Le
Vih/sida tue les enseignants plus vite qu’il n’est possible de les
former, rend les enfants orphelins et menace de faire dérailler
les progrès réalisés par les pays les plus touchés pour scolariser
tous les garçons et toutes les filles d’ici 2015, dit un nouveau
rapport de la Banque mondiale. “Et pourtant, une bonne éducation
fondamentale est un des moyens les plus efficaces et les plus rentables
de prévenir le Vih”, indique-t-on.
Selon
ce rapport intitulé L’éducation et le Vih/sida, une lueur d’espoir,
les pays doivent renforcer d’urgence leur système éducatif. L’éducation
offre aux pays, collectivités et familles la meilleure possibilité
d’échapper à l’emprise mortelle du Vih/sida. “Il est absolument
impératif de poursuivre activement et en même temps les objectifs
de l’éducation pour tous et ceux de l’éducation en matière de prévention
du sida. Tous les systèmes éducatifs - qui sont l’avenir de tous
les pays - sont menacés par l’épidémie, particulièrement dans les
régions où la prévalence du Vih est forte ou en hausse”.
M. James Wolfensohn, président de la Banque mondiale, écrit dans
la préface de ce rapport, que la Bm a lancé, avec les pays en développement,
les agences de l’Onu, les bailleurs de fonds et d’autres, un effort
à l’échelle mondiale pour donner accès à l’enseignement fondamental
à tous les enfants. Mais il ajoute que l’objectif de l’Education
pour tous sera extrêmement difficile à atteindre dans les pays touchés
par le Vih/sida : « La tâche est déjà difficile dans les pays les
plus pauvres où l’on compte plus de 113 millions d’enfants non scolarisés.
Elle est rendue encore plus difficile par le Vih/sida dans les pays
où le système éducatif avait déjà des difficultés à se développer
et où les enseignants meurent du sida ou sont trop malades pour
enseigner. Et chaque année, toujours plus d’enfants perdent leurs
parents et le soutien qui leur permettait d’aller à l’école. La
réalisation des objectifs de l’Education pour tous dans un monde
touché par le sida représente un défi sans précédent pour la communauté
mondiale de l’éducation.»
C’est
peut-être sur les systèmes éducatifs que l’impact de l’épidémie
est le plus dévastateur dans le long terme. La moitié des 15 000
nouveaux cas d’infection qui se déclarent chaque jour dans le monde
frappent des jeunes de 15 à 24 ans (1999). Les ravages de l’épidémie
sont évidents dans les pays d’Afrique les plus touchés, où l’on
trouve des taux de prévalence très élevés chez les enseignants (30
% au Malawi), une population croissante d’orphelins et d’enfants
non scolarisés et un fossé qui ne cesse de se creuser entre les
sexes au plan de l’éducation. Alors qu’elles sont déjà plus vulnérables
que les garçons au Vih, les filles sont aussi plus susceptibles
d’abandonner leur scolarité puisqu’elles sont retenues à la maison
pour s’occuper de leurs proches malades ou s’acquitter d’autres
tâches domestiques. On peut examiner l’impact intégral de l’épidémie
dans le contexte du défi énorme auquel le secteur de l’éducation
se trouve confronté. Plus de 113 millions d’enfants de 6 à 12 ans
ne sont pas scolarisés dans les pays en développement - dont deux
tiers de filles. Un enfant sur quatre qui entrent à l’école abandonne
ses études avant d’être alphabétisé.
Même
sans tenir compte de l’impact de l’épidémie, au moins 55 des pays
les plus pauvres ont peu de chance d’arriver à la scolarité primaire
universelle d’ici 2015 ; 28 d’entre eux sont parmi les 45 les plus
affectés par le Vih/sida, note le rapport. A cause du sida, plusieurs
des pays les plus touchés (comme l’Afrique du Sud et le Botswana)
commencent à voir s’effriter les progrès durement acquis en matière
d’éducation et les pays qui avaient déjà des difficultés à réaliser
les objectifs du programme de l’Education pour tous se trouvent
de plus en plus à la traîne, relève-t-on. Et les perspectives d’atteindre
ces objectifs sont encore plus mauvaises si l’on considère qu’ils
impliquent que les élèves doivent terminer leurs études primaires,
“préalable indispensable à tout bon apprentissage ultérieur.” On
estime que 88 pays risquent de ne pas arriver à la scolarité primaire
universelle d’ici 2015. Et l’objectif d’éliminer les disparités
entre les sexes dans l’enseignement primaire et secondaire d’ici
2005 constitue un défi encore plus grand, vu que cette date s’approche
rapidement et que les filles sont plus susceptibles d’abandonner
leurs études pour cause de Vih/sida dans leurs familles. Johnson
MBENGUE
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9499&unelocale__edition=3052
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