Le
préservatif, la population sénégalaise connaît à 89 %. La notoriété
de ce condom est encore plus forte chez les adultes de 20 à 39 ans,
en particulier chez les hommes. Sur le plan géographique, le plus
d’individus qui déclarent savoir ce qu’est le préservatif sont des
habitants de la région de Fatick où il a été paradoxalement enregistré
le pourcentage d’utilisateurs le plus bas. En outre, le plus faible
taux de connaisseurs a été enregistré pas loin de cette partie du
Sine, dans le Saloum, à Kaolack. Ziguinchor se distingue comme la
région où il a été “enregistré le taux plus élevé de personnes qui
utilisent le préservatif, mais c’est également là où nous avons
enregistré le taux le plus élevé de personnes qui ont des relations
sexuelles non protégées”.
C’est
ce qui résulte d’une campagne de mobilisation sociale sur les Ist/sida
menée du 26 août au 15 novembre 2002 par Direct Marketing Communication
pour le compte de Family Health International et l’Ademas. Des activités
menées lors de cette campagne financée par l’Usaid, il ressort que
ce sont plus les hommes qui déclarent utiliser un préservatif (83,5
%) lors des rapports sexuels que les femmes (16,5 %). Selon le rapport
de la campagne de mobilisation sociale, “c’est peut-être dû au fait
que les femmes n’osent pas imposer le port du préservatif à leur
partenaire sexuel”. Aussi, dans ce lot de personnes interrogées,
ce sont celles ayant des enfants “qui ont déclaré le moins utiliser
des préservatifs”.
D’ailleurs, l’usage du préservatif semble dépendre de l’âge des
personnes interrogées. La tranche de 20 à 39 ans constitue le gros
lot des utilisateurs du condom lors de leurs rapports sexuels, contre
ceux âgés de moins de 20 ans ou plus de 40 ans. L’autre constat
suite aux enquêtes menées par l’équipe de Fhi, est que “toutes les
prostituées qui ont été interrogées utilisent le préservatif avec
leurs partenaires”. Viennent ensuite les militaires, les ouvriers
et les artisans. Selon le rapport de la campagne de mobilisation
sociale sur les Ist/sida, ce sont les femmes au foyer, les élèves,
les étudiants et les commerçants qui utilisent le moins des préservatifs.
A
la question de savoir ce qui justifie ce rejet du préservatif, la
majeure partie des Sénégalais (41 % des personnes interrogées) convoque
la fidélité à leur partenaire, lit-on dans ce rapport. Sur l’échantillon
de l’équipe de Fhi, 30,5 % donnent comme motif l’abstinence et 17,5
% leur âge. Pour certaines femmes (2,7 %), ce sont leurs conjoints
qui refusent d’utiliser les préservatifs.
Mais
la campagne de mobilisation contre les Ist/sida d’août à novembre
2001 a révélé d’autres motifs de non utilisation du préservatif.
Des motifs du genre “je n’aime pas le préservatif”, “je n’ai pas
besoin de préservatif” ou encore “je n’ai pas confiance au préservatif”.
Des attitudes qui “montrent une persistance des comportements à
risques”, selon le rapport Fhi. ...
Et
pourtant il est à bon prix
“Nous n’avons jamais recueilli comme raison la cherté du condom”,
expliquent les animateurs de la campagne de mobilisation sociale
sur les Ist/sida. Et à leurs avis, ce “black out total conduit à
trois observations”. D’abord, soulignent-ils, soit c’est le prix
qui est bon et “la valeur perçue est égale au bénéfice produit”,
ou l’utilisation qui est événementielle au point que “le prix importe
peu, voire associée à une certaine idée de luxe qui convient aux
situations exceptionnellement risquées”. L’autre hypothèse est que
les gens estiment qu’en matière de sexualité ou de sujets connexes,
“parler d’argent est déplacé ou pourrait suggérer une activité sexuelle
intense et donc déplacée”.
La
non disponibilité du produit n’a non plus “jamais été invoquée”.
Ce qui est inquiétant “lorsque l’on sait que la première voie de
commercialisation est la pharmacie, donc fermée le soir ou aux moments
présumés des rencontres fortuites”. En effet, les préservatifs sont,
en général, achetés dans les pharmacies selon 87,1 % des réponses
recueillies. Les autres points d’achat cités sont la boutique, le
supermarché, le centre de santé, la station service et les boîtes
de nuit. Mais il est clair pour les enquêteurs de Fhi que “la voie
de distribution par les boutiques est encore largement en friche,
voire méconnue”.
Il
s’y ajoute que la plupart des Sénégalais (79 % des utilisateurs)
qui utilisent des préservatifs l’achètent, précise le rapport. Et
c’est l’étui des trois préservatifs à 150 F qui est le plus acheté
(90,8 % des acheteurs). Toutefois, plusieurs personnes à Ziguinchor
ont avoué que les préservatifs qu’elles utilisent leur sont offerts.
En tout cas, indique le rapport, “d’un point de vue strictement
marketing, on peut noter que le préservatif n’est pas au Sénégal
considéré comme un produit de consommation”. Aminatou M. DIOP
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9322&unelocale__edition=3046
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