Repérables
au niveau des carrefours, des marchés, des banques, des mosquées
et autres endroits publics des centres urbains, les mendiants handicapés
moteurs grossissent le nombre des occupants de la rue. Combien sont-ils
? Difficile à dire. Dans ce lot, combien sont-ils à s’adonner à
la mendicité ? Mystère et boule de gomme.
Cependant,
le coin du voile est levé sur les causes de certains handicaps moteurs.
“Les mariages consanguins peuvent déboucher sur la naissance d’enfants
mal formés ou handicapés mentaux, d’enfants sourds-muets ou aveugles.
L’automédication, l’utilisation des médicaments traditionnels, l’hypertension
artérielle, le diabète, la malnutrition, les maladies infectieuses
comme la syphilis, la rubéole, la toxoplasmose, etc., les accidents
de la circulation, les facteurs environnementaux tels que la pollution
atmosphérique, les difficultés dans l’accouchement et les incompatibilités
sanguines sont autant de causes de handicaps moteurs”, souligne
le Pr Jean Charles Moreau, chef du Service clinique gynécologique
et obstétricale du Chu Le Dantec.
Quelle
est l’attitude des pouvoirs publics face à ce dilemme ? “En plus
des soins de santé primaires dont le développement est une priorité
depuis la conférence de Alma-Ata en 1978, la politique de santé
et d’action sociale du Sénégal repose fondamentalement sur la prévention”,
souligne le document de stratégie de réduction de la pauvreté. Toutefois,
du côté du ministère du Développement social et de la Solidarité
nationale, on souligne que “l’impact des efforts consentis par l’Etat
par l’accroissement du budget de l’action sociale au cours des dix
dernières années est considérable. Chaque année, des subventions
sont accordées à la Fédération nationale sénégalaise des associations
de personnes handicapées. Rien que pour cette année, 60 millions
ont été dégagés. Toute une stratégie et des programmes sont mis
en œuvre pour aider les handicapés. C’est dire que l’appui est permanent”,
souligne-t-on au niveau de la Direction de l’action sociale du ministère
du Développement social et de la Solidarité nationale.
Par
ailleurs, le président Abdoulaye Wade a nommé un handicapé, en l’occurrence
Laba Cissé Diop, comme conseiller technique à la présidence de la
République. Cette nomination est perçue comme une volonté de répondre
aux multiples aspirations des handicapés, de poursuivre les mesures
d’accompagnement et de dégager des perspectives d’une meilleure
prise en compte de la problématique des handicapés.
Au niveau du ministère de la Famille et de la Petite enfance, on
embouche la même trompette. Awa Guèye Kébé est favorable à la tenue
des états généraux de la mendicité pour se pencher sur ce fléau
qui prend de l’ampleur, nonobstant l’appui qui est accordé aux handicapés
par l’octroi de machines à coudre et d’autres dons multiples.
A
côté des pouvoirs publics, les partenaires au développement s’engagent
à aider les handicapés moteurs. Un financement de l’Union européenne
dont le coût global est d’environ 600 millions de nos francs, est
destiné à l’Association nationale des handicapés moteurs du Sénégal
(Anhms). “Nous visons, à travers ce projet, la promotion des handicapés,
la défense des droits moraux et la lutte contre la mendicité. Pour
ce faire, deux volets sont mis en œuvre. Dans le volet formation,
différents modules dont la teinture, la cordonnerie, l’informatique,
la coiffure, la couture, l’électronique et la fabrication de poupée
sont exercés au siège sis au Front de terre. En revanche, le volet
micro-crédit qui va démarrer incessamment va s’intéresser aux handicapés
ayant subi une formation. Les femmes handicapées et leurs familles
vont bénéficier d’une importante ligne de crédit. En outre, une
formation genre aux personnes handicapées est également dispensée”,
souligne Mme Roger, Ndèye Mané Traoré, socio-anthropologue à l’Anhms.
Les
handicapés moteurs regroupés à travers plus d’une dizaine d’associations,
battent en brèche tout cela. “Les autorités n’ont pas fait grand-chose.
Elles doivent plutôt changer de politique. Par exemple, pour le
projet de l’Ue, il est démontré que les handicapés puissent être
des agents de développement au même titre que les hommes valides.
C’est nous qui gérons le projet. L’essentiel se trouve dans le mental
et dans l’esprit”, fait savoir Ousmane Thiendella Fall, assistant
au coordonnateur du projet et par ailleurs membre de l’Anhms. Demba
Arame NDIAYE
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l'article original : www.walf.sn/archives/article2.CFM?articles__num=9509&unelocale__edition=3053
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