En
résumé, elle puise ses fondements dans le principe de la solidarité
nationale notamment la participation de tous les salariés à l'effort
national de financement de la lutte contre la pandémie du sida et
spécialement au traitement des malades de VIH/Sida. Dans sa mise
en œuvre, elle consisterait en un prélèvement obligatoire sur les
salaires opéré à la source par le ministère de l'Economie et des
Finances en ce qui concerne les fonctionnaires, les contractuels
et les agents de l'Etat, par les employeurs des secteurs parapubliques
et privés dans leurs domaines respectifs. Les initiateurs ne s'en
cachent pas ; ils s'inspirent de la redevance audio-visuelle dont
bénéficie la Crtv (Cameroon Radio and Television).
De prime abord, cette réflexion ne manque pas d'intérêt. Elle peut
même apparaître séduisante. L'on peut présumer à priori que rares
sont les Camerounais qui se montreraient indifférents à la propension
actuelle du VIH/Sida dans notre pays et surtout aux drames humains
et sociaux qu'il provoque. Les graves conséquences sur la santé,
sur la déperdition des forces vives de la nation à cause des nombreux
décès observés dans les tranches d'âge des personnes actives, ainsi
que le développement du pays en général sont souvent, à raison,
rappelées par les leaders d'opinion. Ceux-ci concluent toujours
par la nécessité d'une mobilisation nationale pour lutter efficacement
et largement contre le VIH/Sida. La création souhaitée d'une redevance-sida
s'inscrirait sans doute dans le cadre de cette mobilisation.
Toutefois, aussi séduisante que puisse paraître l'idée de création
d'une redevance-sida, la manne magique pour l'assistance aux sidéens,
ni le paravent à des comportements licencieux. Nous n'insisterons
pas outre mesure sur les procédures, les obstacles législatifs et
réglementaires dans la mise en œuvre d'une éventuelle redevance-sida.
L'on peut cependant faire observer, s'agissant d'un problème qui
relève du domaine de la loi dont les élus du peuple devraient débattre
profondément, tenant compte notamment du pouvoir d'achat jusqu'à
présent reconnu faible de la plupart des salariés. Par ailleurs,
la collecte et la gestion d'une telle redevance ne peuvent que susciter
des convoitises. Pourquoi pas par exemple une redevance-paludisme
?
L'idée de créer une redevance-sida n'est pas une panacée. La propension
accélérée de la pandémie pose entre autre un problème de responsabilité
personnelle car au Cameroun, le Sida se transmet par la voie sexuelle
dans la majorité des cas. Les campagnes de prévention menées peuvent
sans doute aboutir à des résultats pertinents, à condition que les
populations-cibles y soient plus sensibles. Le port du préservatif
ou l'abstinence ne sont pas de simples slogans de propagande. Quant
à l'assistance aux malades du VIH/Sida, les efforts des pouvoirs
publics sont notoires à cet égard. Sans être exhaustif, l'on peut
relever la baisse connue des prix médicaments destinés aux soins
des sidéens ainsi que les dispositions particulières pour la prise
en charge des malades du VIH/Sida. Il s'agit là entre autres, d'une
forme de solidarité nationale qui ne s'exprime pas en terme de ponction
sur les salaires. Source: Cameroun Tribune - 11/04/2002
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l'article original : 64.91.231.151/cgi-bin/polemedia.org/viewnews.cgi?id=1018700778
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