Des guérisseurs du Sénégal, du Mali et d'Italie échangent depuis
hier, sur les expériences relatives à l'exercice de la médecine
traditionnelle comme facteur de développement. Cette forme de médecine
très prisée en Afrique est un outil stratégique approprié pour la
mise en œuvre d'une dynamique de développement participative et
responsable. À ce titre, les tenants du commerce éthique ne peuvent
l'ignorer. C'est dans le cadre d'un séminaire ouvert par le représentant
du ministre de la Santé, de l'Hygiène et de la Prévention, le Pr
Mamadou Badiane, en présence du député Madior Diouf. La rencontre
prend fin aujourd'hui.
Les deux défis d'un ministre de la Santé en Afrique est de garantir
l'accessibilité financière et la disponibilité des médicaments.
Ce sentiment du Pr Mamadou Badiane recoupe les préoccupations des
guérisseurs et tradi-praticiens Sénégalais et Maliens ainsi que
des acteurs de la médecine traditionnelle d'Europe qui se réunissent
depuis hier, au Centre national de ressources éducationnelles, à
l'occasion d'un séminaire d'échange et de réflexion autour du thème
" la médecine traditionnelle au Sénégal et au Mali comme facteur
de développement. " Pour le Pr Badiane, les médicaments distribués
en Afrique sont produits par les pays à forte monnaie et cela explique
la nécessité de promouvoir les médicaments génériques dans les 650
pharmacies du Sénégal. Dans ce sens, un accord de substitution a
déjà eu lieu et l'arrêté d'application est en cours. Aussi, un projet
d'appui à la médecine traditionnelle est en cours à l'OMS, a précisé
le représentant du ministre de la Santé, de la Prévention et de
l'Hygiène. Selon lui, pour revisiter la pharmacopée, 17 plantes
médicinales ont été identifiées. 5 ont été retenues au Sénégal.
Cette rencontre est organisée dans le cadre du projet international
d'éducation au développement par l'ONG Italienne ACRA avec le soutien
du ministère des Affaires étrangères, selon la responsable du volet
éducation au développement d'ACRA. La finalité du travail de l'ACRA,
en Italie et en Europe généralement, est d'impliquer les différents
acteurs de la société civile qui partagent les mêmes principes et
qui sont prêts à soutenir les alternatives aux mécanismes qui produisent
iniquité. Cela passe par des rencontres sur le commerce équitable,
le tourisme responsable et l'économie éthique, a déclaré Mme Ada
Civitani. Pour elle, c'est dans ce cadre que l'ONG ACRA travaille
aussi dans le secteur de la médecine traditionnelle qui a un intérêt
particulier en Italie avec les perspectives de développement qu'elle
ouvre, a -t-elle poursuivi.
" Depuis son installation au Sénégal, en 1984, ACRA intervient
dans l'ensemble du territoire. Dans le cadre de sa stratégie de
développement local et en partenariat avec les organisations de
base, l'ONG italienne travaille précisément sur l'appui aux systèmes
financiers décentralisés, la sauvegarde de l'environnement, la formation
technique et la valorisation de la médecine traditionnelle ", a
souligné Alberto Del Giacco, coordonnateur de l'ACRA Dakar. Il a
ajouté : " nous estimons que la médecine traditionnelle est un outil
stratégique approprié pour la mise en œuvre d'une dynamique de développement
participative et responsable. " Les objectifs de ce séminaire a
souligné le président du CONGAD, M. Boubacar Diop, est " de capitaliser
la valorisation de la médecine traditionnelle au Sénégal et au Mali
; de réfléchir ensemble pour le développement durable en s'inspirant
des expériences accumulées sur un vaste espace ; de conforter et
partager des expériences-pilotes. " Sur ce plan, selon le président
du CONGAD, il y a des opportunités à saisir pour renouer les fils
de l'histoire depuis la Mauritanie jusqu'à la Guinée-Bissau en donnant
un éclairage dans la période où le NEPAD est en train de s'affiner
avec la place centrale qu'y occupe la santé.
SAER GUÈYE
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/santeenv/article.cfm?articles__id=26079
|