Gestion
des déchets bio-médicaux: Esquisses de solutions en Afrique de l’Ouest
- Le soleil - Sénégal - 19 novembre 2001
La
gestion des déchets biomédicaux est préoccupante dans les villes
de l’Afrique de l’Ouest. Ces déchets posent un réel problème de
santé publique. Leurs incidences environnementales et sanitaires
sont certaines. Leur gestion est souvent laissée à la seule charge
des établissements de santé qui les produisent. Toutefois, les hôpitaux
et autres formations sanitaires ne sont pas dans les dispositions
financières et matérielles pour mener à bien le traitement des déchets
biomédicaux. Une des solutions est le partenariat entre les hôpitaux
et les maires des villes pour “une gestion écologique durable et
concertée de ces déchets”.
L’Institut
Africain de Gestion Urbaine (IAGU) a conduit, entre 1997 et 1999,
un programme de consultation sous-régionale sur la gestion des déchets
biomédicaux.
Ce programme s’étendait sur quatre villes : Dakar, Bamako, Cotonou
et Ouagadougou. Il était financé par le Bureau pour l’Afrique du
programme de gestion urbaine et le Centre des Nations Unies pour
les Etablissements Humains (CNUEH).
Les déchets biomédicaux n’ont pas été pris en compte dans les stratégies
générales de gestion des déchets en général. Selon, El Housseynou
Ly, le secrétaire exécutif par intérim de l’IAGU, cela procédait
d’une “problématique neuve faisant l’objet de plusieurs appréhensions
du point de vue de la recherche institutionnelle et de l’expérimentation
sociale des résultats.
L’IAGU s’était donc donné comme objectif de faire un diagnostic
de la situation des déchets biomédicaux pour dégager leur profil
environnemental, de conduire un processus de consultation locale,
de mettre sur place des comités intersectoriels.
Ces comités sectoriels ont en charge le suivi et la mise en œuvre
des plans d’action, l’identification des guichets de financement
comme le PNUD, la Banque mondiale et l’OMS.
“Il s’agissait de mettre l’accent sur le positionnement de la problématique,
la sociologie des acteurs et sur les formes de représentation des
déchets biomédicaux. Dans le cadre de la conduite du processus de
la consultation locale, nous avons invité tous les acteurs à valider
le profil environnemental”, explique El Housseynou Ly, environnementaliste
chargé des programmes à l’IAGU.
En
matière de réalisations, l’institut africain de gestion urbaine
a financé de petits projets démonstratifs. “A Bamako (Mali), nous
avons financé la production d’incinérateurs traditionnels. A Cotonou
(Bénin), le projet que nous avons financé s’emploie dans la récupération
des seringues au niveau des décharges de la ville”, déclare M. LY.
GESTION
ECOLOGIQUE DURABLE
Dakar
n’a pas bénéficié de ces projets démonstratifs de l’IAGU. Et pour
cause, l’institut, selon El Housseynou Ly, “a buté sur des problèmes
de communication institutionnelle entre différents acteurs”, lorsqu’il
“a voulu favoriser une contractualisation entre l’hôpital Aristide
Le Dantec, des services de santé et une société privée pour le ramassage
et l’incinération des déchets”. “L’hôpital Aristide Le Dantec dispose
d’un incinérateur, mais ne le fait pas fonctionner. Néanmoins, “nous
avons amené à l’aménagement d’un casier particulier à Mbeubeuss
pour les déchets biomédicaux”, souligne le secrétaire exécutif de
l’IAGU. Pour capitaliser tout cet exercice de planification qui
a commencé en 1997, il a été organisé à Dakar, en décembre 1999,
une consultation régionale avec des maires africains.
Cette rencontre de Dakar a permis aux maires présents et aux chercheurs
de partager les résultats des recherches. “Ces assises ont aussi
permis de visionner un film documentaire sur la problématique des
déchets biomédicaux en Afrique subsaharienne. Elles ont été aussi
l’occasion de revisiter les plans d’actions sur la base de permanence
et des ruptures. A l’issue des assises, une déclaration dite de
Dakar a été adoptée. Les maires s’engagent à promouvoir une gestion
écologique durable des déchets biomédicaux”, rappelle El Housseynou
Ly.
L’Institut
africain de gestion urbaine a également publié un ouvrage de plaidoyer
intitulé “Déchets biomédicaux en Afrique de l’Ouest. Problèmes de
gestion et esquisse de solutions”.
En 2000, l’IAGU a été chargé par l’Organisation mondiale de la santé
d’élaborer, à partir de son expérience, un plan d’action sur la
gestion des déchets biomédicaux pour la Côte d’Ivoire.
“Toute cette audience sous-régionale a valu à l’IAGU d’être coopté,
depuis 1999, par la Convention de Bâle (PNUE) et le gouvernement
du Sénégal comme institution d’ancrage abritant le Centre international
de formation et de transfert de technologies sur les déchets dangereux.
Ce centre polarise 22 pays d’Afrique”, conclut El Housseynou Ly.
BABACAR DIOP
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l'article original : www.lesoleil.sn/archives/article.CFM?articles__id=8967&index__edition=9443
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