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TROIS QUESTIONS A CHARLOTTE FATIM NDIAYE PRÉSIDENTE DE LA SWAA «La lutte conte le sida passera par les femmes» - Wal Fadjri - Sénégal - 16/05/02

Wal Fadjri : Comment se fera l’implication des familles dans la lutte contre le sida ?

Charlotte Fatim Ndiaye : Toutes les composantes de la famille, que ce soit le père, la mère, mais aussi la famille au sens élargi, doivent se sentir concerner. Parce qu’il peut arriver qu’un membre de la famille tombe malade et qu’un autre soit concerné par cette pandémie. Il s’agit de faire bloc autour de lui, de ne pas le rejeter, de le comprendre et de l’aider à supporter cette maladie. En fait, le sida ne doit pas être considéré comme un tabou, mais comme le cancer, la tuberculose, etc. La communauté scientifique est venue à bout de ces maladies-là. Par rapport au sida, les scientifiques sont d’accord pour dire qu’il faut l’implication des communautés. Il faut que nous nous engagions plus. Il faut que le père et la mère de famille arrivent à parler à leur enfant, à lui parler de sexualité, à lui dire comment prévenir cette maladie. On dit souvent que le sida n’arrive qu’aux gens qui se taisent. C’est pour cela qu’il faudrait que la famille arrive à dialoguer. Une famille, une bonne famille est celle qui communique, qui se retrouve autour d’un repas, qui échange et développe des stratégies d’information et d’éducation. La lutte contre le sida passera par la famille qui est l’unité de base de notre société.

Wal Fadjri : En parlant de la famille, vous avez surtout mis l’accent sur les femmes. Est-ce une façon de dire que les hommes ont quelque part échoué ?

Charlotte Fatim Ndiaye : Non ! Mais tout le concept nouveau est de centrer les programmes de lutte autour de la femme. C’est la femme qui éduque, c’est la femme qui est mère. C’est également la femme qui est épouse. C’est la femme qui accompagne souvent la personne malade. C’est la femme qui est patiente, qui a de la tendresse. C’est pour cela qu’on pense que pour lutter, pour que la famille soit mieux impliquée, il faut que les femmes soient davantage autonome, informées et éduquées. Tous les programmes de lutte contre le sida qui se veulent efficaces doivent passer par les femmes. Et ici au Sénégal, les femmes ont eu à montrer de quoi elles sont capables de faire lorsqu’il s’agit de protéger leurs enfants, leurs familles et aussi la communauté. Certes, les hommes n’ont pas échoué, mais nous les femmes, nous devons leur apprendre à mieux comprendre que s’ils nous rendent plus autonomes et nous donnent des pouvoirs capables de recevoir des informations d’éducation, nous pourrions préserver la société et pourquoi pas le pays.

Wal Fadjri : Au niveau de la Swaa, avez-vous dégagé des programmes qui militent dans ce sens ?

Charlotte Fatim Ndiaye : C’est toute l’approche communautaire que développe la Swaa. Par rapport à la prise en charge, par exemple des orphelins, nous avons prouvé qu’il ne faut jamais sortir un enfant de son milieu naturel. Nous avons par ailleurs prouvé qu’au Sénégal, il y a des cousins élargis, cette famille élargie qui est capable de recevoir cet enfant, de lui donner de l’amour. La Swaa développe aussi un projet de parrainage pour faire connaître le concept de famille, pour que nos valeurs perdurent et restent. Donc, on doit se mobiliser. Parce qu’avec ce thème, les partenaires ont compris que la riposte est globale et communautaire. Et c’est comme ça qu’on aura des programmes efficaces de lutte. Propos recueillis par Penda MBOW

Lire l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9455&unelocale__edition=3050

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