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L'actualité de la santé en Afrique

Fibrome : Grossesses imaginaires. La maladie attaque plus les femmes noires que les blanches - Mutations - Cameroun - 23/06/2004

Au Cameroun, après 35 ans, plus d'une femme sur trois a un fibrome utérin, une tumeur bénigne de l'utérus. Mal traitée, cette affection peut parfois devenir problématique et occasionner des douleurs pelviennes, des règles abondantes et, parfois, la patiente peut observer des modifications du volume de son abdomen. Anicette en sait quelque chose...

La bedaine aussi énorme que celle d'une femme enceinte à terme, les mains autour des hanches, la mine défaite, la quinquagénaire traîne péniblement le pas. Une forte douleur lui tenaille les entrailles. Comme si ça ne suffisait pas, elle doit aussi supporter les regards inquisiteurs des passants qui se demandent certainement comment a-t-elle encore osé être enceinte à son âge. Pourtant, il s'agit tout simplement d'une des multiples manifestations du fibrome qu'elle porte depuis 3 ans, après que la maladie ait surgi sans crier gare. "C'est au cours d'un examen gynécologique de routine que j'ai appris que j'avais un fibrome. J'ai négligé car je n'avais pas mal. Mais aujourd'hui c'est invivable", explique la malade.

Suzanne-Marie-Elom, du Centre de Santé Lacroix à Yaoundé lève un pan de voile sur cette affection mal connue. "La majorité des fibromes ne donne jamais de symptôme. Toutefois, outre les signes de découverte mentionnés comme la pesanteur pelvienne, la ménorragie ou l'anémie, certaines complications propres au fibrome existent. Ça peut être une nécrose localisée du tissu fibromateux, due à sa mauvaise vascularisation qui se traduit par une douleur aiguë, une fièvre, une altération de l'état général. Très rarement, le fibrome peut entraîner des compressions des organes de voisinage. Sinon c'est une affection banale qui ne se cancérise jamais. En revanche, elle peut augmenter de volume plus ou moins rapidement et atteindre même cinq kilogrammes", explique la sage-femme qui suit Anicette depuis quelques mois.

Hérédité

Bien que les causes exactes des fibromes ne soient pas connues, différentes hypothèses ont été avancées. Outre les facteurs familiaux et génétiques, d'autres éléments favorisants ont été identifiés. On retrouve, en effet, un ou plusieurs fibromes chez 50 % des femmes noires de plus de 30 ans contre 20 à 30 % chez les femmes blanches. D'autres facteurs de risque leur sont associés comme l'obésité, le fait d'avoir eu ses premières règles avant l'âge de 12 ans, de n'avoir jamais eu d'enfant, ainsi que l'infertilité. Les fibromes sont très souvent découverts au cours d'un examen gynécologique classique. Si le toucher vaginal permet de les détecter, une échographie pelvienne devra compléter cet examen afin de mieux apprécier les dimensions et la forme de la tumeur et le traitement du fibrome se fait sans problème. Mais encore faudrait-il qu'il soit découvert à temps. "Nous déplorons le fait que les femmes consultent très peu. Ça fait qu'on ne découvre la tumeur que très tard, quand le mal est bien avancé", dit la dame.

Pour traiter le mal, différentes options thérapeutiques sont disponibles. Alors que les médecins ont longtemps été contraints de pratiquer une ablation du fibrome ou de l'utérus, il existe aujourd'hui d'autres techniques moins traumatisantes. Rappelons tout d abord que seuls les fibromes qui provoquent des symptômes gênants devront être traités. En premier lieu, un traitement médicamenteux peut être utilisé. Celui-ci repose principalement sur la suppression de la production d'estrogènes et aussi l'atrophie du fibrome. On utilise généralement des dérivés de la progestérone ou des antigonadotropes. "Pour y parvenir, le traitement hormonal est souvent une simple pilule contraceptive savamment dosée, mais peut également être délivré par vaporisation nasale quotidienne, par implant sous-cutané ou par injection sous-cutanée mensuelle bloquant les cycles. Des anti-inflammatoires et des hémostatiques (pour limiter les saignements) peuvent également compléter la prise en charge" , précise le Dr Jean-Pierre Pelage.

Mais selon ce spécialiste, l'utilité de ce type de traitements est le plus souvent transitoire et comprend de nombreux effets secondaires similaires à ceux de la ménopause : maux de tête, bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, décalcification osseuse ou fatigue. Enfin, ce traitement onéreux n'empêche pas le fibrome de se reconstituer quelques mois après l'arrêt du traitement. Il continue cependant à être utilisé en préparation à l'opération pour diminuer le volume de la tumeur afin de faciliter son ablation chirurgicale.

Cathy Yogo

Lire l'article original : http://www.quotidienmutations.net/cgi-bin/alpha/j/25/2.cgi?category=10&id=1087935790


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