Paludisme
et Sida - Initiative internationale pour la recherche
Le soleil - 29 mai 2001
Les interactions entre le paludisme et l’infection à VIH sont au
centre d’un atelier ouvert hier matin à Dakar par le ministre de
la Santé et de la Prévention, le Pr. Awa Marie Coll Seck.
Cet atelier, organisé conjointement par la “School of Public Health”
de l’Université d’Harvard de Boston (Etats-Unis) et la faculté mixte
de Médecine, de Pharmacie et d’Odonto-stomatologie de l’Université
Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD) se penchera ainsi sur deux des
maladies les plus meurtrières à l’heure actuelle pour l’humanité
: le paludisme et le SIDA.
Pendant six jours, des experts américains et sénégalais formeront
des médecins, pharmaciens, biologistes, techniciens de laboratoires
et des infirmiers aux différents aspects de suivi de l’épidémiologie,
de l’avancée de la vaccinologie et de la résistance aux antipaludiques
face à l’infection à VIH.
Selon le Pr. Oumar Ndir, du département de parasitologie de l’UCAD
: “cet atelier, qui est le premier jalon d’un partenariat scientifique
entre les universités d’Harvard et l’UCAD, devra profiter à la lutte
contre le paludisme, l’expérience sénégalaise dans la lutte contre
le SIDA dans de nombreux domaines, notamment la mise en place d’un
laboratoire de biologie moléculaire de référence performant, la
surveillance épidémiologique et la mobilisation sociale”.
FACTEURS FAVORISANTS
Le deuxième objectif est, selon toujours le spécialiste sénégalais,
“d’étudier les interactions qui pourraient exister en cas de co-infection,
à savoir si le Sida peut constituer un terrain favorisant les formes
graves du paludisme ou si le paludisme peut accélérer de façon néfaste
l’histoire naturelle de l’infection à VIH”.
Il est donc prévu un échange d’étudiants entre les deux Facultés,
la mise en place d’équipements et un transfert de technologie dans
le domaine de la biologie moléculaire et de la vaccinologie.
Divers projets de recherche devraient voir le jour.
Pour le ministre de la Santé et de la Prévention, le Pr. Awa Marie
Coll Seck, “cette initiative est intéressante dans la mesure où
elle permettra de mieux saisir en permanence les contours de ces
deux fléaux (le VIH/SIDA et le paludisme) et d’affiner les ripostes”.
Selon le ministre, le VIH/SIDA est devenu la première cause de mortalité
chez les adultes en Afrique, tandis que le paludisme l’est en termes
de mortalité et de morbidité sur le même continent.
DEUX FLEAUX
Au Sénégal, le paludisme occupe 40 % des motifs de consultations
dans les structures sanitaires et elle est la première cause de
mortalité chez les enfants et les femmes enceintes, sujets faibles
au plan immunitaire.
Quid maintenant du sujet immunodéprimé du fait de l’infection à
VIH, face au paludisme ?
La tuberculose, ne l’oublions pas, s’est aussi exacerbée devant
l’infection à VIH, ce qui a même fait apparaître des cas incurables
dans le monde.
On estime qu’en Afrique tropicale, où le paludisme tue annuellement
plus d’un million de personnes, 275 millions d’individus (soit 52
% sont porteurs de l’hématozoaire (parasite) du paludisme sur une
population de 530 millions d’habitants.
Le Pr. Souleymane Mboup en a profité pour revenir sur la situation
complexe et désastreuse du VIH/SIDA dans le monde, particulièrement
en Afrique, et “qui mérite d’être attaquée sur plusieurs fronts,
en abordant les risques et les facteurs qui affectent la vulnérabilité
à la maladie ainsi que l’impact de l’épidémie”.
COLLABORATION INTER-UNIVERSITAIRE
Il
a rappelé que la collaboration entre les deux universités et les
facultés de médecine de Tours et Limoges (France) qui date de 1985,
avait permis, à l’époque, d’isoler dans des sérums de prostitués
dakaroises le virus du SIDA n° 2, le VIH2.
Il a rappelé la présence d’un spécialiste de renommée internationale,
le Pr. Dyann Wirth, directeur de l’Initiative Harvard. Cette initiative
est, comme l’a précisé le Pr. Mboup, “un nouveau programme de développement
de nouveaux médicaments antipaludéens”.
Le Pr. Dyann Wirth a expliqué les intérêts de cette coopération
scientifique qui va se développer sur les acquis dans la compréhension
de plus en plus profonde du séquençage génétique du parasite du
paludisme, du virus du SIDA, de l’émergence des résistances chez
le sujet devant l’efficacité des médicaments antipaludéens existants,
et le vecteur (le moustique) face aux insecticides.
FARA DIAW
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l'article original : www.lesoleil.sn/
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