Le
paludisme occupe une fois encore le rang de vedette, comme le “serial
killer” (tueur en série) le plus en vue dans les pays en voie de
développement, notamment ceux d’Afrique subsaharienne. Dans cette
attention particulière qui lui est réservée par les chercheurs africains
réunis depuis mercredi dernier à Dakar, Il est suivi par les bilharzioses,
les vers intestinaux, les trypanosomes et d’autres pathologies non
moins importantes.
Plus
d’une cinquantaine de communications sur des résultats de travaux
de recherche est consacrée au paludisme aux congrès conjoints de
deux sociétés médicales (la société ouest africaine de parasitologie
et la société africaine de biologie clinique).
Ces
études sur le paludisme ont été effectuées dans de nombreux pays
de la sous-région ouest africaine (Côte d’Ivoire, Sénégal, Burkina
Faso, Tchad, Niger, Mali, Guinée, Mauritanie) et aussi d’Afrique
centrale.
Au
Sénégal, de nombreuses études sont menées par des institutions de
recherche comme le département de Parasitologie de la Faculté de
Médecine et de Pharmacie, l’Institut Pasteur de Dakar, le Programme
de lutte contre le paludisme et l’Institut Recherche et Développement
(IRD) dans la vallée du fleuve Sénégal, les environs du Lac de Guiers
et d’autres cours d’eau dans les départements de Podor et Dagana,
où l’on note une multiplication des aménagements hydroagricoles.
Les
chercheurs scrutent la recrudescence éventuelle de cette endémie
grave (responsable du plus haut taux de mortalité et de morbidité),
l’émergence de souches résistantes du parasite, l’impact de la chimioprophylaxie
chez la femme enceinte et l’enfant, les réponses immunitaires, l’efficacité
de la chloroquine, le médicament de première intention et plus accessible
pour la majorité de la population, les gènes de prédisposition au
paludisme, etc.
EFFETS
MITIGES DE LA PROPHYLAXIE
Une
étude a tenté de suivre l’infection palustre du placenta sur un
échantillon de 8469 femmes de 13 à 49 ans à la maternité du centre
de santé Roi Baudoin à Guédiawaye, dans la grande banlieue dakaroise
et Thiadiaye (région de Kaolack) pour savoir sa relation avec la
fréquence des accidents obstétricaux 17,5%. L’étude révèle aussi
que malgré les politiques de chimioprophylaxie mises en place, “le
paludisme chez la femme enceinte demeure un problème pour la mère
et le nouveau-né en milieu rural et péri-urbain”.
“La prophylaxie par la prise hebdomadaire de chloroquine telle qu’elle
est appliquée par les femmes enceintes ne diminue pas de façon significative
la prévalence de l’infection palustre”, a conclu l’étude faite à
Guédiawaye par l’IRD et l’équipe de la maternité. Il souligne toutefois
des possibilités de défaillances dans l’observation des protocoles
ou de résistance de souches du parasite à la chloroquine.
Les
bilharzioses, notamment les formes urinaire et intestinale, inquiètent
également les autorités sanitaires de plusieurs pays de la sous-région,
notamment de l’espace sahélien, où l’on cherche, par l’accroissement
des aménagements hydroagricoles, à atteindre l’autosuffisance alimentaire.
La
plupart des études montrent l’ampleur du problème au Sénégal, particulièrement
dans la vallée du fleuve Sénégal, au Burkina, en Mauritanie, au
Niger et au Mali, ainsi que la nécessité de renforcer les programmes
de lutte et la disponibilité en “praziquantel”, le seul médicament
(encore) efficace contre cette affection.
Une
étude montre qu’au Niger, un impact croissant de la bilharziose
urinaire chez la femme qui peut être source d’infertilité ou de
complications obstétricales. FARA DIAW
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=13183&index__edition=9559
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