologie a entraîné une demande constante de nouvelles aptitudes et de spécialisations plus poussées.

Si l'évolution des besoins en matière de santé, ainsi que les façons d'y répondre, ont des conséquences sur la formation, l'explosion des moyens de communication et d'information doit entraîner des transformations de l'enseignement qui est dispensé à la faculté de Médecine de Dakar. La place de la santé, dans un modèle pluridimensionnel de développement humain durable est l'un des messages clés des objectifs du millénaire pour le développement (Omd). Six des huit objectifs sont en rapport direct ou indirect avec la santé. La réalisation de la plupart de ces objectifs, comme la réduction de la mortalité des enfants de moins de cinq ans ou l'amélioration de la santé maternelle, nécessite la prise en compte de facteurs socio-économiques et culturels.

Notre faculté de Médecine n'a pas semblé, pendant longtemps, comprendre les besoins des services de santé qu'elle dote en médecins, ni se juger responsable de les satisfaire. Cette institution s'est trouvée souvent confrontée à la même question : doit-elle rester dans sa tour d'ivoire pour préserver son indépendance et sa stabilité, risquant par-là de perdre de sa pertinence pour la société, ou doit-elle aller se mesurer aux problèmes de cette dernière, donnant ainsi la preuve qu'elle peut affronter la réalité, au risque de mettre en péril son indépendance et sa stabilité ? L'enseignement dispensé au sein de la faculté de Médecine reproduit très souvent les modèles connus des facultés occidentales qui se sont longtemps empêtrées dans une controverse sur la médecine conçue comme une science par opposition à la médecine conçue comme service. Le Sénégal a accepté ce standard et s'est enorgueilli d'être capable de s'y conformer, se montrant peu disposé à s'en écarter, même si l'on sait que ce modèle ne répond pas aux besoins des collectivités que des soins individualisés ne peuvent atteindre.

Le corps enseignant oppose une résistance presque inflexible à l'attitude logique qui consisterait à faire correspondre la formation de l'étudiant avec la tâche qu'il sera appelé à accomplir. Cet enseignement, n'est guère encore aujourd'hui en mesure de faire passer dans les schémas d'exercice un juste équilibre entre les interventions préventives, promotionnelles et curatives, de manière à tenir compte des besoins de santé globaux des individus et des collectivités. Le corps médical, dans son refus de tolérer la moindre atteinte à la liberté d'enseignement, a manqué à son devoir vis-à-vis de la société, en ne préparant de nombreux médecins que dans une perspective biomédicale.

L'enseignement médical axé sur les besoins des Africains doit élaborer des méthodes d'évaluation novatrices qui privilégient les qualifications, les comportements et les aptitudes permettant à l'intéressé de servir utilement ses concitoyens. La sélection des étudiants en Médecine, qu'il ne faut pas dissocier du problème des programmes, doit revêtir une grande importance. Au lieu de prêter aux qualités personnelles des étudiants toute l'attention voulue, on a surtout insisté sur les résultats du baccalauréat, alors même qu'un tel examen ne permet en général pas de déterminer si un candidat est vraiment fait pour exercer une activité médicale, notamment au niveau des soins primaires.

L'option que pourrait avoir notre faculté de Médecine, de miser sur l'aptitude de ses diplômés à répondre aux besoins de santé individuels et collectifs, serait sans préjudice pour la recherche de l'excellence que tout établissement universitaire doit légitimement ambitionner.

En définitive, l'exercice de la médecine dans notre pays appelle des réformes importantes ; ce qui implique des réformes de la formation médicale. Les médecins doivent être formés dans les trois dimensions de la Médecine qui sont les suivantes :

La dimension scientifique, dimension essentielle sans doute qui apporte la compétence. Cette dimension se fonde sur une conviction fondamentale et ancienne que proclamait déjà Claude Bernard dans sa "Médecine expérimentale" et qui est renforcée par le postulat pasteurien selon lequel, toute maladie a une cause identifiable dont la suppression entraîne la guérison.

Nous sommes toujours dans l'espace défini il y a un siècle par le cartésianisme, le positivisme et le scientisme. Il faut donner une plus grande compétence au médecin face au malade, en lui permettant d'appréhender scientifiquement les aspects cliniques des problèmes et les techniques sans cesse nouvelles mises à sa disposition. Les médecins formés au niveau de la faculté de Médecine de Dakar, ont un impératif moral exigeant de répondre sans hésitation à toute demande de soins auquel se mêle souvent le sentiment d'être le seul capable d'assurer ces soins. Cependant, détenteurs souvent d'un savoir prétendument objectif, donc à priori non contaminé par des influences culturelles, ils risquent de juger les autres à travers eux, de façon souvent normative, et d'être finalement nocifs sur le plan ethnologique, contribuant à faire disparaître des valeurs culturelles ou inefficaces, en donnant des prescriptions ou des conseils qui ne seront pas suivis. Il faudra que l'étudiant soit préparé à pouvoir dispenser, à sa sortie de la faculté de Médecine, les meilleurs soins possibles dans des circonstances optimales comme dans les centres hospitalo-universitaires, mais aussi, les meilleurs soins possibles dans les conditions réelles, dans un centre de santé ou un hôpital régional. Nous savons cependant que dans le contexte actuel, trop de médecine moderne, avec ses priorités cliniques, et de recherche, va à l'encontre de l'équité, même si ce n'est pas le but visé.

La dimension personnelle, éthique et humaine, non moins essentielle, qui apporte l'échange, le dialogue, l'humanisme. Cette approche humaniste provient de la certitude qu'il n'existe pas deux malades identiques et qu'une thérapeutique doit être personnalisée. Notre formation est nécessaire pour nos tâches techniques, mais elle n'est pas suffisante pour mener des hommes, des femmes vers un même but, pour les changer d'un comportement à un autre.

C'est notre dimension humaine, c'est-à-dire notre savoir-être qui, associé à notre savoir, qui sont les conditions nécessaires pour asseoir un nouveau rapport entre la population et les services de santé, d'où l'importance des qualités morales que le médecin doit avoir.

Le patient doit être aussi un partenaire actif de la relation soignante, et non pas seulement perçu comme le bénéficiaire passif de la prestation, ce qui peut améliorer la qualité des soins. Si cela peut être synonyme de difficultés aux yeux des médecins qui se lamentent du déclin de la mystique de la médecine, en tant que moyen thérapeutique, il est d'autres médecins qui peuvent attester des avantages d'un patient éclairé et participatif.

Les futurs médecins doivent savoir juger bien plus clairement ce qui est un problème de santé et ce qui ne l'est pas, et apprécier exactement la place occupée par le médecin dans la société moderne. La "technicisation" de la naissance, de la maladie et de la mort s'accompagne d'une plus grande exigence d'humanité dans la façon de soigner les malades. Les nouvelles options offertes en matière de santé génésique, de soins préventifs, curatifs, palliatifs et de réadaptation placent les professionnels de la santé et leur entourage devant des choix difficiles. Les progrès de la médecine et les évolutions sociales des vingt dernières années, ont modifié et enrichi le contexte dans lequel la réflexion éthique se développe, et la formation des médecins constitue l'un des enjeux les plus pressants de cette réflexion parce que c'est là que s'édifient les attitudes et les perceptions du milieu médical de demain. Un solide ancrage dans l'éthique médicale aidera en partie les médecins à affronter ces problèmes difficiles lorsqu'ils prennent des décisions qui ont un caractère professionnel.

Cependant, si les principes universellement admis restent la base et le cadre de la démarche éthique, celle-ci doit en moduler les applications dans le temps et l'espace. Comme le dit très bien Simon Darioli, "l'éthique ne saurait être dissociée du temps et de la culture dans lesquels elle s'inscrit".

Professeur Oumar Faye Ministère de la Santé de l'Hygiène et de la Prévention

Lire l'article original : http://www.walf.sn/contributions/suite.php?rub=8&id_art=8523


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