4
novembre 2001 - Internet Gabon- Gabon
« Il faut se faire contrôler la tension régulièrement
et veiller à son hygiène de vie »
C'est
officiellement ce matin que s'ouvre à l'hôtel Intercontinental Okoumé
Palace de Libreville, la "Conférence régionale des experts intergouvernementaux
sur la problématique de l'hypertension artérielle en Afrique sub-saharienne".
À quelques heures seulement de la tenue de cette grande rencontre
de médecins, nous vous proposons cette interview qu'a bien voulu
dernièrement nous accorder le Dr Antchouey Ambourhouet, cardiologue
au Centre hospitalier de Libreville (CHL).
Dans les lignes qui suivent, notre oratrice répond à un nombre de
préoccupations soulevées par les populations au sujet de cette maladie
et leur recommande, entre autres, d'observer une certaine conduite
afin de prévenir l'hypertension artérielle.
-
L'UNION: Docteur, comment se sait-on hypertendu ?
-
Dr Antchouey Ambourhouet-B : L'HTA (hypertension artérielle)
se manifeste par divers symptômes qui, lorsqu'ils persistent ou
récidivent, doivent amener le patient à consulter un médecin. Ces
symptômes sont, par ordre de fréquence, les céphalées (maux de tête),
les troubles visuels, les vertiges, les palpitations, les bourdonnements
d'oreille, les douleurs dans la poitrine.
L'HTA ne provoque aucun malaise, le patient ne découvre sa maladie
que lors de la survenue de complications dramatiques. C'est pourquoi
il faut que les populations prennent l'habitude de se faire contrôler
la tension régulièrement. Cela peut se faire lors du bilan de santé
systématique, en milieu professionnel (médecine du travail), ou
à l'école, pourquoi pas...
- ... Est-ce à dire que même les enfants peuvent
aussi être atteints par cette maladie ?
- DAA : Tout à fait. L'HTA n'épargne
personne. Elle touche toutes les tranches d'âge, les hommes comme
les femmes issus de toutes les catégories socioprofessionnelles.
D'après les statistiques internationales, sa prévalence se situe
entre 15 et 25 % dans la population générale.
Au Gabon, une enquête épidémiologique va démarrer l'année prochaine
pour déterminer la prévalence exacte de la maladie dans notre pays.
L'HTA est réellement un problème de santé publique.
- Existe-t-il un profil type de l'hypertendu
gabonais ?
-
DAA : Effectivement, cela a été un
de nos axes de recherche. Nous avons dressé un profil-type du Gabonais
hypertendu à partir d'une série hospitalière. C'est un homme âgé
entre 45 et 55 ans ou une femme âgée entre 55 et 65 ans, cadre,
chômeur ou retraité qui consomme régulièrement de l'alcool, des
viandes hyperuricémiantes (viande de brousse, charcuterie, abats),
des matières grasses génératrices de cholestérol (beurre, margarine,
huile de palme) et qui est obèse ou a une surcharge pondérale.
C'est une esquisse de profil bien entendu, l'étude étant beaucoup
plus complète. Si des individus se reconnaissent dans ce profil,
qu'ils consultent rapidement pour faire vérifier leur tension. Mais
encore une fois, l'HTA n'épargne personne et son dépistage doit
être systématique.
- Quelles sont les principales complications
de 1'HTA ?
- DAA : Les complications de l'HTA
sont multiples car non seulement celle-ci est une maladie à part
entière, mais en plus elle constitue un facteur de risque cardiaque
et vasculaire. Les complications de l'HTA ne vont donc pas se limiter
au cœur.
Une HTA mal traitée débouchera fatalement sur une crise cardiaque,
un accident vasculaire cérébral (la personne se retrouve subitement
paralysée ou ne peut plus parler) ou une insuffisance rénale (les
reins n'étant plus capables de filtrer et nettoyer le sang, il faut
le faire avec une machine sinon la personne s'empoisonne avec les
déchets produits par son organisme).
Heureusement que tous les hypertendus ne finissent pas avec ces
complications. Un hypertendu bien suivi et qui prend régulièrement
ses médicaments a les mêmes chances de vie et de survie qu'un normotendu.
- Existe-t-il un traitement pour soigner l'HTA
?
-
DAA : Bien sûr. L'HTA est l'une des
pathologies qui a le plus bénéficié de la recherche au niveau des
firmes pharmaceutiques.
Lorsqu'une HTA est confirmée, il faut que les malades prennent le
traitement prescrit par le médecin et non le même traitement que
le frère qui souffre aussi d'HTA et qui se porte bien. Il faut que
les malades acceptent de prendre leur traitement régulièrement et
de manière continue, c'est-à-dire à vie le plus souvent.
- Qu'est-ce à dire, docteur ?
-
DAA : Lorsque la cause de l'HTA est
chirurgicalement curable, l'intervention chirurgicale règle le problème
définitivement. Mais c'est le cas de moins de 5 % des HTA. Toutes
les autres HTA ont des origines plurifactorielles qui malheureusement,
n'ont pas de traitement définitif.
Il faut alors se traiter à vie. Car plus qu'une maladie, l'HTA est
un déséquilibre que l'on corrige.
- N'y a-t-il pas d'autres traitements en dehors
des médicaments ?
- DAA : Il n'y a pas plusieurs façons
de traiter 1’HTA mais plutôt plusieurs étapes dans le traitement.
La première étape est constituée par les mesures hygiéno-diététiques,
puis viennent les médicaments.
Les mesures hygiéno-diététiques comprennent les mesures diététiques
que sont la réduction de la consommation d'alcool, l'arrêt définitif
du tabac, entre autres. L'hygiène de vie passe par une bonne qualité
de sommeil, une bonne gestion du stress de la vie quotidienne et
la pratique du sport.
Ces recommandations ne sont pas exhaustives et s'adaptent en fonction
du malade. Si ces mesures ne suffisent pas, il faut passer aux médicaments.
Mais dans tous les cas, la prise de médicaments par le patient doit
aller de pair avec l’application des mesures hygieno-diététiques.
- Comment faire pour éviter d'attraper l'HTA
? En d'autres termes, comment prévenir cette pathologie ?
- DAA : Certaines HTA sont transmises
de manière héréditaire. Sur ce type d'HTA, la science ne peut qu'offrir
un traitement curatif adéquat, la prévention des HTA héréditaires
étant du domaine de la recherche pour le moment.
Mais la plupart des HTA peuvent être retardées ou évitées avec une
bonne hygiène dès le plus jeune âge.
- Un dernier message à l'endroit des lecteurs...
-
DAA : L'HTA est une maladie que les
médecins maîtrisent parfaitement. Ils savent la diagnostiquer et
la soigner.
L'HTA est une maladie grave, c'est "un tueur silencieux". La gravité
de la maladie est souvent le résultat de l'ignorance des patients:
Ignorance de la maladie (il faut se faire contrôler la tension régulièrement
et veiller à son hygiène de vie), ignorance de ses complications.
Faites-vous prendre la tension, parlez-en autour de vous. Votre
santé, c'est vous qui la gérez.
Source : Journal l'Union du 03 & 04/11/2001
Lire
l'article original : www.internetafrica.com/gabon/actu/actu_03-04112001d.htm
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