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2 novembre 2001 - Groupe Alternative -Niger
Interview de Mme Hima Fati, présidente de l’Association de lutte contre la drépanocytose au Niger (ALDN) “Les centres qui accueillent les drépanocytaires sont constamment dépourvus de soins d’urgence… ”
Par Malé Mariama

Parlez-nous un peu du parcours de votre association…

Notre association, est une association qui lutte contre la drépanocytose au Niger. Elle existe depuis 1992 et a pour objectif de réduire la prise en charge des drépanocytaires, l’insertion des jeunes drépanocytaires dans la vie sociale et de stimuler la recherche sur la maladie.
L’association fait partie depuis 1996 de la fédération des associations de lutte contre la drépanocytose en Afrique (FALDA) qui regroupe 11 pays d’Afrique avec son siège à Cotonou.
Elle fait partie aussi du Réseau des Associations et ONG oeuvrant dans le secteur de la santé (ROASN).
Enfin, notre association est aussi affiliée au Réseau Francophone de Lutte contre la Drépanocytose (RCFD) qui a son siège à Paris. Ce réseau vient d’ailleurs de décréter l’année 2002, année des Drépano nigériens.

Qu’est-ce que la drépanocytose ?

La drépanocytose est une maladie due à une malformation des globules rouges qui prennent la forme d’un fossile ou d’une banane, alors que chez les sujets sains, la forme est ronde. Ces globules rouges transportent normalement l’oxygène de l’air aux organes par l’intermédiaire de l’hémoglobine. Chez les drépano, le taux de globule rouge est diminué, ce qui fait que l’oxygénation est insuffisante, surtout chez les sujets SS qui ont hérité la maladie d’un seul parent.

Quelles sont les activités que vous menez dans le cadre de la lutte contre cette maladie ?

Nos activités sont surtout des activités de sensibilisation et d’éducation du public pour faire connaître la maladie.
Par exemple chez un drépano qui est en crise, quand le nombre de globules rouges diminue dans le sang, les yeux jaunisse, et la couleur des urines change, elle devient plus foncée, donc les parents pensent surtout à une jaunisse traditionnelle et le malade est gavé de décoction traditionnelle, ce qui peut lui être fatal.
Nous faisons aussi des dons de médicaments ou d’aliments nutritifs (lait) aux services accueillant les drépanocytaires.
Le 10 mai de chaque année, c’est la Journée africaine des drépano décrétée par le FACDA. A cette occasion, chaque association membre de cette fédération, y compris l’ALDN, organise plusieurs activités pendant une semaine.
Mais pour l’année 2002, nous avons un programme d’activités spécial. En effet, le réseau francophone de lutte contre la drépano vient de décréter l’année 2002, année des drépano nigériens. A cette occasion, plusieurs activités de sensibilisation et d’information seront organisées à Niamey comme à Paris.
Le lancement de ces activités aura lieu en février 2002 à Paris sous la présidence de son excellence Hama Amadou, Premier ministre nigérien, et sous le haut patronage de la Première Dame, Mme Tandja Fati.
Un congrès de plus de 400 scientifiques d’Afrique, d’Europe et d’Amérique se tiendra à Niamey en novembre 2002 pour réfléchir sur la drépano et le paludisme.
Nous avons pu obtenir un terrain de 4800 m² pour abriter le site du centre national de lutte contre la drépano, et nous espérons que ce centre sera fini avant la fin de notre programme 2002. Nous avons pu avoir un contrat avec l’hôpital national de Niamey, à l’issue duquel tout membre détenteur de la carte d’adhésion de l’ANDL puisse bénéficier d’une réduction de 80%, sur les frais d’examens médicaux et des interventions chirurgicales, moyennant une certaine somme versée annuellement par l’association à l’hôpital.

Quels sont les obstacles que rencontre votre association ?

Les obstacles que rencontre l’association est le manque de moyens pour l’exercice de nos activités.
Un problème majeur, est que l’hôpital national de Niamey et les centres de soins qui accueillent les drépano sont constamment dépourvus de médicaments administrés aux soins d’urgence. Les drépano en état de crise qui arrivent en catastrophe dans ces centres ne trouvent pas toujours ces soins d’urgence. Nos malades sont souvent transfusés à cause des anémies fréquentes et la banque de sang ne dispose pas assez de sang pour servir tous les malades.
Les drépanocytaires sont de grands “ consommateurs ” de sang. Il peut y arriver que cette banque de sang manque de produit pour tester le sang. Ce qui fait que ces malades sont exposés soit à des risques de mort par manque de sang, soit à des risques de contamination faute de produits pour tester le sang.

Quelle est, selon vous, la situation de l’enfant nigérien ?

Il faut dire qu’au Niger, les droits des enfants ne sont pas entièrement respectés, car au niveau politique, les priorités paraissent être le secteur de la santé et l’éducation.
Mais dans la réalité, ce sont les secteurs qui sont les plus mal équipés et où ce sont les enfants qui souffrent le plus.
A cela s’ajoute la malnutrition, à cause de la pauvreté des parents.
C’est pour dire que la situation de l’enfant nigérien est toujours catastrophique.

Lire l'article original : www.alternative.ne/hebdo/2001/264/s_drepa.htm

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