Jeudi
à l'hôtel Amiso, le ministère de la Santé
a rencontré la presse nationale et internationale pour un
point de presse sur la situation de la méningite en 2002
au Burkina Faso. Le secrétaire général du ministère,
le docteur Jean-Gabriel Ouango, qui a animé le point de presse
a fait la situation épidémiologique, énuméré
les principales activités menées, les principaux acteurs,
les ressources mobilisées et leur utilisation et donné
des perspectives pour l'année 2003.
Le
Burkina Faso a connu au cours de la dernière décennie
trois épidémies de méningite en 1996, en 1997
et en 2001 au cours desquelles on a enregistré respectivement
42 967 cas avec 4 363 décès, 22 293 cas avec 2 533
décès et 12 790 cas dont 1 769 décès.
Les épidémies de 1996 à 2001 étaient
à forte prédominance de Neisseira Meningitidis des
serogroupes A et C.
"La
méningite est une maladie qui perdure toute l'année.
Nous avons des cas de méningite toute l'année. Et
il y a des moments où il y a l'épidémie. Cette
année ( à la neuvième semaine), c'est le district
de Pama qui est entré en premier dans l'épidémie.
A la quatorzième semaine, nous avons atteint le pic avec
un cumul de 8 446 cas dont 1 060 décès avec un total
de trente districts sanitaires sur cinquante trois en épidémie.
A la vingtième semaine (au 19 mai 2002), le pays est sorti
de sa situation d'épidémie et nous avons un cumul
de 12 784 cas dont 1 473 décès. Pour la seule semaine
n° 20, il y a eu 191 cas dont vingt-six décès
et aucun district sanitaire n'est en situation d'épidémie",
a affirmé le docteur Jean-Gabriel Ouango.
Il
faut attendre encore deux semaines d'accalmie avant de déclarer
l'épidémie de méningite éteinte.
Cette
année, une étude longitudinale effectuée dans
des districts en épidémie a permis au ministère
de la Santé, en collaboration avec le CDC-Atlanta et l'OMS,
de confirmer que 64,30% des cas de méningite sont dus au
W135, alors que le méningocoque A + C est en faible proportion.
Parmi
les principales activités menées au cours de l'année,
il y a eu le prépositionnement des médicaments et
de consommables dans toutes les régions sanitaires, dès
le mois de janvier 2002. Le ravitaillement s'est poursuivi durant
toute la période de l'épidémie ; l'organisation
de campagne réactive (avec l'anti-méningo A+C) dans
tous les districts ayant atteint, le seuil d'alerte ou même
ayant enregistré des cas sans que le seuil d'alerte ne soit
atteint l'envoi sur le terrain d'équipes d'investigation
composées d'épidémiologistes, de spécialistes
de laboratoire et d'experts du CDC-Atlanta pour déterminer
la nature des germes en cause (les premiers prélèvements
avaient montré la prédominance du pneumocoque qui
n'est pas responsable de flambées épidémiques,
mais qui entraîne un fort taux de létalité)
; l'étude de longitudinale sur cinq districts pour apprécier
la proportion du W135 par rapport aux autres germes en cause ; la
réunion du comité de crise à raison de deux
fois par semaine pour la mise en uvre des stratégies
de lutte définies ; la prise en charge correcte et précoce
des cas en vue de réduire la létalité.
Les
principaux acteurs impliqués dans la lutte contre l'épidémie
sont essentiellement les membres du comité de pilotage mis
en place dans le cadre de la campagne préventive, élargi
aux partenaires et les médias.
Les
partenaires ont contribué à hauteur de 1 057 792 519
F CFA. Cette somme a servi à l'achat de médicaments
et de consommables, vaccin tétravalent, équipement
et consommables de laboratoire, carburant, papeterie et entretien
de véhicules, appui à la supervision etc.
Pour
les perspectives de l'année 2003, le ministère de
la Santé va prendre des mesures qui vont lui permettre de
se préparer en vue d'une éventuelle épidémie
à W 135.
En
surveillance épidémiologique, il y aura un renforcement
par la formation-recyclage en surveillance intégrée
de tout le personnel jusqu'au niveau CSPS ; ce qui va améliorer
la protection précoce et la notification devant toute situation
épidémique. Cette formation doit être finie
d'ici au mois de novembre 2002.
Pour la prise en charge des cas, il y aura l'achat et la disponibilité
des médicaments et consommables dès le mois de novembre
ou décembre 2002.
Le
vaccin tétravalent Mencevax AWCY coûtant un peu cher
(au moins cinq mille francs CFA, la dose), il faudrait au moins
61 000 000 000 F CFA pour assurer l'immunisation d'au moins 95%
de la population et ce sans les coûts opérationnels,
environ 50 000 000 000 F CFA pour vacciner les sujets de la tranche
d'âge de 2 à 30 ans. Des coûts que le Burkina
Faso ne peut supporter compte tenu du contexte économique.
Ces coûts concernent uniquement les vaccins et les seringues.
Des
campagnes de sensibilisation seront menées à l'endroit
des populations à partir du mois d'octobre ou novembre 2002.
Il sera organisé à Ouagadougou en juillet 2002, une
réunion internationale sur la méningite au cours de
laquelle il sera discuté de l'organisation d'une riposte
globale par les pays et leurs partenaires.
Pour
que le W135 soit subventionné, il faut d'abord faire une
évaluation. Le processus est long. L'évaluation est
en cours et prendra fin au cours de la première semaine du
mois de juillet 2002. Fernand Kouda
Lire
l'article original : www.sidwaya.bf/sid27_05_02/societe-2.htm
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