L'Afrique, encore moins la Côte d'Ivoire, n'est pas à l'abri de
la pneumonie atypique, cette maladie qui défraie la chronique depuis
deux mois. Les nouvelles en provenance de Pretoria où un cas probable
a été diagnostiqué mercredi jettent l'effroi sur un continent qui
se croyait jusque-là épargné par cette mystérieuse maladie.
Le cas probable diagnostiqué à Pretoria est un homme d'affaires
sud-africain de 62 ans, revenu fin mars d'un voyage en Asie. Il
se trouvait mercredi encore dans un "état critique mais stationnaire"
dans une unité de soins intensifs d'un hôpital de la capitale sud-africaine.
La pneumonie atypique ou syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS)
a fait 111 morts à travers le monde à ce jour. Elle est apparue
pour la première fois en novembre dernier dans la province chinoise
du Guangdong et a touché plus de 2900 personnes, principalement
en Asie. Ce continent d'où est partie l'épidémie est frappé, ces
dernières semaines, d'un ostracisme qui ne dit pas son nom. Une
réunion des ministres des Finances des pays de l'Asean prévue fin
avril à Manille (Philippines) a été annulée et des mesures chaque
jour plus restrictives sont prises en Europe et ailleurs dans le
monde dans les échanges avec l'Asie. Le nombre de cas confirmés
en Chine était de 55 morts et de 1 290 personnes infectées, tandis
que huit supplémentaires étaient signalés à Singapour, portant le
nombre de cas dans cette ville-pays à 126.
En Afrique aussi, plusieurs pays ont déclenché l'alerte depuis
l'émergence de cette maladie. Le Mozambique, l'Ile Maurice, le Kenya,
l'Ouganda, le Gabon, le Cameroun et les pays du Maghreb (dans leur
ensemble) ont pris des "mesures préventives" depuis la mi-mars au
moins et créé qui, des "cellules de veille et de suivi", qui des
"organes de surveillance et de prévention". Les contrôles sanitaires
sont renforcés aux frontières et aux ports dans ces différents pays.
Les pays d'Afrique de l'Ouest prennent eux aussi la menace au sérieux.
Le Mali annonce ainsi avoir renforcé son système de surveillance
dans les aéroports afin de détecter d'éventuels cas suspects, quand
le Sénégal, pour sa part, a créé un " comité de pilotage " chargé
d'étudier les mesures à prendre pour faire face à la propagation
de la maladie.
La pneumonie atypique débute généralement par une fièvre supérieure
à 38°, le plus souvent associée à des troubles respiratoires : toux
sèche, essoufflement, difficulté à respirer. Des maux de tête, un
état de malaise ou des douleurs musculaires peuvent également survenir.
Dans ses formes graves, la maladie peut ensuite évoluer vers une
insuffisance respiratoire avec une réaction inflammatoire majeure
des poumons, font savoir les éminents hommes de science mobilisés
par l'Organisation mondiale de la santé pour connaître davantage
cette maladie qui tarde toutefois à livrer ses mystères.
Un nouveau coronavirus, membre d'une famille de virus responsables
des rhumes habituellement bénins, est considéré comme la cause "
la plus probable " de ce syndrome respiratoire, mais on n'en sait
pas plus, ni sur ses causes ni sur ses modes de transmission. On
ne sait pas non plus pourquoi seuls les malades sont contagieux
ou encore pourquoi certains malades guérissent et d'autres pas.
En l'état actuel des connaissances sur cette maladie, la perspective
d'un espoir de traitement ou de vaccin reste un leurre sur lequel
aucun chercheur ne veut se prononcer.
L'humanité qui n'en a pas fini avec le casse-tête du sida, cette
pandémie qui est passée triomphalement d'un siècle à un autre, est
décidément mal barrée avec cette autre pandémie émergente.
ELVIS KODJO
Lire l'article original : http://www.fratmat.co.ci/story.asp?ID=19029
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