Le projet d'appui à la planification familiale et lutte contre
les MST/sida vient de publier son " étude des connaissances, attitudes
et pratiques des populations de la région de Kolda sur l'excision.
Résumé
"Parmi les pratiques traditionnelles profondément ancrées, qui
ont de graves répercussions sur la santé des jeunes filles et des
femmes figurent les mutilations sexuelles féminines. Celles-ci désignent
toutes les interventions aboutissant à une ablation partielle ou
totale des organes génitaux externes de la fille ou toute autre
mutilation des organes génitaux féminins qui est pratiquée pour
des raisons culturelles ou autres et non à des fins thérapeutiques".
C'est sur cette phrase que commence le rapport de l'étude. Il existe
quatre types de mutilations sexuelles féminines. Le premier type
correspond au cas où une partie ou la totalité du clitoris est amputée.
Lorsque le clitoris et une partie ou la totalité des petites lèvres
sont amputées, on parle de second type. En ce qui concerne le troisième
type, il s'agit d'une amputation du clitoris ainsi que d'une partie
ou de la totalité des petites lèvres. À cela s'ajoute la pratique
d'incisions dans les grandes lèvres pour créer des surfaces brutes.
Ces surfaces brutes sont ensuite cousues ensemble et/ou rapprochées
en attachant les jambes jusqu'à ce qu'elles guérissent, formant
ainsi un capuchon de peau qui recouvre l'urètre et la majeure partie
du vagin. Enfin le quatrième type désigne tout autre procédure non
classifiée entraînant une mutilation sexuelle féminine.
La première question qui vient à l'esprit des gens qui ne pratiquent
pas l'excision est pourquoi.
Pourquoi faire risquer sa vie à sa fille de telle sorte ?
Il semblerait que la justification et la motivation de la pratique
soient étroitement liées à la définition de la féminité et à la
valorisation de la sexualité féminine dans la société. " Dans beaucoup
d'ethnies, l'excision permet aux femmes concernées l'identification
au niveau de leur société et, accompagnée des rites initiatiques,
elle représente souvent le passage de l'enfance à la vie des adultes
" stipule le rapport.
115 millions d'Africaines concernées
La pratique de l'excision est une tradition répandue dans plusieurs
pays du continent africain. L'étude estime qu'environ 115 millions
d'Africaines ont subi cette pratique. Les pays concernés sont entre
autres le Soudan, l'Erythrée et la Somalie où se pratiquent les
formes les plus sévères. Le Mali et le Nigeria sont aussi très touchés.
Dans beaucoup d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest, comme le Sénégal,
on pratique surtout des formes d'excision de premier et second type.
Au niveau du Sénégal, autour de 20 % de la population féminine
est excisée. Mais de grandes disparités sont constatées en fonction
des différentes ethnies. Les Wolofs et les Sérères ne connaissent
quasiment pas ce genre de pratique. Par contre, l'excision est très
répandue parmi les ethnies de la Casamance, notamment les Peuls,
les Mandingues, les Malinkés et une partie des Diolas. Dans cette
région, le pourcentage de femmes excisées en fonction de la population
féminine varie entre 50 et 100 %. Enfin, les mutilations génitales
féminines se pratiquent également le long du fleuve Sénégal, tout
à fait au Nord et à l'Est du Pays.
La situation à Kolda
Kolda figure parmi les régions les plus touchées par l'excision
au niveau du Sénégal. " Selon une enquête menée en 1995 dans la
commune de Kolda 85,7% des femmes qui ont eu leur premier accouchement
étaient excisées " mentionne le rapport.
"La population de Kolda est essentiellement rurale (à 88%). Elle
vit en grande partie de la culture et de l'élevage, avec un faible
taux de scolarisation (54,7%) et est ancrée dans une vie traditionnelle
avec peu d'accès aux canaux de communication de masse et aux informations
actuelles " stipule le rapport. La région connaît une persistance
de pratiques et de comportements socio-cultuels néfastes à la santé
de la femme et dont l'excision figure au premier plan, avec d'autres
pratiques telles que le mariage précoce.
Au niveau du Sénégal, la lutte contre l'excision a été amorcée
depuis les années 70 par le ministère de la Santé, celui de la Femme
et de l'action sociale et par les organisations féminines. Le 20
novembre 1997, Abdou Diouf prend ouvertement position contre la
pratique de l'excision, à l'occasion du Congrès mondial des droits
de l'homme à Dakar. Le soutien du gouvernement aux initiatives de
lutte contre l'excision s'est traduit par le vote d'une loi interdisant
cette pratique le 13 janvier 1999. Et le ministère de la Famille
et de la Petite enfance a finalisé avec des partenaires un plan
d'action national pour éliminer l'excision au Sénégal dans les cinq
ans à venir.
Véronique Jampy (stagiaire) et M.BADJI
Lire l'article original : http://www.wagne.net/messager/messager/2003/05/1515/gestion.htm
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