Dans quelques semaines, voire peu de mois, les officines privées
de pharmacies vont commencer à commercialiser une première gamme
de médicaments essentiels génériques (MEG) dès que l’arrêté d’application
du décret qui accorde le droit aux pharmaciens de substituer sera
signé par le ministre de la Santé, de l’Hygiène et de la Prévention.
Nous l’avons appris samedi lors des débats qui ont suivi la conférence
sur la place des médicaments génériques qui se tenait dans le cadre
conjoint de la 3ème journée de l’Ordre national des pharmaciens
et de la 1ère journée de la section de Pharmacie de la Faculté de
Médecine et de Pharmacie de l’UCAD. D’autres conférences étaient
à l’ordre du jour, notamment sur la situation de la profession pharmaceutique,
les interrelations entre la santé et l’environnement et la place
du pharmacien dans le Nouveau partenariat pour le développement
de l’Afrique (NEPAD) (nous y reviendrons).
DEBATS PASSIONNES AUTOUR D’ENJEUX
Sur le registre des médicaments génériques essentiels, le Pr. Mamadou
Keith Badiane, directeur de la Pharmacie et du Médicament, a déclaré
«qu’une liste de 33 médicaments génériques sera dans une première
phase dans les officines qui débuteront ainsi la mise en œuvre de
comptoir «Génériques». Sur ce sujet, les débats ont été très passionnés
et francs dans la mesure où c’était un grand marché et que les secteurs
public, avec, d’une part, l’Etat, à travers la direction de la Pharmacie
et du médicament, la Pharmacie nationale d’Approvisionnement (PNA)
et les structures sanitaires actrices de l’initiative de Bamako
et, d’autre part, privé, comprenant les officines et les grossistes
répartiteurs, qui représentent globalement un marché annuel de près
de 60 milliards de Fcfa, dont 11 milliards actuellement pour la
PNA, deux fois plus qu’en 1998 où ce n’était que 6,5 milliards,
sont restés longtemps dans un désaccord total. Entre 1996, année
du décret de substitution, et aujourd’hui, les choses ont traîné
en longueur et les pharmaciens ne demandaient que plus de garantie,
mais aussi de justice dans la mesure où ils sont seuls autorisés
par la loi à commercialiser les médicaments et les dispenser en
toute sûreté publique.
Et samedi, le président de l’Ordre des pharmaciens a rappelé que
les pharmaciens n’ont jamais refusé de rentrer dans cette voie,
parce que principalement soucieux du rôle qu’ils doivent jouer dans
le développement de la Santé.
«Ils fallait seulement bien camper les choses et que chacun accepte
de jouer le jeu», a-t-il dit. D’ailleurs, la plupart des intervenants,
dont de nombreux pharmaciens venus de toutes les régions du Sénégal,
ont insisté sur la nécessité que toutes les parties acceptent de
jouer le jeu. Et attendre l’effet de masse… Les marges sauvages
qui étaient constatées dans les structures sanitaires, l’assurance
sur la qualité par le contrôle en laboratoire des génériques dont
le gouvernement souhaite qu’ils (les pharmaciens d’officines) s’approprient,
la régularité de l’approvisionnement et l’existence de «spécialités»
dans les circuits de l’initiative de Bamako, ont été aussi au centre
des débats.
Sur les marges à tous les niveaux du circuit du médicament, le
Pr. Badiane, directeur de la DPM, a révélé qu’un arrêté interministériel
(Finances, Commerce et Santé) a été signé le 3 janvier 2003.
HARO SUR LES MARGES SAUVAGES DE L’IB
«Cet arrêté permettra de mettre fin aux dérives constatées dans
les structures publiques, où les marges atteignent parfois 200 à
300 %, lorsque dans le secteur privé, le médicament est vendu au
même prix à Dakar et dans toutes les localités où des officines
sont établies (ndlr : en tout près de 600)», a indiqué le Pr. Badiane.
Il a relevé avec le pharmacien-Colonel Diop, directeur de la PNA,
le consensus qui est sorti sur cette première liste de 33 MEG entre
les acteurs de la profession pharmaceutique dont la DPM, la PNA,
les grossistes (Cophase, Sodipharm et Laborex), le syndicat et l’Ordre
des Pharmaciens.
«Nous allons lancer cette première phase et le tout sera évalué
par tous les acteurs du secteur, avant de poursuivre». Le Directeur
de la Pharmacie et du Médicament a indiqué que «ce programme est
une volonté politique du gouvernement et il en va, pour une grande
part, du développement de la Santé du Sénégal dans laquelle les
pharmaciens ont un grand rôle essentiel à jouer». Cette liste de
33 MEG a été remise à la PNA en vue d’une commande, qui sera ensuite
rétrocédée aux grossistes qui fourniront les officines.
Toutefois, le Pr. Badiane est allé plus loin en expliquant qu’au
Burkina, le gouvernement est allé plus loin en ouvrant directement
des liens entre leur PNA locale et les officines. Il paraît que
cette façon de faire marche très bien au bonheur des officines.
GUIDE D’EQUIVALENCES THERAPEUTIQUES
Il a, par ailleurs, souligné qu’il y a d’autres outils, dont le
guide d’équivalences thérapeutiques qui vont être remis aux pharmaciens
d’officines en vue de la substitution des médicaments contenus sur
l’ordonnance du client. Le pharmacien commandant Mangane de la DPM
a aussi poussé le bouchon plus loin en demandant aux pharmaciens
de montrer qu’ils sont les maîtres de l’Art.
«On devrait, en principe, arriver un jour au dépérissement de l’initiative
de Bamako, voire à une atténuation forte du commerce illicite avec
l’introduction des génériques à une large échelle dans les officines,
qui sont les lieux les plus sûrs pour ne pas dire les seules qualifiées
à dispenser le médicament», a dit le Dr Ngom. Le Directeur de la
PNA a dit la même chose en précisant que sa structure joue un rôle
et, pour des raisons de libéralisation, elle est aussi appelée à
se retirer pour se reconvertir sur une autre voie du secteur de
la santé.
Le choix du médicament générique, copie fidèle du médicament de
référence dénommé aussi «princeps» ou «spécialité», se justifie
par le seul fait qu’un bon générique est aussi efficace que le médicament
de référence, et qu’il coûte 30 à 50% moins cher, rappelle-t-on.
Cette édition 2003 de la journée des pharmaciens a été clôturée
par l’assemblée générale de leur Ordre, à la tête duquel se trouve
le Dr Mamadou Ndiadé.
Fara Diaw
Lire l'article original : http://www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=26856&index__edition=9882
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