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L'actualité de la santé en Afrique

Service de cardiologie de l'hôpital Le Dantec : Au cœur d'une structure malade - Le quotidien - Sénégal - 29/02/2004

Les maladies cardiovasculaires ou les maladies du cœur sont des maladies qui nécessitent un suivi médical minutieux. Bien qu'onéreux, le traitement médical de ce genre de maladie peut débuter par une sorte de prévention. Car il s'avère que c'est un certain nombre de facteurs pris individuellement ou en combinaison qui mènent à ces maladies. Ce sont le tabagisme, les diètes riches en gras saturé, l'inactivité physique, le stress, les antécédents familiaux de maladie du cœur et les kilos en trop. Certaines conditions médicales des individus peuvent aussi grandement contribuer à l'évolution d'une maladie cardiovasculaire. Il s'agit de l'hypertension artérielle, le taux élevé de cholestérol, l'obésité et le diabète qui sont aussi de puissants stimulants.
Dans la catégorisation des sexes, les hommes sont généralement plus susceptibles de développer des maladies du cœur. Pourtant un nombre assez important de femmes souffrent de ces maladies, mais elles sont sous-diagnostiquées. Mais quel que soit le sexe, les risques de maladies du cœur croient avec l'âge.
Il n'y a pas de cause particulière aux maladies cardio-vasculaires. L'hypertension artérielle peut y mener, tout comme des insuffisances rénales et autres inflammations. Au Sénégal, le cas le plus fréquent est celui de la cardiopathie vasculaire, du moins pour les patients consultés au service de cardiologie de l'hôpital le Dantec. Il est généralement causé par des angines de gorge mal soignées, que les jeunes traînent durant l'enfance et qui évoluent vers les rhumatismes articulaires aigus (Raa). "Mais l'angine n'est que la partie visible de l'iceberg, elle lèche le cœur et brise les os comme on le dit souvent dans le jargon médical", explique le docteur Maboury Diao, cardiologue à l'hôpital Le Dantec.
Les jeunes sont les plus touchés par ce cas et ils développent une cardiopathie, car c'est durant l'adolescence que la maladie se déclenche en général. En ce qui concerne le traitement de cette maladie, il coûte excessivement cher et même si le patient est opéré, il n'est pas guéri dans 70 % des cas. Il arrive aussi que l'opération soit bien supportée par le patient, mais il doit continuer de prendre des médicaments le restant de sa vie. Au service de cardiologie de l'hôpital Le Dantec, sur les 1 200 patients consultés l'année dernière, les cardiopathies vasculaires représentent les 25 % des hospitalisations.
Les maladies cardiovasculaires, malgré leur gravité, sont très mal comprises par la population ou ceux qui en souffrent. La plupart des malades venant en consultation font preuve d'une incompréhension totale de ce qui leur arrive. "Ils ont tendance à dire que c'est la maladie des riches, alors que ce sont les plus démunis qui sont les plus touchés. Parce qu'une personne riche, quand elle a une angine, elle va voir le docteur. Ce qui amoindri les risques de développer une cardiopathie vasculaire pour se faire soigner et ce n'est pas le cas pour ceux qui n'en ont pas les moyens", soutient le docteur Diao. Et ce ne sont pas les journées de consultations gratuites qui vont combler ce gap. Ce qu'il faudrait, c'est un suivi permanent qui aiderait les patients à mieux se prendre en charge et se donner ainsi plus de chance de survie.
Au service de cardiologie de Le Dantec, par exemple, beaucoup de malades ne viennent pas suivre leur consultation de façon régulière et le docteur Diao d'expliquer que la plupart d'entre eux ne respectent pas leur rendez-vous. "Ils peuvent venir deux semaines ou même un mois après le rendez-vous et vous donnent comme toute explication un baptême à célébrer ou un décès d'un proche ou d'un voisin. On a beau les sensibiliser, rien n'y fait", fait remarquer le Docteur, d'un ton dépité.
Ce qui est déplorable dans toute cette affaire, c'est que ces mêmes personnes se retrouvent dans les médias à faire de la délation, en se plaignant d'un accueil des plus froids de la part du corps médical. Si l'attitude est réprouvée par le docteur Maboury Diao, il ne manque pas de préciser que "ce sont en général les recommandés qui font de l'excès de zèle ; ils se croient tout permis et par conséquent ont plus de droits que les autres personnes qui viennent le matin très tôt pour se faire consulter, après avoir acheté leur ticket".

Etat des lieux

Trois bâtiments jumeaux peints en couleur jaune. Sur le premier est marqué "hospitalisation hommes" et sur le second "hospitalisation femmes", et le troisième et dernier bâtiment sert de salle de consultations. Ce bloc constitue le service de cardiologie qui se trouve au fonds à droite de l'hôpital Le Dantec. Il ne possède qu'un appareil de radiographie et tous les jours, plus de cinquante radios y sont effectués, ce "qui use l'appareil rapidement. Si on avait un autre appareil, cela pourrait nous aider". Ce service a une capacité de 50 lits pour l'hospitalisation. Et la demande est plus forte que l'offre, si l'on se réfère aux explications du cardiologue Diao. "Ils nous arrivent de faire hospitaliser des malades dans les blocs de consultation car ne disposant plus de places. Et même parfois nous les confions aux autres services, en attendant de leur trouver une place de libre."
Ces bâtiments sont très vieux et dégagent un aspect lugubre, voire même sinistre. Ils ne ressemblent, pour le moins au monde, à une structure de santé. Même s'il est prévu de les réfectionner, les médecins de ce service de santé préfèrent de nouveaux bâtiments avec un nouveau matériel qui leur permettraient de faire leur travail dans les meilleures conditions. L'aspect ne paie pas vraiment de mine. On se croirait plutôt dans une quelconque cour de maison. Le sol de la cour est crevassé par divers endroits, ce qui rend l'évacuation des malades, sur les chaises roulantes, très difficile. Les murs en jaune sont sales et dans une cuisine qui ne fonctionne plus, des accompagnateurs de malades hospitalisés s'y sont installés avec nattes et bagages.
Un état des lieux qui ne contribue nullement à rassurer psychologiquement le patient.

L'accueil

Il n'est pas des meilleurs et cela se ressent à la première étape, à la porte principale de l'hôpital où c'est la croix et la bannière pour accéder à l'intérieur de la structure hospitalière. La dame R. Dia, traînant une maladie cardiovasculaire et suivant un traitement en ces lieux depuis quelques mois, souligne d'une voix pleine d'amertume : "Le garde peut te poser des tas de questions en te demandant de montrer tes papiers. Soit qui est ton médecin et te faire perdre un temps fou pour te dire à la fin que l'heure est déjà passée et tu ne peux plus entrer." Et pour cette dernière à qui cela est arrivé plusieurs fois, elle n'a d'autre choix que de s'asseoir devant la porte et d'attendre qu'une âme charitable veuille la faire entrer dans l'hôpital. Au cas contraire, elle retourne chez elle, avec la désagréable conviction d'avoir non seulement perdu du temps, de l'argent, mais surtout de mettre sa vie en péril en n'ayant pas honoré son rendez-vous médical. Malgré elle.
Et ce qui est ennuyant pour cette dame, c'est que la plupart du temps, "le médecin pense que c'est le patient qui ne veut pas respecter ses rendez-vous".
Interpellé sur la question, le docteur Maboury Diao précise que tout ce qui touche à l'accueil des patients demeure "un problème purement administratif dont les médecins ne s'occupent pas".

L'attente dans la cour

Ils sont très nombreux les patients qui viennent se soigner dans le service de cardiologie de l'hôpital Le Dantec. L'attente est longue et peut durer des heures. "Si tu n'as pas de ticket, il ne faut même pas négocier car le médecin ne te prendra pas. Tu achètes un ticket et il sort ta fiche. Moi quand je souffre beaucoup, le médecin me demande de me débrouiller pour me faire opérer. Parce que sans opération, ma vie est presque raccourcie, je ne peux pas vivre longtemps", lance R. Dia. Quatre cent mille francs, c'est la somme qui lui a été demandée, sans aucune sorte de moratoire. Une affirmation battue en brèche par le cardiologue Maboury Diao qui soutient que "nous expliquons souvent à nos patients qu'ils ont le droit de choisir un médecin pour les suivre régulièrement. Il arrive même que ce médecin, au bout de quelques séances, leur demande de ne plus payer la consultation". Il est bon à préciser que la consultation est à 2500 francs depuis que l'hôpital a été érigé en établissement public de santé.
Pour N.F, une jeune fille qui a découvert sa maladie, il y a tout juste un an, la solution qu'elle a trouvée est toute simple. "J'ai fait en sorte que ce soit le même médecin qui me consulte, et grâce à cela je ne paie plus les consultations. Tout ce que j'ai à faire, c'est de suivre ses prescriptions, de respecter mes rendez-vous et la prise de mes médicaments." Des médicaments qui coûtent vraiment chers et un seul peut coûter au moins 10 000 francs Cfa, sans compter les seringues qu'il faut acheter.
La jeune N. F. explique qu'au cours de son hospitalisation, il y a moins d'un mois, ses médicaments ont été volés. "Quand on me racontait ce genre de choses, je disais que ce n'était pas possible, mais moi on m'a volé mes médicaments dans ma chambre d'hospitalisation, et je suis sûre que ce sont ces mêmes médicaments qui ont été vendus à d'autres malades."
Une révélation renforcée par R. Dia qui précise que "dès fois, ils n'ont pas besoin de les voler, ils viennent te les demander et en général ce sont les femmes de chambre qui font ça. Ces mêmes médicaments sont revendus à des patients et le médecin demande cinq milles francs Cfa en échange et si le patient a la malchance de ne pas disposer de cet argent, il garde son médicament". Pour le cardiologue, tout ceci n'est qu'un tissu de contre-vérités, même s'il reconnaît par ailleurs avoir été saisi à ce sujet par des patients. "C'est une chose sur laquelle je ne peux vraiment pas me prononcer car je ne suis pas au courant." Par contre il explique que " nous donnons gratuitement des médicaments à nos patients, si on en a bien sûr mais dans le cas contraire, on leur prescrit une ordonnance. Car la plupart du temps ce sont des personnes très démunies qui viennent nous voir pour se faire soigner. Quant aux vols, je ne peux pas me prononcer sur ça".

Organisation du service

Comme dans tous les services, ce dernier a un responsable qui se trouve être le docteur Sémou Mayécor Diouf. Il est aidé dans sa tâche par ses seconds et des assistants. Ces derniers dispensent des cours à l'université Cheikh Anta Diop, consultent les malades et forment des étudiants de l'université. Ces médecins se sont divisés en trois groupes et consultent à tour de rôle les patients et c'est ce qui fait que certains patients peuvent se retrouver avec un médecin différent à chaque consultation. Chaque groupe consulte pendant une semaine entière tandis que les groupes qui restent s'occupent des malades hospitalisés. "Nous avons le droit de faire des consultations privées, c'est la loi de l'université qui nous le permet. Mais si c'est un cas d'hospitalisation, nous devons verser une ristourne qui est définie par l'hôpital, en tenant compte du nombre de jours que notre patient privé a passé à l'hôpital." Ce qui fait dire à certains de nos interlocuteurs qu'il existe une clinique privée au sein de cette structure gérée par le chef de service. Mais ce n'est pas le cas, selon le docteur Diao, "ce sont des consultations privées qu'on nous demande, même si on pouvait les faire dans une clinique. Et en général ce sont des malades qui viennent nous les demander. Et c'est vrai qu'elles coûtent plus cher. Mais il n'y a pas de clinique privée ici".
Ce qui n'est pas de l'avis d'un ancien étudiant stagiaire du service de cardiologie de l'hôpital Le Dantec qui affirme sans sourciller : "J'ai fait mon stage durant trois mois dans ce service et j'ai jamais vu le docteur Sémou Mayécor Diouf, je ne l'ai jamais rencontré alors qu'il était le chef du service. Sachez que tout ce qu'on vous dira sur cet hôpital ou le service de cardiologie, on vous en cache la moitié."
Notre interlocuteur poursuit en soutenant qu'"il y a bien des malades privés qui sont hospitalisés dans un des bâtiments qui fait office de clinique, ces malades sont ceux du docteur Sémou M. Diouf, alors qu'il n'en a pas le droit. Il refuse même que les stagiaires touchent ces derniers. Par contre pour les autres malades, c'est nous les stagiaires aidés de quelques médecins qui nous en chargions. Une véritable discrimination." Ces stagiaires font peur à nos deux interlocutrices. Car d'après elles, c'est comme si elles servaient de cobayes aux stagiaires en quête d'apprentissage. "Je ne voudrais pas être un cobaye pour quiconque et d'ailleurs durant mon hospitalisation, je refusais catégoriquement que les stagiaires me touchent. Même si c'est parfois sous l'œil d'un médecin", lance la jeune N. F.

Les cas sociaux

Des cas sociaux, on ne peut pas manquer d'en retrouver, comme le confirme le docteur Maboury Diao qui en rencontre tous les jours. Des malades qui n'ont pas les moyens de se payer leurs consultations ou même leurs médicaments, comme ceux qui viennent demander la dépense quotidienne au docteur. "Mais je demande souvent au personnel de les ménager et aussi de comprendre la personne. Il en va de même pour ceux qui sont hospitalisés dans ce service, nous leur devons le respect."
Pour les patients hospitalisés qui n'ont pas les moyens d'acheter les médicaments, l'hôpital se charge de leur donner ceux dont il dispose dans sa pharmacie et s'ils ne peuvent payer l'hospitalisation, ils sont signalés au niveau de l'assistance sociale. Mais ce qu'il ne faudrait pas oublier est que l'hôpital a mis en place des tarifs sociaux et l'hospitalisation est même parfois gratuite pour certains à qui on redistribue les échantillons offerts aux médecins.

Safiètou KANE

Lire l'article original : http://www.lequotidien.sn/archives/article.cfm?article_id=11778&index_edition=354


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