Contactez_nous
La_santé_tropicale_sur_internet  
www_santetropicale_com
LE PRESERVATIF ET LES SENEGALAIS : Bien connu, mais peu utilisé… - Wal Fadjri - Sénégal - 11/05/02

Le préservatif, la population sénégalaise connaît à 89 %. La notoriété de ce condom est encore plus forte chez les adultes de 20 à 39 ans, en particulier chez les hommes. Sur le plan géographique, le plus d’individus qui déclarent savoir ce qu’est le préservatif sont des habitants de la région de Fatick où il a été paradoxalement enregistré le pourcentage d’utilisateurs le plus bas. En outre, le plus faible taux de connaisseurs a été enregistré pas loin de cette partie du Sine, dans le Saloum, à Kaolack. Ziguinchor se distingue comme la région où il a été “enregistré le taux plus élevé de personnes qui utilisent le préservatif, mais c’est également là où nous avons enregistré le taux le plus élevé de personnes qui ont des relations sexuelles non protégées”.

C’est ce qui résulte d’une campagne de mobilisation sociale sur les Ist/sida menée du 26 août au 15 novembre 2002 par Direct Marketing Communication pour le compte de Family Health International et l’Ademas. Des activités menées lors de cette campagne financée par l’Usaid, il ressort que ce sont plus les hommes qui déclarent utiliser un préservatif (83,5 %) lors des rapports sexuels que les femmes (16,5 %). Selon le rapport de la campagne de mobilisation sociale, “c’est peut-être dû au fait que les femmes n’osent pas imposer le port du préservatif à leur partenaire sexuel”. Aussi, dans ce lot de personnes interrogées, ce sont celles ayant des enfants “qui ont déclaré le moins utiliser des préservatifs”.

D’ailleurs, l’usage du préservatif semble dépendre de l’âge des personnes interrogées. La tranche de 20 à 39 ans constitue le gros lot des utilisateurs du condom lors de leurs rapports sexuels, contre ceux âgés de moins de 20 ans ou plus de 40 ans. L’autre constat suite aux enquêtes menées par l’équipe de Fhi, est que “toutes les prostituées qui ont été interrogées utilisent le préservatif avec leurs partenaires”. Viennent ensuite les militaires, les ouvriers et les artisans. Selon le rapport de la campagne de mobilisation sociale sur les Ist/sida, ce sont les femmes au foyer, les élèves, les étudiants et les commerçants qui utilisent le moins des préservatifs.

A la question de savoir ce qui justifie ce rejet du préservatif, la majeure partie des Sénégalais (41 % des personnes interrogées) convoque la fidélité à leur partenaire, lit-on dans ce rapport. Sur l’échantillon de l’équipe de Fhi, 30,5 % donnent comme motif l’abstinence et 17,5 % leur âge. Pour certaines femmes (2,7 %), ce sont leurs conjoints qui refusent d’utiliser les préservatifs.

Mais la campagne de mobilisation contre les Ist/sida d’août à novembre 2001 a révélé d’autres motifs de non utilisation du préservatif. Des motifs du genre “je n’aime pas le préservatif”, “je n’ai pas besoin de préservatif” ou encore “je n’ai pas confiance au préservatif”. Des attitudes qui “montrent une persistance des comportements à risques”, selon le rapport Fhi. ...

Et pourtant il est à bon prix

“Nous n’avons jamais recueilli comme raison la cherté du condom”, expliquent les animateurs de la campagne de mobilisation sociale sur les Ist/sida. Et à leurs avis, ce “black out total conduit à trois observations”. D’abord, soulignent-ils, soit c’est le prix qui est bon et “la valeur perçue est égale au bénéfice produit”, ou l’utilisation qui est événementielle au point que “le prix importe peu, voire associée à une certaine idée de luxe qui convient aux situations exceptionnellement risquées”. L’autre hypothèse est que les gens estiment qu’en matière de sexualité ou de sujets connexes, “parler d’argent est déplacé ou pourrait suggérer une activité sexuelle intense et donc déplacée”.

La non disponibilité du produit n’a non plus “jamais été invoquée”. Ce qui est inquiétant “lorsque l’on sait que la première voie de commercialisation est la pharmacie, donc fermée le soir ou aux moments présumés des rencontres fortuites”. En effet, les préservatifs sont, en général, achetés dans les pharmacies selon 87,1 % des réponses recueillies. Les autres points d’achat cités sont la boutique, le supermarché, le centre de santé, la station service et les boîtes de nuit. Mais il est clair pour les enquêteurs de Fhi que “la voie de distribution par les boutiques est encore largement en friche, voire méconnue”.

Il s’y ajoute que la plupart des Sénégalais (79 % des utilisateurs) qui utilisent des préservatifs l’achètent, précise le rapport. Et c’est l’étui des trois préservatifs à 150 F qui est le plus acheté (90,8 % des acheteurs). Toutefois, plusieurs personnes à Ziguinchor ont avoué que les préservatifs qu’elles utilisent leur sont offerts. En tout cas, indique le rapport, “d’un point de vue strictement marketing, on peut noter que le préservatif n’est pas au Sénégal considéré comme un produit de consommation”. Aminatou M. DIOP

Lire l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9322&unelocale__edition=3046

Retour actualités