L'actualité

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L'actualité de la santé en Afrique

Clinique Neurologique De Fann : Dix spécialistes sans moyens pour plus de 10 millions d'habitants - Walfadjri - Sénégal - 09/03/2004

Entre manque de spécialistes et de matériel de travail, la clinique neurologique de Fann a de quoi se plaindre. De l'étroitesse des salles et des bureaux, en passant par la vétusté des appareils, on comprend les difficultés du personnel et des patients.
S'il y a un service hospitalier qui manque de logistique et de matériel, c'est bien la clinique neurologique de Fann. Unique dans son genre au Sénégal, cette clinique a la lourde charge d'accueillir, en dehors des nationaux, des patients venus des pays limitrophes comme la Mauritanie, la Gambie et le Mali.

Dès lors, il n'est pas surprenant que les couloirs du pavillon soient pleins à craquer à longueur de journée. Et de voir d'autres malades nécessitant une hospitalisation, renvoyés vers d'autres centres. Cette situation s'explique, d'abord, par un personnel paramédical largement insuffisant et un déficit criard de spécialistes. Il n'en existe que dix seulement, pour toute cette population. Il s'y ajoute l'étroitesse des locaux. Et le neurologue, le Pr Alé Thiam, n'a pas manqué de manifester son regret : "On travaille avec les moyens de bord. On ne peut même pas parler d'ambulances pour nos véhicules. Il y a juste un brancard pour transporter les malades." Au Département de l'imagerie médicale, même désolation. Pire, la salle de radiologie fait penser à un atelier de mécanicien. Et la moindre manipulation des appareils produit un crissement aigu à vous percer le tympan. On y trouve deux appareils, dont l'un qui n'est plus fonctionnel depuis belle lurette, est apparemment irrécupérable. Concernant le second appareil, une technicienne nous dit en ironisant : "C'est le seul qui fonctionne, et il date de Mathusalem. Mais il tombe rarement en panne, comme s'il savait ce que cela nous causerait. Ainsi, on peut faire jusqu'à quarante radios par jour." Dans ce département, selon les techniciennes, seule la salle de scanner donne entière satisfaction. Elle est spacieuse et dispose d'"un appareil tout neuf, cent pour cent satisfaisant, alors qu'on n'utilise pas encore toutes ses fonctions".

Au premier étage, se trouvent les salles d'hospitalisation. Là, selon Mme Cissé, responsable de cette division, "notre capacité d'accueil est très limitée, il n'y a que soixante-cinq lits pour tout le monde que nous recevons". Et ces lits, comme leurs matelas et leurs draps, sont tous vieux. Et certaines commandes de positionnement des lits ne fonctionnent plus. Dans la salle de réanimation, il n'y a que six lits et deux appareils électrocardiogrammes non fonctionnels servant de meubles de table. Outre cette carence en matériel, le Pr Alé Thiam souligne que l'accès aux nouveaux médicaments qui sont utiles à certaines formes de maladies rebelles aux traitements habituels pose problème. De ce fait, ils sont obligés de simplifier au maximum les explorations et les traitements.
Par ailleurs, dans le souci d'aider les populations de l'intérieur du pays, des médecins neurologues en formation sont envoyés en dehors de la capitale pour soulager l'hôpital et voir les malades sur place, notamment à Pikine où il existe des consultations en épileptologie toutes les semaines. Des problèmes, il y en a, et le Pr Thiam de noter que, "malheureusement, l'Etat providence est fini. Il (l'Etat) n'intervient que dans les grosses œuvres (construction de bâtiments...). Maintenant, il appartient au comité de gestion de gérer les revenus".

Lire l'article original : http://www.walf.sn/dossiers/suite.php?id_doss=40&id_art_doss=189

 

Pr ALE THIAM (Neurologue) "La maladie n'a pas de frontière entre les classes sociales" - Walfadjri - Sénégal - 09/03/2004

Beaucoup de personnes souffrent aujourd'hui de maladies liées au système nerveux. Elles prennent des proportions effrayantes et touchent toutes les catégories d'âge et sociales. Malheureusement, selon le Pr Alé Thiam qui nous explique les difficultés de leur métier, les croyances traditionnelles et culturelles des populations constituent un frein pour les dépistages et les traitements.

Wal Fadjri : Qu'est-ce que la neurologie ?

Pr Alé Thiam : La neurologie est une science qui s'intéresse au fonctionnement du système nerveux. Dans le sens large du système nerveux central et périphérique, ainsi que les muscles. Elle est aussi une science des spécialités, qui doit tenir compte de toutes les autres maladies générales qui ont un retentissement sur le système nerveux.

Wal Fadjri : Quelles sont les catégories de maladies liées aux nerfs ?

Pr Alé Thiam : Si l'on prend le système nerveux central, les maladies du cerveau sont d'abord tout ce qui altère le fonctionnement du cerveau. Et les causes en sont multiples. Mais la cause la plus fréquente, ce sont les accidents vasculaires cérébraux, c'est-à-dire quand les artères qui nourrissent le cerveau sont bouchées ou rompues. Quand elles sont bouchées, il n'y a plus de sang dans le cerveau et ce dernier en souffre et donne des paralysies le plus souvent, des troubles de la conscience et la mort très fréquemment. Quand les artères se rompent, elles saignent dans le cerveau, le détruisent et causent les mêmes effets que quand elles se bouchent. Toutes les autres maladies peuvent toucher au cerveau : les méningites, les abcès, les encéphalites et toutes les tumeurs, qu'elles soient malignes ou bénignes, primitives ou secondaires, après une métastase d'une tumeur viscérale du cerveau. Tous les traumatismes crâniens peuvent aussi toucher le cerveau et y entraîner des plaies ou des hémorragies. Enfin, il y a les causes dégénératives. Toute personne qui vit est appelée à vieillir et à mourir, si elle ne meurt pas avant la vieillesse. Quand la vieillesse la prend, forcément, le cerveau est usé et perd une partie de ses fonctions ; ce qui entraîne des perturbations. Si l'on prend maintenant les autres parties du système nerveux comme les nerfs et les muscles, nous avons des multitudes de maladies qui peuvent entraîner des paralysies ou des douleurs qui sont liées à des maladies à peu près les mêmes que celles que nous avons citées pour le système nerveux central, les inflammations, les ischémies, les infections, etc.

Wal Fadjri : Est-il possible, pour les patients, de détecter les premiers signaux des maladies neurologiques ?

Pr Alé Thiam : Notre gros problème, ici, est le manque de culture médicale de la population. Ce qui fait que quand on a une maladie, au lieu d'aller se faire consulter assez précocement, les gens attendent jusqu'au dernier moment pour réagir. Et ce retard entraîne une aggravation de la maladie, donc une difficulté à traiter ces malades. Ces maladies débutent toujours par des signes. Des signes qu'on appelle avant-coureurs et qui vous avertissent de quelque chose qui va se passer. Si vous ne faites rien, cette chose peut régresser, bien sûr, comme elle peut continuer à s'aggraver. Si l'on prend l'exemple d'une tumeur cérébrale, elle va se manifester le plus souvent par des maux de tête. Ces maux de tête vont s'aggraver en s'accompagnant de vomissements et apparaissent plus tardivement les paralysies. Et quand les paralysies s'installent, ça signifie que le cerveau est en train de souffrir en un point donné qui constitue le plus le siège de la tumeur. Donc, plus le diagnostic est vite fait, mieux le traitement est rapide et facile. Et l'on évite ainsi au corps étranger de dominer le cerveau qui, le cas échéant, va s'aplatir et mourir. Si la tumeur est vite dépistée, il est possible de l'enlever et de permettre au malade de récupérer entièrement (...)

Wal Fadjri : Quel est le coût minimal du traitement d'une maladie neurologique ?

Pr Alé Thiam : Il n'y a pas de fourchette, car chaque maladie a son coût. Mais la maladie qui coûte le moins cher en matière d'exploration et de traitement, est l'épilepsie. Le traitement de cette maladie peut durer plusieurs années, voire toute une vie. Heureusement qu'il y a un médicament qui est efficace pour 80 % des malades et qui coûte 100 F Cfa pour vingt comprimés à l'Initiative de Bamako. Ce médicament est appuyé par une petite exploration qui s'appelle électron encéphalographie qui coûte 6 000 F. Le plus cher, c'est pour les malades qui doivent bénéficier d'un scanner qui coûte 40 000 F Cfa plus des examens biologiques, une hospitalisation d'un mois environ, une intervention chirurgicale, plus une rééducation qui peut durer de six mois à plusieurs années. C'est le cas des compressions médullaires. Il faut l'explorer, l'opérer et le rééduquer. Il s'agit d'une tuberculose ostéo-vertébrale qui, quand elle touche le système nerveux central, au niveau de la colonne vertébrale, nécessite tout ce dont nous avons précité pour que le malade puisse retrouver une marche autonome et un appareillage normal. Seulement, l'intervention chirurgicale se fait à l'hôpital Principal entre 600 000 F et un million. Mais à la neurochirurgie de Fann, au temps où ça fonctionnait, et à l'hôpital Abass Ndao, elle peut revenir à 100 000 F Cfa (...)

Wal Fadjri : Y a-t-il une catégorie de population plus touchée par les maladies neurologiques ?

Pr Alé Thiam : La maladie n'a pas de frontière entre les classes sociales. C'est vrai que pour une tuberculose ostéo-vertébrale, la haute société est préservée parce que la tuberculose est une maladie de santé publique. Ce sont les populations les plus démunies qui en sont atteintes. Tout comme les accidents vasculaires cérébraux semblent être plus fréquents chez les personnes bien nourries et bien chauffées que chez les paysans qui travaillent au soleil. Il existe, en dehors de cela, des maladies du grand âge et des maladies du jeune âge. Comme les détériorations mentales qui touchent en général les personnes âgées. Cependant, certaines maladies ne sont spécifiques ni à l'enfant ni à l'adulte, car elles commencent de l'enfance et évoluent jusqu'à l'âge adulte.

Wal Fadjri : Quelles sont les maladies les plus fréquemment traitées dans cette clinique ?

Pr Alé Thiam : Les maladies les plus fréquemment hospitalisées sont les accidents vasculaires cérébraux. Plus du tiers de la population de neurologie est victime d'accidents vasculaires cérébraux. Et ces maladies sont encore beaucoup plus graves, car près de la moitié meurt.

Wal Fadjri : Quel est le rapport entre la neurologie et les disciplines comme la psychologie et la psychiatrie ?

Pr Alé Thiam : Les relations sont complémentaires. On ne peut pas séparer ces disciplines, dans la mesure où un malade mental peut cacher une maladie organique, comme une maladie organique peut se manifester sous la forme d'un malade mental. Il y a donc des forums où l'on se rencontre avec des spécialistes d'autres disciplines pour échanger les expériences.

Wal Fadjri : Le croyances culturelles et traditionnelles des patients ne posent-elles pas de problèmes dans le traitement ?

Pr Alé Thiam : En Afrique, il est difficile de faire comprendre aux populations qu'il existe des maladies incurables. Il existe des maladies chroniques qui nécessitent un traitement tout le long de la vie. Cette compréhension n'est pas ancrée dans la conscience des populations. Si elles reviennent plusieurs fois et qu'on leur donne les mêmes traitements, elles se lassent et vont chercher ailleurs. Elles refusent d'accepter qu'il n'y a aucun remède pour les guérir définitivement. C'est le cas des maladies dégénératives des nerfs périphériques.

Lire l'article original : http://www.walf.sn/dossiers/suite.php?id_doss=40&id_art_doss=190

 

Dans les couloirs de la clinique : Quand on oublie la joie de vivre - Walfadjri - Sénégal - 09/03/2004

A la clinique neurologique de Fann, il se passe des scènes à vous couper le souffle. On se croirait parfois dans un champ de bataille. Seulement, ici, on transporte des personnes tombées en crise ou paralysées.

Il est 7 h 30 lorsque nous franchissons le grand portail du Centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann. Une foule d'hommes, de femmes et d'enfants se dirigent vers les différents services spécialisés. Juste après l'entrée, à 30 m, à droite, se cache la clinique neurologique, la seule du genre au Sénégal. Ici, on s'occupe de tous ceux qui souffrent de problèmes liés au système nerveux central ou périphérique. Qu'il s'agisse de démence, de surmenage, de dépressions nerveuses, de crises vasculaires cérébrales ou épileptiques. Nous sommes en début de week-end, mais parents et malades ont très tôt pris d'assaut les couloirs. De l'entrée principale du pavillon, comme le long de tous les couloirs, les bancs réservés aux patients sont entièrement occupés. Les malades paralysés ou visiblement atteints sont, par-ci, tenus par les épaules et, par-là, allongés à même les carreaux. Certains accompagnateurs se tiennent debout, prenant leur mal en patience. Il règne ici un silence de cimetière. Seuls les gémissements des malades et le passage des secrétaires sillonnant les couloirs viennent perturber ce calme. C'est le plein devant les bureaux des professeurs Alé Thiam et Amadou Gallo Diop, et du Dr Chraïby. Les attentes durent et la fatigue commence à se faire sentir. Comme nous le confie cette femme d'une cinquantaine d'années, "nous (elle et son garçon malade) sommes là depuis 7 h. Vraiment, les consultations prennent du temps". Mais elle s'empresse d'ajouter : "Ça en vaut la peine, car c'est ici que le grand frère de ce garçon qui était partiellement paralysé à la suite d'une crise, a pu être guéri." A côté d'elle, se tient un homme d'environ 40 ans. Consultant en gestion dans le civil, il a connu, il y a deux ans, un accident vasculaire cérébral. "On m'a hospitalisé ici pendant près de deux mois, raconte-t-il. Et aujourd'hui, j'ai perdu mon boulot, car je suis paralysé du bras gauche". Et il n'en veut pas aux médecins qui l'ont soigné comme ils ont pu. Il s'en veut à lui-même et à son alimentation : "Toutes ces crises d'hypertension artérielle sont dues à notre alimentation qui est entièrement à base de produits chimiques."

A l'autre bout du couloir, se trouve le Département de l'imagerie médicale. Là aussi, c'est le même silence. Des malades couchés sur des brancards ou assis dans des fauteuils roulants attendent pour passer la radio ou le scanner. Et si en consultation, l'on débourse 2 000 F Cfa, il faut payer 40 000 F pour le scanner.

Lire l'article original : http://www.walf.sn/dossiers/suite.php?id_doss=40&id_art_doss=191


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