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Lutte contre les IST et le sida : La timide percée du préservatif féminin - Le soleil - Sénégal - 28/06/02

Le préservatif féminin auquel on avait donné le nom de “fémidom” dans l’intention de “l’accoupler” au condom masculin, fortement présent sur le marché, pour renforcer la protection des femmes contre les infections sexuellement transmises (IST) et le SIDA, trouve petit à petit, dans le tissu social, de plus en plus de “nids” d’acceptation, notamment au sein des couples, des professionnelles du sexe, des groupes à hauts risques au niveau du Sénégal et dans de nombreux autres pays du monde.

La présentation, hier après-midi, par un panel de femmes, de diverses organisations socioprofessionnelles regroupées par la SWAA et Family Health International (FHI), de différentes études effectuées au Sénégal, en Indonésie, au Mexique et au Costa Rica l’a amplement démontré.

Des données scientifiques et des résultats de recherche présentés par le Dr Penda Ndiaye, consultante de FHI, la “dénudation” dans des enquêtes à Kaolack et Kolda (Sénégal) des mécanismes psychosociaux et physiologiques de la “négociation sexuelle” effectuée par le sociologue Cheikh Ibrahima Niang et l’évaluation de l’implication des groupements de promotion féminine (GPF) soulevée par Mme Fatoumata Sy, directrice de FHI/Sénégal ont montré la timide pénétration, mais prometteuse de la capote féminine. Sur l’implication des GPF, la SWAA a entamé la promotion du “fémidom” à travers la formation de femmes relais dans les régions du pays.

Dans son intervention, la directrice de FHI a profité de l’occasion pour suggérer l’inscription du “fémidom” sur la liste des médicaments essentiels dans la mesure où il s’affirme comme un élément pouvant influer sur la protection des femmes face à l’infection à VIH et sur la régulation des naissances comme moyen contraceptif. Elle a également plaidé pour un engagement politique très fort en faveur de la promotion du “préservatif féminin”, comme cela a été fait pour “réduire les coûts et faciliter l’accès aux médicaments antirétroviraux (ARV) par les populations des pays en voie de développement touchés par le VIH/SIDA”.

“Les organisations de femmes doivent faire du lobbying intense en faveur du préservatif féminin”, a dit Mme Sy qui a souligné la nécessité de déterminer des axes concrets en vue d’un marketing social du “fémidom” à l’image de ce qui a été fait en faveur du condom masculin. Elle a toutefois relevé la contrainte du prix. En effet, si le préservatif masculin est disponible à un prix de 25 F.CFA l’unité, la capote féminine coûte, elle, actuellement 400 F.CFA environ.

“Des études nous montrent les opportunités qu’il y a sur le terrain et nous devons les exploiter judicieusement dans le cadre d’un plan de communication dans laquelle les médiats, les relais, les spécialistes du marketing social de produits, les organisations de femmes contribueront, en collaboration avec les prestataires du système de santé impliqués dans les programmes de santé de la reproduction”, a expliqué Mme Sy.

AUGMENTATION DU PLAISIR

Le Dr Penda Ndiaye a indiqué, pour sa part, que les études d’expérimentation du condom féminin réalisées dans plus de 70 pays à travers le monde indiquent que le préservatif est un moyen anticonceptionnel efficace. Il est aussi un outil qui peut contribuer efficacement à la prévention des IST/SIDA. D’autres projets pilotes ont été réalisés dans 15 pays et principalement en Afrique du Sud, au Zimbabwé, en Thaïlande, en Côte d’Ivoire et au Brésil. Ces projets montrent clairement qu’il peut contribuer à réduire de façon appréciable (de 15 à 20 %) l’incidence de l’infection à VIH et des autres IST chez les femmes, notamment dans la tranche d’âge de 15 à 24 ans, la plus vulnérable face à l’épidémie d’infection à VIH.

Son taux d’échec contraceptif sur un an n’est que de 5 % contre 3 % pour le préservatif masculin et 6 % pour les spermicides et le diaphragme. Ces chiffres sont confirmés par l’étude la plus vaste lancée en 1990 aux Etats-Unis, en République Dominicaine et au Mexique.

Enfin, le sociologue Cheikh Niang a révélé les conclusions de son enquête qui a concerné des femmes mariées, des prostituées, de jeunes filles et femmes non mariées et des hommes suivis pendant une période de 6 mois en majorité, avec une dotation mensuelle de 10 à 80 condoms féminins.

Les femmes reconnaissent des avantages du condom féminin, notamment son adaptation au vagin et sa contribution à l’augmentation du plaisir. Dans les contraintes, les femmes de l’échantillon soulèvent la maniabilité difficile au début, la diminution des caresses érotiques et la limitation des positions sexuelles…

“Nous avons constaté, en tout cas, une très forte demande exprimée”, a indiqué M. Niang. La crainte d’une réutilisation du “fémidom” et d’une vulgarisation d’une information déformée est généralement revenue dans les débats qui risquent de se poursuivre quelques mois encore avant la vente libre et à un prix accessible par tous du préservatif féminin. FARA DIAW

Lire l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=15284&index__edition=9620

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