L'hôpital de district de Bonassama à Douala est depuis quelques
jours le théâtre d'une bagarre autour de ces moustiquaires imprégnées.
"Il y a à peine une semaine, je me suis rendu à l'hôpital de district
de Bonassama avec le ticket de mon épouse enceinte pour retirer
sa moustiquaire imprégnée. Mais, on m'a dit que les moustiquaires
imprégnées étaient finies. Après avoir tempêté en voyant d'autres
sortir avec les leurs, on m'a amené dans une pièce où on m'a demandé
une somme de 6500 francs cfa. Etant dans le besoin, je l'ai achetée",
fulmine de rage Jules, infirmier diplômé d'Etat. Nombre de nécessiteux
comme Jules ne comprennent rien à la situation. "Chaque fois qu'on
remet la gestion de la chose publique à un Camerounais c'est pour
faire souffrir ses compatriotes en n'y voyant que ses intérêts personnels.
Sinon comment comprendre que quelque chose qui nous est destinée
gratuitement nous est finalement vendue?", s'indigne à son tour
Anasthasie Doumbè qui porte une grossesse presqu'à terme.
Le délégué provincial de la Santé pour le Littoral le Dr Jérémie
Sollè, interrogé par Le Messager, n'en croit pas ses yeux. "Ce serait
dommage s'ils vendent effectivement les moustiquaires imprégnées
relevant des fonds Ppte", soutient-il. Il tient cependant à apporter
une nuance: "Il faut que les gens comprennent qu'il y a deux programmes
différents. L'hôpital de district de Bonassama est un centre d'imprégnation
qui s'est lancé dans la vente des moustiquaires imprégnées avant
l'opération Ppte qui concerne exclusivement les femmes enceintes
qui y viennent en consultation". Selon les dispositions de la gestion
des fonds Ppte, les moustiquaires imprégnées sont distribuées gratuitement
aux femmes enceintes.
Histoire de couleur
Dans le Littoral, trois centres de distribution ont été retenus:
Bonassama, Nylon et Ngambè. A l'hôpital de district de Bonassama,
en l'absence du médecin chef Dr Ekambi Ndema en mission à l'étranger
dit-on, on reconnaît qu'il y a deux catégories de moustiquaires
imprégnées. "Dans le cadre du programme de lutte contre le paludisme,
le service de santé de Bonassama a mis au point la vente des moustiquaires
imprégnées de couleur bleue à raison de 6500 francs l'unité. Cette
opération étendue dans tout le district date d'au moins un an",
affirme un infirmier. "Il faut relever que l'initiative Ppte dont
les moustiquaires sont de couleur blanche n'a commencé que depuis
un mois presque et consiste à donner les moustiquaires imprégnées
aux parturientes (femmes enceinte ndlr) consultées dans les centres
de santé agrées du district de santé de Bonassama".
Ces éclairages ne semblent pas convaincre les populations qui
y voient une activité illégale contraire à l'idéal de la lutte contre
la pauvreté que vise l'initiative Ppte. Pour les personnels de l'hôpital
de district de Bonassama rencontrés par Le Messager, "il se trouve
que de temps en temps il y a rupture de stock. Puisque c'est quelque
chose de gratuit, les populations n'acceptent jamais que les stocks
peuvent s'épuiser. Or au lancement de l'opération il n'y avait qu'environ
1000 moustiquaires imprégnées prêtes. Très insuffisantes pour le
nombre de femmes enceintes de la zone de couverture". L'assurance
est faite que tout le monde sera servi à la limite des stocks disponibles.
"Les femmes qui détiennent des reçus sont satisfaites au fur et
à mesure que les commandes arrivent", insiste un infirmier qui souligne
que les moustiquaires arrivent à l'hôpital de district de Bonassama
sans être imprégnées. Elles sont imprégnées sur place par des gens
recrutés et formées dans le tas, et payées à raison de 150 francs
cfa une moustiquaire traitée. Autant de lenteurs qui font peser
des doutes et les suspicions dans les esprits.
Noé Ndjebet Massoussi
Lire l'article original : http://www.wagne.net/messager/messager/2003/05/1515/gestion.htm
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