L'actualité

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L'actualité de la santé en Afrique

Ouvrons l'œil face à la déferlante des charlatans - Walfadjri - Sénégal - 08/07/2004

Le Sénégal est-il en train d'assister sans en prendre conscience, à une nouvelle révolution scientifique qui se déroule sur son territoire ? A en croire les multiples communiqués dans nos principales Radio Fm qui annoncent quotidiennement des listes kilométriques de maladies tenaces, miraculeusement soignées par des guérisseurs forts inspirés, l'on est tenté de répondre par l'affirmative. Beaucoup de maladies jusqu'ici traitées efficacement par la médecine moderne dite scientifique, mais nécessitant des appareils sophistiqués et un coût élevé, sont aujourd'hui vaincues selon nos annonceurs, en un temps record, sans besoin d'anesthésie ni de salle d'opération stérilisée.

C'est le cas de la cataracte, maladie de la vision chez les personnes en âge avancé, des kystes et des fibromes, maladies fréquentes chez les femmes, se développant au niveau de l'appareil génital. Mais la chasse gardée de ces "professeurs" en médecine traditionnelle qui occupent les pages publicitaires de nos radios, reste un domaine où la médecine moderne bute ou traîne encore les pieds avec des traitements coûteux et souvent à vie. C'est le cas du diabète, du rhumatisme, de l'asthme, des hémorroïdes, de l'impuissance sexuelle, du cancer et même du sida.
Certains n'hésitent pas à rajouter sur la liste, la chance et le charisme (à ce que je sache, la malchance et le manque de charisme ne sont pas des maladies).

Le marché est si florissant que des étrangers viennent grossir les rangs. Le penchant que nos concitoyens ont sur les produits "Made in Extérieur" n'est plus à démontrer. Ce critère renforce le caractère canularesque du marketing mené tambours battants par certains de nos guérisseurs. Ceux qui pensaient qu'il fallait sortir des grandes écoles HEC pour faire un bon commercial, doivent revoir leurs copies.

L'Etat sénégalais est-il en train de faire rater à la communauté scientifique et au monde entier l'occasion rêvée de bouter hors de la planète, toutes ces maladies de malheur qui empêchent à l'homme de vivre heureux sur terre ? Ou bien, est-il en train d'assister naïvement à un crime contre son peuple, perpétré par des charlatans sans scrupules avec la complicité des radios à travers une publicité mensongère ?
J'interpelle les ministres de la Santé et de la Prévention pour qu'ils réagissent sans attendre face à ce nouveau phénomène. Si l'Afrique pouvait supprimer ou éliminer considérablement le coût insupportable de la prise en charge médicale qui constitue le premier facteur de sa pauvreté, elle s'approcherait du cercle des pays riches. Par conséquent, les succès réels enregistrés par notre médecine traditionnelle doivent être reconnus et mis à la disposition de la communauté internationale.
De même, les charlatans qui ont pris en otage un peuple innocent et mal informé, doivent être démasqués et mis hors d'état de nuire.

Personnellement, j'ai vécu ou assisté à des expériences dont les unes méritent une attention particulière du fait des résultats positifs obtenus, et les autres une punition exemplaire aux fautifs. J'ai eu à souffrir pendant trois ans d'un mal aigu localisé au niveau des poumons et aucun médecin n'était parvenu à atténuer la douleur. Je dus mon salut à un tradipraticien qui me traita en trois jours à raison de trois verres par jour d'un mélange d'eau et de racines. Comme il l'avait prévu, au troisième jour, je ne sentais plus la douleur. Cela remonte à plus de quinze ans et aujourd'hui, je touche du bois.

Une tante par alliance fut atteinte d'un rhumatisme articulaire qui la faisait souffrir atrocement, l'obligeant à marcher difficilement, même avec un bâton. Les cabinets médicaux que nous avions sillonnés n'avaient pas obtenu de résultats satisfaisants. Un guérisseur peulh de passage dans le quartier, lui prescrit une potion à base de racines pendant quatre jours. Durant le traitement, lui dit-il, tu feras un rêve. Le quatrième jour, elle se voyait en rêve poursuivie par la mer. Elle trouva refuge sur le sommet d'un arbre. L'eau de mer furieuse prit d'assaut le tronc de l'arbre et s'arrêta juste au feuillage puis commença à descendre tranquillement pour rejoindre sa rive. Au réveil, elle constata avec stupéfaction que le lit était imbibé d'eau et découvrit que sa peau avait cédé la place à une large plaie au niveau des membres inférieurs. Moins d'une semaine, après, il n'y avait plus de douleur rhumatismale, ni de plaie. Ma tante avait déjà rangé son bâton-béquille et se déplaçait aisément pendant six mois. Après cette période la maladie revint au galop mais nous avions perdu toute trace du guérisseur peulh. Elle traîna cette maladie et mourut quelques années plus tard.

J'ai été témoin du cas d'un homme atteint d'une maladie des yeux. On lui recommanda un guérisseur qui n'hésita pas à lui instiller dans l'œil quelques gouttes d'un mélange de citron et de cauris. La douleur fut telle qu'il perdit connaissance et se retrouva à l'hôpital où les médecins furent obligés de lui faire une ablation de l'œil pour lui sauver la vie puisse qu'il n'y avait plus de chance pour la vue.

Aujourd'hui, nombreux sont les guérisseurs estampillés spécialistes de la stérilité féminine. Si certains se glorifient et brandissent des résultats probants, des personnes averties appellent à la prudence : certains cerveaux brûlés, prêts à marcher sur le ventre de leurs patientes, infiltrent le milieu et poussent leur cynisme jusqu'à être le géniteur de la grossesse tant désirée. En fait de remède, c'est plutôt une drogue savamment préparée et la pauvre patiente ne se doutera guère que monsieur vient d'abuser d'elle. Au préalable, un interrogatoire préliminaire sur l'état de règles permettant de déterminer la période probable d'ovulation, et un soupçon d'une stérilité du mari (souvent ignorée chez nous) suffisent pour procurer le remède de cheval.

Des milliers de Sénégalais peuvent raconter autant, sinon plus d'histoires de ce genre. Il appartient à l'Etat et au ministre de la Santé de faire la lumière sur cette affaire. Une solution simple consisterait à mener une enquête en demandant à tous ceux et à toutes celles qui ont eu une expérience positive ou négative avec de telles personnes de bien vouloir porter l'information aux autorités. La collecte de ces données aurait le mérite de démasquer les charlatans et d'identifier les tradipraticiens émérites qui pourraient bénéficier d'un encadrement conséquent. Les centres de médecine traditionnelle de Keur Massar et de Fatick qui ont initié une forme d'organisation de ce secteur doivent être mieux suivis et soutenus. En attendant de telles mesures, je lance un appel aux directeurs des radios concernées à ouvrir une réflexion qui aboutirait à une approche plus professionnelle du traitement de ce type de publicité. Nul n'ignore que les auditeurs avalent facilement sans grande précaution, tout ce qui sort des belles voix de leurs animateurs préférés.

Cheikh Bamba DIOUM

Lire l'article original : http://www.walf.sn/contributions/suite.php?rub=8&id_art=11146


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