Le
préservatif féminin auquel on avait donné le nom de “fémidom” dans
l’intention de “l’accoupler” au condom masculin, fortement présent
sur le marché, pour renforcer la protection des femmes contre les
infections sexuellement transmises (IST) et le SIDA, trouve petit
à petit, dans le tissu social, de plus en plus de “nids” d’acceptation,
notamment au sein des couples, des professionnelles du sexe, des
groupes à hauts risques au niveau du Sénégal et dans de nombreux
autres pays du monde.
La présentation, hier après-midi, par un panel de femmes, de diverses
organisations socioprofessionnelles regroupées par la SWAA et Family
Health International (FHI), de différentes études effectuées au
Sénégal, en Indonésie, au Mexique et au Costa Rica l’a amplement
démontré.
Des
données scientifiques et des résultats de recherche présentés par
le Dr Penda Ndiaye, consultante de FHI, la “dénudation” dans des
enquêtes à Kaolack et Kolda (Sénégal) des mécanismes psychosociaux
et physiologiques de la “négociation sexuelle” effectuée par le
sociologue Cheikh Ibrahima Niang et l’évaluation de l’implication
des groupements de promotion féminine (GPF) soulevée par Mme Fatoumata
Sy, directrice de FHI/Sénégal ont montré la timide pénétration,
mais prometteuse de la capote féminine. Sur l’implication des GPF,
la SWAA a entamé la promotion du “fémidom” à travers la formation
de femmes relais dans les régions du pays.
Dans
son intervention, la directrice de FHI a profité de l’occasion pour
suggérer l’inscription du “fémidom” sur la liste des médicaments
essentiels dans la mesure où il s’affirme comme un élément pouvant
influer sur la protection des femmes face à l’infection à VIH et
sur la régulation des naissances comme moyen contraceptif. Elle
a également plaidé pour un engagement politique très fort en faveur
de la promotion du “préservatif féminin”, comme cela a été fait
pour “réduire les coûts et faciliter l’accès aux médicaments antirétroviraux
(ARV) par les populations des pays en voie de développement touchés
par le VIH/SIDA”.
“Les
organisations de femmes doivent faire du lobbying intense en faveur
du préservatif féminin”, a dit Mme Sy qui a souligné la nécessité
de déterminer des axes concrets en vue d’un marketing social du
“fémidom” à l’image de ce qui a été fait en faveur du condom masculin.
Elle a toutefois relevé la contrainte du prix. En effet, si le préservatif
masculin est disponible à un prix de 25 F.CFA l’unité, la capote
féminine coûte, elle, actuellement 400 F.CFA environ.
“Des
études nous montrent les opportunités qu’il y a sur le terrain et
nous devons les exploiter judicieusement dans le cadre d’un plan
de communication dans laquelle les médiats, les relais, les spécialistes
du marketing social de produits, les organisations de femmes contribueront,
en collaboration avec les prestataires du système de santé impliqués
dans les programmes de santé de la reproduction”, a expliqué Mme
Sy.
AUGMENTATION
DU PLAISIR
Le
Dr Penda Ndiaye a indiqué, pour sa part, que les études d’expérimentation
du condom féminin réalisées dans plus de 70 pays à travers le monde
indiquent que le préservatif est un moyen anticonceptionnel efficace.
Il est aussi un outil qui peut contribuer efficacement à la prévention
des IST/SIDA. D’autres projets pilotes ont été réalisés dans 15
pays et principalement en Afrique du Sud, au Zimbabwé, en Thaïlande,
en Côte d’Ivoire et au Brésil. Ces projets montrent clairement qu’il
peut contribuer à réduire de façon appréciable (de 15 à 20 %) l’incidence
de l’infection à VIH et des autres IST chez les femmes, notamment
dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans, la plus vulnérable face à
l’épidémie d’infection à VIH.
Son
taux d’échec contraceptif sur un an n’est que de 5 % contre 3 %
pour le préservatif masculin et 6 % pour les spermicides et le diaphragme.
Ces chiffres sont confirmés par l’étude la plus vaste lancée en
1990 aux Etats-Unis, en République Dominicaine et au Mexique.
Enfin,
le sociologue Cheikh Niang a révélé les conclusions de son enquête
qui a concerné des femmes mariées, des prostituées, de jeunes filles
et femmes non mariées et des hommes suivis pendant une période de
6 mois en majorité, avec une dotation mensuelle de 10 à 80 condoms
féminins.
Les femmes reconnaissent des avantages du condom féminin, notamment
son adaptation au vagin et sa contribution à l’augmentation du plaisir.
Dans les contraintes, les femmes de l’échantillon soulèvent la maniabilité
difficile au début, la diminution des caresses érotiques et la limitation
des positions sexuelles…
“Nous avons constaté, en tout cas, une très forte demande exprimée”,
a indiqué M. Niang. La crainte d’une réutilisation du “fémidom”
et d’une vulgarisation d’une information déformée est généralement
revenue dans les débats qui risquent de se poursuivre quelques mois
encore avant la vente libre et à un prix accessible par tous du
préservatif féminin. FARA DIAW
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=15284&index__edition=9620
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